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Retourner à la liste Imprimer 2013_05_06_suzanne.pdf Mai 2013
[VIDEO] Hommage à notre camarade Suzanne, la doyenne de la Coordination Communiste / RCC, qui vient de s'éteindre

Notre déclaration, et celle de la Cellule Communiste Ouvrière du Bassin Minier Ouest 62. En vidéo, les hommages de la CC, du Collectif Afrique, du CSP59 et du PCF




Née en 1923, Suzanne a découvert le communisme à travers la lecture du journal de Jean Jaurès et du PCF né à Tours, l’Humanité, pour sa grand-mère illettrée, mais qui tournait toujours en dérision les moqueries de ses « garçons sur son français en disant parler le patois distingué ». Victoire Bocquet a raconté à sa petite fille Suzanne les hauts faits d’arme du prolétariat lors de la première révolution prolétarienne de l’histoire du capitalisme, lui a fait connaître les figures comme Louise Michel, etc.

A 13 ans en 1936, Suzanne fait du porte à porte pour diffuser les appels à la solidarité avec l’Espagne Républicaine et les brigades internationales en résistance armée contre le fascisme franquiste et ses alliés Hitler et Mussolini.

Martha Desrumaux, la figure féministe emblématique du combat syndical et communiste, devint sa « maman adoptive ». Elle épousera Luigi Di Maïo, communiste italien réfugié en France pour échapper à la persécution des fascistes.

Sous la France occupée par les Nazis et la collaboration pétainiste, ses camarades de combat sont assassinés: René Denys (enterré au cimetière de Lille Sud), Eusebio Ferrari, Roger Miélé enterrés au cimetière de Lille sud. Elle ne les oubliera jamais et en parlait tout le temps et cela jusqu’à la fin. Martha Desrumeaux est déportée à Ravensbrück, Suzanne et son mari se cachent à Roubaix jusqu’à la fin de la victoire antifasciste de l’URSS et des peuples en 1945.

Après guerre, Suzanne va se retrouver pour la première fois sur le banc des accusés pour avoir « hébergé un étranger clandestin », en fait son mari, et le juge va les libérer. Commence alors pour Suzanne et Luigi un long engagement auprès des immigré(e)s importés en masse jusque dans les années 70 des colonies françaises d’Afrique (Maghreb, Afrique sub-saharienne). Suzanne est en particulier « écrivain public », elle rédige les correspondances des immigrés avec les familles restées au pays, les lettres pour les administrations dont ils sont les usagers, etc. Le couple est dans tous les combats des foyers de travailleurs immigrés de Lille à la région parisienne. Ils sont affectueusement appelé « Monsieur Mario » et « Madame Mariotte » par les immigrés qui ont des difficultés à prononcer « Di Maio ». Ils sont les « communistes volontaires » auprès des travailleurs immigrés. Quand la jeunesse issue de l’immigration lance les marches pour l’égalité, ils sont dans la mobilisation pour les accueillir à Lille.

Dans les quartiers populaires de Lille où elle a vécu, en particulier le Boulevard de Metz, Suzanne sera à l’avant-garde pour organiser les résistances contre les expulsions locatives. Là aussi, elle sera jusqu’à son hospitalisation en 2010 « l’écrivain public » des habitants illettrés français(e)s ou immigré (es) pour leurs correspondances personnelles ou administratives, etc.   

Lorsque la contre–révolution bourgeoise se lance à l’assaut du socialisme avec la « perestroïka » de Gorbatchev en URSS et ici à l’intérieur du PCF avec la « mutation » anti-communiste de Robert Hue, Suzanne se fait un devoir absolu de venir voter contre la « trahison de notre idéal communiste dictée par l’ennemi de classe ». A cette occasion, elle découvre des « jeunes communistes qui ont des principes et qui ne les abandonnent pas » avec lesquels elle fondra la Coordination Communiste du Nord.

Lorsqu’en 1994 déferle sur nos écrans la terrible nouvelle du génocide au Rwanda, Suzanne répond à l’appel à la mobilisation pour un « Nuremberg tropical des ethnofascistes rwandais et leurs complices impérialistes français » qui va faire naître le Collectif Afrique (CA), dont elle sera la présidente.

Et enfin la lutte sociale, citoyenne, antiraciste et antifasciste emblématique dont elle est l’une des figures emblématiques est son engagement bien connu dans le CSP 59. Suzanne explique son engagement dans ce combat ainsi : « C’est une lutte de travailleurs, en particuliers de travailleurs étrangers sans papiers et des peuples dominés par l’impérialisme, les communistes doivent en faire une lutte pour la solidarité nationale ici et internationale, entre tous les travailleurs et tous les peuples ».

Reposes en paix, Suzanne, tu es et resteras dans nos cœurs et dans nos esprits, celle de la jeune garde qui monte à l’assaut pour que triomphe le communisme, notre idéal commun.

Mot de la Cellule Ouvrière du Bassin Minier Ouest 62:

Suzanne fût une femme formidable tout au long de sa vie, et dans la résistance antifasciste depuis 75 ans. 

Son parcours est semé d'humilité alors qu'elle était une communiste, une vraie communiste au service de sa classe et des masses les plus précarisées et les plus oppressées. 

Avec son éternelle bonne humeur qui vous remontait le moral, avec son sourire et son intelligence à vous faire tomber part terre, avec sa culture à faire pâlir les historiens et les philosophes et avec son sens du devoir et de l'organisation, Suzanne aura été une grande, une très grande camarade, que nous irons saluer le vendredi 10 mai au cimetière lillois de Lille-Sud, car si quelqu'un mérite aujourd'hui les honneurs de notre classe sociale, c'est bien Suzanne Di Maïo née Calonne, notre Mamie de cœur, notre Camarade.

Alors rendons lui un hommage à hauteur de son engagement militant qui dura plus de 75 ans sans jamais faillir même devant les nazis. 

Gloire à toi Camarade Suzanne, Gloire à ta mémoire, Gloire à tes combats pour la liberté et la fraternité entre les peuples. Merci pour tout !  

Communiqué du Comité des Sans Papiers 59:

7 juin 1923 – 5 mai 2013 : SUZANNE, LA « MAMIE » DES SANS PAPIERS DU CSP59, NOUS A QUITTE. RENDEZ VOUS AU CIMETIERE DE LILLE SUD LE VENDREDI 10 MAI A 15H POUR L’ACCOMPAGNER A SA DERNIERE DEMEURE

Le grand cœur de Suzanne Di Maïo née Calonne s’est arrêté de battre. Les sans papiers du CSP59 sont en deuil. Ils, elles viennent de perdre le symbole vivant de la preuve en acte de ce que les devises  « liberté, égalité, fraternité » veulent dire concrètement.

Suzanne, la « mamie », de la MNE, de la rue des fossés, de la rue du marché, puis à nouveau de la MNE, du pavillon Cordonnier au CHR, de la rue des Meuniers, du Bd Victor Hugo, de la rue de la Plaine, de la rue tout court et enfin de la rue Bernos, c’était le cœur battant de la lutte des sans papiers.

Toujours là pour organiser, planifier et doter la lutte de la logistique indispensable à la conquête des régularisations.

Suzanne mobilisait tous les dimanches pour solliciter la contribution des marchands du marché Wazemmes aux sans papiers en lutte dont le quartier général était le pavillon Denis cordonnier au CHR.

Suzanne réservait les bus pour les manifestations à Paris de la Coordination Nationale des sans papiers (CNSP) ou pour la participation solidaire du CSP59 à des mobilisations parisienne ou ailleurs dans l’hexagone.

Suzanne tenait un impressionnant carnet d’adresse des sans papiers en lutte et des « soutiens » (mot auquel elle préférait « militant ») qui lui permettait de mobiliser à toute heure et à tout moment pour la réussite des actions de lutte.

Suzanne, c’était la cheville ouvrière organisatrice de la commission juridique, classement, distribution des dossiers et même quand les problèmes de rotules ont fait qu’elle ne pouvait plus se mouvoir seule, elle a transformé son appartement en local de permanences pour les sans papiers notamment Rroms et Thaïlandais€s.

Suzanne l’athée débarque à l’église Saint Pierre Saint Paul de Wazemmes après l’expulsion violente des sans papiers pour interpeller les « gens d’église » : «  Jésus est un révolutionnaire de son temps qui aimait et défendait le peuple, ça j’y crois, mais ne me dites pas qu’il a fait des miracles, ça j’y crois pas, mais vous pouvez et devez agir comme Jésus et donc être juste et pour le progrès ».

Et la voilà qui se lit d’amitié avec Sœur Geneviève, la Belge qui fait le rang avec les sans papiers pour renouveler sa carte de séjour.

Les « mamies tricoteuses » décident à son instigation de bloquer à tour de rôle durant 24 heures les téléphones du cabinet du préfet pour protester contre la répression des sans papiers lors de la grève de la faim de 84 jours dont 26 jours dans les hôpitaux en 2000.

Suzanne, c’est pour les grévistes de la faim sans papiers de 1996 à 2007 « la pesée », celle qui vérifie par l’évolution du poids « le sérieux des grévistes » selon l’expression des concernés eux-mêmes.

C’est cette grande dame, notre « mamie », qui vient de tirer sa révérence après avoir toute sa vie durant été au service des causes et luttes justes. Condoléances à sa famille.

C’est à cette Suzanne là que nous appelons à rendre hommage le vendredi 10 mai à 15h, jour dédié à l’abolition de l’esclavage, au cimetière de Lille Sud.

Pour ceux et celles qui veulent la voir une dernière fois se rendre à la morgue du Centre Hospitalier de Loos, 20 rue Henri Barbusse

Jusqu’au jeudi 9 mai : Le matin de 11h à 12h, l’après midi de 14h à 17h

Bus 12 Cormontaigne ou 54 Bd de Metz et descendre à l’arrêt Dhainaut



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