Née
en 1923, Suzanne a découvert le communisme à travers la
lecture du journal de Jean Jaurès et du PCF né à
Tours, l’Humanité, pour sa grand-mère
illettrée, mais qui tournait toujours en dérision les
moqueries de ses « garçons sur son français
en disant parler le patois distingué ». Victoire Bocquet
a raconté à sa petite fille Suzanne les hauts faits
d’arme du prolétariat lors de la première
révolution prolétarienne de l’histoire du
capitalisme, lui a fait connaître les figures comme Louise
Michel, etc.
A
13 ans en 1936, Suzanne fait du porte à porte pour diffuser
les appels à la solidarité avec l’Espagne
Républicaine et les brigades internationales en résistance
armée contre le fascisme franquiste et ses alliés
Hitler et Mussolini.
Martha
Desrumaux, la figure féministe emblématique du combat
syndical et communiste, devint sa « maman adoptive ».
Elle épousera Luigi Di Maïo, communiste italien réfugié
en France pour échapper à la persécution des
fascistes.
Sous
la France occupée par les Nazis et la collaboration
pétainiste, ses camarades de combat sont assassinés:
René Denys (enterré au cimetière de Lille Sud),
Eusebio Ferrari, Roger Miélé enterrés au
cimetière de Lille sud. Elle ne les oubliera jamais et en
parlait tout le temps et cela jusqu’à la fin. Martha
Desrumeaux est déportée à Ravensbrück,
Suzanne et son mari se cachent à Roubaix jusqu’à
la fin de la victoire antifasciste de l’URSS et des peuples en
1945.
Après
guerre, Suzanne va se retrouver pour la première fois sur le
banc des accusés pour avoir « hébergé
un étranger clandestin », en fait son mari, et le
juge va les libérer. Commence alors pour Suzanne et Luigi un
long engagement auprès des immigré(e)s importés
en masse jusque dans les années 70 des colonies françaises
d’Afrique (Maghreb, Afrique sub-saharienne). Suzanne est en
particulier « écrivain public », elle
rédige les correspondances des immigrés avec les
familles restées au pays, les lettres pour les administrations
dont ils sont les usagers, etc. Le couple est dans tous les combats
des foyers de travailleurs immigrés de Lille à la
région parisienne. Ils sont affectueusement appelé
« Monsieur Mario » et « Madame
Mariotte » par les immigrés qui ont des difficultés
à prononcer « Di Maio ». Ils sont les
« communistes volontaires » auprès
des travailleurs immigrés. Quand la jeunesse issue de
l’immigration lance les marches pour l’égalité,
ils sont dans la mobilisation pour les accueillir à Lille.
Dans
les quartiers populaires de Lille où elle a vécu, en
particulier le Boulevard de Metz, Suzanne sera à l’avant-garde
pour organiser les résistances contre les expulsions
locatives. Là aussi, elle sera jusqu’à son
hospitalisation en 2010 « l’écrivain public »
des habitants illettrés français(e)s ou immigré
(es) pour leurs correspondances personnelles ou administratives, etc.
Lorsque
la contre–révolution bourgeoise se lance à
l’assaut du socialisme avec la « perestroïka »
de Gorbatchev en URSS et ici à l’intérieur du PCF
avec la « mutation » anti-communiste de Robert
Hue, Suzanne se fait un devoir absolu de venir voter contre la
« trahison de notre idéal communiste dictée
par l’ennemi de classe ». A cette occasion, elle
découvre des « jeunes communistes qui ont des
principes et qui ne les abandonnent pas » avec lesquels
elle fondra la Coordination Communiste du Nord.
Lorsqu’en
1994 déferle sur nos écrans la terrible nouvelle du
génocide au Rwanda, Suzanne répond à l’appel
à la mobilisation pour un « Nuremberg tropical des
ethnofascistes rwandais et leurs complices impérialistes
français » qui va faire naître le Collectif
Afrique (CA), dont elle sera la présidente.
Et
enfin la lutte sociale, citoyenne, antiraciste et antifasciste
emblématique dont elle est l’une des figures
emblématiques est son engagement bien connu dans le CSP 59.
Suzanne explique son engagement dans ce combat ainsi : « C’est
une lutte de travailleurs, en particuliers de travailleurs étrangers
sans papiers et des peuples dominés par l’impérialisme,
les communistes doivent en faire une lutte pour la solidarité
nationale ici et internationale, entre tous les travailleurs et tous
les peuples ».
Reposes
en paix, Suzanne, tu es et resteras dans nos cœurs et dans nos
esprits, celle de la jeune garde qui monte à l’assaut
pour que triomphe le communisme, notre idéal commun.
Mot
de la Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest 62:
Suzanne
fût une femme formidable tout au long de sa vie, et dans la
résistance antifasciste depuis 75 ans.
Son
parcours est semé d'humilité alors qu'elle était
une communiste, une vraie communiste au service de sa classe et des
masses les plus précarisées et les plus oppressées.
Avec
son éternelle bonne humeur qui vous remontait le
moral, avec son sourire et son intelligence à vous faire
tomber part terre, avec sa culture à faire pâlir les
historiens et les philosophes et avec son sens du devoir et de
l'organisation, Suzanne aura été une grande, une très
grande camarade, que nous irons saluer le vendredi 10 mai au
cimetière lillois de Lille-Sud, car si quelqu'un mérite
aujourd'hui les honneurs de notre classe sociale, c'est bien Suzanne
Di Maïo née Calonne, notre Mamie de cœur, notre
Camarade.
Alors
rendons lui un hommage à hauteur de son engagement militant
qui dura plus de 75 ans sans jamais faillir même devant les
nazis.
Gloire à toi
Camarade Suzanne, Gloire à ta mémoire, Gloire à
tes combats pour la liberté et la fraternité entre les
peuples. Merci pour tout !
Communiqué
du Comité des Sans Papiers 59:
7
juin 1923 – 5 mai 2013 : SUZANNE, LA « MAMIE »
DES SANS PAPIERS DU CSP59, NOUS A QUITTE. RENDEZ VOUS AU CIMETIERE DE
LILLE SUD LE VENDREDI 10 MAI A 15H POUR L’ACCOMPAGNER A SA
DERNIERE DEMEURE
Le grand
cœur de Suzanne Di Maïo née Calonne s’est
arrêté de battre. Les sans papiers du CSP59 sont en
deuil. Ils, elles viennent de perdre le symbole vivant de la preuve
en acte de ce que les devises « liberté,
égalité, fraternité » veulent dire
concrètement.
Suzanne,
la « mamie », de la MNE, de la rue des fossés,
de la rue du marché, puis à nouveau de la MNE, du
pavillon Cordonnier au CHR, de la rue des Meuniers, du Bd Victor
Hugo, de la rue de la Plaine, de la rue tout court et enfin de la rue
Bernos, c’était le cœur battant de la lutte des
sans papiers.
Toujours
là pour organiser, planifier et doter la lutte de la
logistique indispensable à la conquête des
régularisations.
Suzanne
mobilisait tous les dimanches pour solliciter la contribution des
marchands du marché Wazemmes aux sans papiers en lutte dont le
quartier général était le pavillon Denis
cordonnier au CHR.
Suzanne
réservait les bus pour les manifestations à Paris de la
Coordination Nationale des sans papiers (CNSP) ou pour la
participation solidaire du CSP59 à des mobilisations
parisienne ou ailleurs dans l’hexagone.
Suzanne
tenait un impressionnant carnet d’adresse des sans papiers en
lutte et des « soutiens » (mot auquel elle
préférait « militant ») qui lui
permettait de mobiliser à toute heure et à tout moment
pour la réussite des actions de lutte.
Suzanne,
c’était la cheville ouvrière organisatrice de la
commission juridique, classement, distribution des dossiers et même
quand les problèmes de rotules ont fait qu’elle ne
pouvait plus se mouvoir seule, elle a transformé son
appartement en local de permanences pour les sans papiers notamment
Rroms et Thaïlandais€s.
Suzanne
l’athée débarque à l’église
Saint Pierre Saint Paul de Wazemmes après l’expulsion
violente des sans papiers pour interpeller les « gens
d’église » : « Jésus
est un révolutionnaire de son temps qui aimait et défendait
le peuple, ça j’y crois, mais ne me dites pas qu’il
a fait des miracles, ça j’y crois pas, mais vous pouvez
et devez agir comme Jésus et donc être juste et pour le
progrès ».
Et
la voilà qui se lit d’amitié avec Sœur
Geneviève, la Belge qui fait le rang avec les sans papiers
pour renouveler sa carte de séjour.
Les
« mamies tricoteuses » décident à
son instigation de bloquer à tour de rôle durant 24
heures les téléphones du cabinet du préfet pour
protester contre la répression des sans papiers lors de la
grève de la faim de 84 jours dont 26 jours dans les hôpitaux
en 2000.
Suzanne,
c’est pour les grévistes de la faim sans papiers de 1996
à 2007 « la pesée », celle qui
vérifie par l’évolution du poids « le
sérieux des grévistes » selon l’expression
des concernés eux-mêmes.
C’est
cette grande dame, notre « mamie », qui vient
de tirer sa révérence après avoir toute sa vie
durant été au service des causes et luttes justes.
Condoléances à sa famille.
C’est
à cette Suzanne là que nous appelons à rendre
hommage le vendredi 10 mai à 15h, jour dédié
à l’abolition de l’esclavage, au cimetière
de Lille Sud.
Pour
ceux et celles qui veulent la voir une dernière fois se rendre
à la morgue du Centre Hospitalier de Loos, 20 rue Henri
Barbusse
Jusqu’au
jeudi 9 mai : Le matin de 11h à 12h, l’après
midi de 14h à 17h
Bus
12 Cormontaigne ou 54 Bd de Metz et descendre à l’arrêt
Dhainaut
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