Ce
samedi 6 avril, à l’initiative de la Coordination
Communiste, devait se tenir, dans une salle municipale, une
conférence-débat intitulée « la
parole aux Syriens », avec comme principale invitée
Ayssar Midani, de l’Union des Patriotes Syriens en France, qui
milite pour la paix et la concorde en Syrie, pour la défense
de la souveraineté nationale syrienne contre toute ingérence
étrangère.
Un
débat annoncé en toute transparence sur la place
publique depuis près de 3 semaines, avec moult tracts
distribués dans les manifestations, sur les marchés et
au porte-à-porte.
Or
la veille de la conférence, après nous avoir pourtant
confié la clef de la salle, subitement, par un coup de fil sur
un répondeur puis un mail en soirée, nous étions
informés par la Mairie que le « thème »
de notre conférence était « susceptible
de troubler l’ordre public » et que, par
conséquent, la salle nous était retirée :
« Nous vous demandons d’annuler le conférence
prévue » concluait la Mairie.

Très
rapidement, et comme il était impensable de ne pas tenir cette
réunion publique ne serait-ce que par respect pour les Syriens
qui souffrent, dans le silence médiatique absolu, de
l’agression occidentalo-salafiste, nous décidions d’un
lieu de repli.
Le
jour J, venus devant la salle municipale pour mettre des affiches
indiquant le nouveau lieu, nous constatons que la Mairie a été
jusqu’à changer les serrures de la porte de la salle !
Comme s’il était dans notre intention de briser par la
force cet interdit politique ! De même la police était
présente, officiellement parce qu’était annoncée
une « contre-manifestation » (ceux qui,
réellement, voulaient « troubler l’ordre
public » ?) : mais bien sûr, pas l’ombre
d’un manifestant n’a pointé son nez, ce n’était,
de toute évidence, qu’un prétexte facile pour
interdire le débat.
Par
cette réaction de la Mairie de Lille, nous voyons clairement
qui fait usage de la force et veut censurer le débat
démocratique.
Nous
ne savions pas que nous étions dans un état de guerre
et que l’heure était à l’union sacrée
derrière la position officielle du gouvernement français
de soutien (y compris armé ?) à la rébellion
islamiste. Comment peut se comprendre autrement la volonté
d’étouffer des voix discordantes ?
Comment
peut-on encore accepter ces attentats et ces massacres fomentés
pour briser la Syrie ? Comme, dernièrement encore, cet
attentat le 28 mars à Damas : des obus de mortier tirés
sur la faculté d’architecture à 13h, faisant une
dizaine de morts parmi les étudiants et 6 blessés.
Comme le 1er
avril,
le site juif le plus sacré de Syrie, la synagogue Jobar,
vieille de 2 000 ans, détruite, pillée,
incendiée, et son toit arraché.
Heureusement,
ce samedi 6 avril à Lille, ce sont au final près d’une
centaine de participants, de toutes origines, qui se sont pressées
dans une salle trop petite, pour apprendre et échanger
sereinement sur la réalité syrienne, son histoire (ses
tentatives passées de dislocation et de soumission par les
grandes puissances impérialistes, dont la France), ses
difficultés sociales, et les enjeux à l’échelle
nationale, de la sous-région et du monde de l’entreprise
de déstabilisation d’un des derniers pays laïcs et
non-alignés. La voix de la Syrie, contournant la censure, a pu
se faire entendre ! Un succès qui en appellera d’autres,
car la campagne contre la guerre en Syrie ne fait que commencer !
Non,
nous ne nous tairons pas ! Non, nous ne cèderons pas à
la censure qui bafoue le droit constitutionnel, conquis de haute
lutte dans ce pays, du droit à la libre expression et à
la libre information ! Oui, nous continuerons à donner la
parole aux Syriens pour dire leur vérité sur la
tragédie macabre que subit ce peuple ! Oui, nous
résisterons aux médiamensonges !

Déclaration
de Bahar Kimyongür sur le site Investig'action /
michelcollon.info
Martine
Aubry censure un débat sur la Syrie
Les
chabbihas* de Fabius et Hollande ont encore frappé : nouvel
attentat à la liberté d’expression dont la «
patrie des droits de l’homme » est désormais la
championne
Ce
samedi 6 avril, la salle Philippe Noiret de la mairie du quartier de
Wazemmes à Lille devait accueillir une conférence sur
la Syrie organisée par la Coordination communiste et le Front
de Gauche, avec comme orateurs la scientifique franco-syrienne Ayssar
Midani ainsi que moi-même.
Quelques
jours auparavant, un groupe obscur autoproclamé
« antifascistes sans patrie ni frontière »
a lancé un appel au sabotage de la conférence.
Dans
leur plaidoyer pour l’application de la censure, les prétendus
« antifas » nous accusent de pactiser avec le
diable, à savoir les régimes de Damas et Téhéran,
en d’autres termes, avec les principaux ennemis d’Israël.
Vu
le nombre de dictatures détestables qui exterminent des
peuples entiers pour asseoir leur domination à commencer par
« nos » propres chefs d’Etat, nous
pensons que le choix de s’en prendre aujourd’hui
exclusivement à la Syrie et à l’Iran n’est
pas le simple fruit du hasard.
Pour
brouiller les pistes, les pseudo-antifascistes n’hésitent
pas à verser dans la démagogie, accusant les
participants à notre conférence d’être des
« VRP au service des dictatures », des
« rouges bruns » et des « nazbol »,
contraction de Nazi et de Bolchevik. Les martyres de Stalingrad et
plus de vingt millions de leurs compatriotes apprécieront
d’être amalgamés avec leurs envahisseurs et leurs
bourreaux.
Finalement,
la campagne diffamatoire lancée par ces provocateurs sans
patrie ni frontière ni courage ni visage ni cervelle a
atteint sont but.
La
mairesse de Lille Mme Aubry a en effet interdit la tenue de la
conférence « pour des raisons de sécurité ».
Voulant
s’assurer qu’aucune voix dissidente sur la Syrie ne
s’exprime dans ses locaux, « McCarthine »
Aubry a même fait changer les serrures des portes de la salle
Philippe Noiret, sachant que les organisateurs de l’événement
avaient préalablement reçu une autorisation et
disposaient donc de clés.
Mais
grâce au sens pratique de certains militants et à la
générosité d’un commerçant kurde,
notre conférence a finalement pu se tenir dans un restaurant
kebab de la périphérie lilloise.
En
dépit des conditions exceptionnelles d’organisation,
près de 80 personnes ont tout de même pu se réunir,
s’informer et intervenir sur les alternatives concernant la
résolution du conflit syrien.
Ce
n’est pas la première fois qu’un débat
ouvert, critique et contradictoire sur la Syrie est ainsi censuré
par l’Inquisition bobo à sensibilité sioniste.
Le
vendredi 1er
mars
2013, les amis suisses de nos vaillants « antifa »
avaient manifesté contre la tenue de notre conférence
sur la Syrie à Genève sur base d’une rumeur
grotesque de collusion avec l’extrême droite. (cf :
http://www.silviacattori.net/article4287.html)
Il
n’y a pas si longtemps, nous avons été qualifiés
de talibans pour avoir dénoncé la guerre en
Afghanistan, d’agents de Saddam pour avoir dénoncé
la guerre en Irak et de kadhafistes pour avoir milité contre
l’invasion de la Libye.
La
moindre sympathie que nous exprimons envers la résistance
palestinienne ou libanaise est suspectée d’antisémitisme.
Lors
de chaque campagne guerrière, nous sommes accusés
d’intelligence avec l’ennemi par des groupuscules
clandestins qui se la jouent rebelle libertaire mais dont les
paroles et les actes ne servent en définitive qu’à
renforcer la loi du plus fort.
Nous
tenons cette fois encore à prévenir nos détracteurs
que leurs menaces ne nous empêcheront ni de dénoncer la
guerre que leurs maîtres imposent à la Syrie ni de
militer pour une résolution pacifique et politique du conflit
dans ce pays.
(*)
Le terme chabbiha désigne les auxiliaires de l’armée
syrienne qui combattent l’insurrection antibaassiste. Ce terme
semble de plus en plus convenir aux auxiliaires des armées de
l’OTAN qui combattent les militants anti-impérialistes.

Déclaration
du Pôle de Renaissance Communiste en France 59-62
Halte
à la censure sur la question syrienne!
Le
samedi 06 avril, une réunion d’information sur la Syrie
à l’initiative de la Coordination Communiste a subi une
tentative de sabotage de la part de la Mairie de Lille, qui a refusé
l’accès de la salle municipale à la dernière
minute – la réunion a finalement pu se tenir dans un
restaurant de Lomme, et a été un succès.
Le
Pôle de Renaissance Communiste en France 59, invité à
cette réunion-débat, proteste contre cet acte de
censure qui vise à imposer un discours unique sur la situation
au Proche-Orient, et à justifier les ingérences
impérialistes dans cette partie du monde.
Si
le régime syrien n’est pas exempt de reproches, les
forces « rebelles », renforcées chaque
jour par des fous de Dieu de diverses nationalités, armés
par la Turquie réactionnaire et ces pétromonarchies
moyennageuses que sont l’Arabie et le Qatar, ne constituent
aucunement une alternative démocratique. Les conséquences
désastreuses de la récente intervention armée en
Libye (dont le chaos malien n’est qu’un aspect) devraient
mettre la puce à l’oreille de tous les progressistes.
Notons
que la Mairie de Lille a tenté de motiver sa décision
par un soi-disant « risque de trouble à l’ordre
public » parce qu’un message anonyme publié
sur Indymédia appelait à empêcher cette
manifestation. Le message en question accuse notamment les deux
intervenants invités par la CC, Ayssar Midani et Bahar
Kimyongür, d’être liés à
l’extrême-droite, au prétexte que l’Union
des Patriotes Syriens, dont Ayssar Midani est membre, aurait
manifesté à Paris à l’appel des fascistes
de 3ème Voie le 2 février dernier, et que
Bahar Kimyongür aurait participé en mars, à
Genève, à une conférence avec le groupe
brun-rouge Egalité et Réconciliation, qui par ailleurs
a publié certains de ses textes sur son site.
Or,
la conférence genevoise en question n’a jamais été
organisée ni co-organisée par E & R : si cette
organisation a appelé à y participer, les organisateurs
n’y sont pour rien, et Bahar Kimyongür ne peut être
tenu pour responsable de la publication de ses textes sur tel ou tel
site (ses articles sont aussi repris, entre autres par Le Grand
Soir : Indymédia va-t-il en déduire que LGS est un
site fasciste ?).
Quant
à la manifestation du 2 février, il suffit d’un
coup d’œil sur le site de 3ème Voie
pour se rendre compte de la supercherie : il y est fait mention
d’une obscure « association des Patriotes Syriens »
(sans A majuscule - de quoi sagit-il au juste ?), et
nullement de l’UPS.
Tous
les participants à la réunion du 6 ont d’ailleurs
pu vérifier que les propos des intervenants n’avaient
rien de fasciste ni de raciste.
Tous
ceux qui, aujourd’hui, défendent le principe de
souveraineté nationale et combattent le « droit
d’ingérence » se retrouvent pris dans la
tenaille des nationalistes réactionnaires et des
pseudo-antifascistes (que nous ne confondons pas avec les
antifascistes véritables), les premiers récupérant
et déformant cyniquement leurs mots d’ordre, les seconds
pratiquant l’amalgame le plus grossier – pour le plus
grand bien de l’impérialisme.
Il
est de plus en plus difficile, dans la France d’aujourd’hui,
de refuser d’idéaliser les « rebelles »
copieusement armés par la Turquie, l’Arabie Saoudite et
le Qatar, et renforcés par des « fous de Dieu »
de toutes nationalités. Les conséquences désastreuses
de l’intervention armée en Libye (dont le chaos malien
n’est qu’un aspect), parlent pourtant d’elles-mêmes…
Le
PRCF, quant à lui, fait sienne l’analyse du Parti
Communiste Syrien : le régime de Bachar a de graves
défauts, les manifestations de mars 2011 étaient
légitimes, et il faut condamner la brutale répression
qui les a frappées ; mais le printemps syrien a été
récupéré par des fanatiques religieux, eux-mêmes
manipulés par des puissances étrangères qui se
moquent éperdument du peuple syrien.
Que
cela plaise ou non aux fauteurs de guerre et à ceux qui
cherchent à faire taire les partisans de la réconciliation
nationale en Syrie, c’est aux Syriens et à eux seuls de
décider de l’avenir de leur pays.
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