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[ A LIRE ] Pour la réappropriation et la nationalisation! (contribution au congrès CGT et interview Chantiers) - par Olivier Leberquier (CGT Fralib)

J’interviens au nom du syndicat CGT de FRALIB et des salariés de notre entreprise en lutte depuis 903 jours contre la fermeture de notre site, pour le maintien de notre activité industrielle et de nos emplois. Nous voulons mettre en débat trois sujets tirés de notre expérience sur le terrain et de ce que nous voulons que notre syndicat de classe la CGT se saisisse. Durant 3 ans de lutte, nous avons reçu beaucoup de soutien des syndicats de notre profession et de l’interprofessionnel. L’Agroalimentaire est concerné par de nombreuses luttes. Des conflits importants sont en cours. D’autres conflits se développent aussi dans toutes les industries, le commerce, la santé, les services publics. Nous avons participé et organisé nombre d’actions communes avec d’autres camarades menant des luttes, et portons ensemble nos exigences communes.

Avec les Continental Nutrition, le Grand Conseil de la Mutualité des Bouches du Rhône, Pilpa, Goodyear, Ford, les Trois Suisses, Sanofi, Sodimédical, Arcelor et encore bien d’autres. Nous voulons que notre CGT partage cette démarche de coordination des luttes et des entreprises en luttes pour la défense de l’emploi et du potentiel industriel national. Pour cela nous proposons que soient mis en place des moyens où toutes nos structures participent pour coordonner les entreprises en luttes. Les deux autres sujets que nous voulons soulever et qui sont totalement absents du document d’orientation et pourtant bien d’actualité et qui correspondent à de réelles exigences pour un vrai changement de société. Ce sont la réappropriation par les travailleurs des moyens de production et la Nationalisation qui doit être un des moyens pour y parvenir. Il n’y a que les luttes qui peuvent nous permettre de reprendre aux patrons ce qu’ils nous ont pris ! La preuve en est faite avec notre lutte. Notre Éléphant résiste et avance doucement mais sûrement vers la mise en œuvre de notre solution alternative et le démarrage de notre SCOP T.I

Nous avons obtenu l’annulation par la justice des trois plans de sabordage de l’emploi présentés par UNILEVER. A l’évidence la lutte paie. Le dernier Arrêt rendu par la Cour d’Appel d’Aix le 28 février, est très clair. Le 3ème plan patronal est annulé ainsi que les licenciements. Les salariés ont été licenciés deux fois et deux fois les licenciements auront été annulées ! Nous exigeons que nous soient cédés la marque « Éléphant » ainsi que les volumes de production nécessaires à la reprise de notre activité. François HOLLANDE et le gouvernement doivent maintenant être conséquents, et faire vivre leur volonté affichée d’être aux côtés des salariés de FRALIB. Nous voulons leur imposer qu’ils prennent toutes les dispositions pour que soient données toutes les suites concrètes au plan politique, économique et social et faire sauter « le verrou d’UNILEVER » qui bloque la solution alternative. Les experts du Comité d’Entreprise ont confirmé la viabilité et la rentabilité de notre entreprise. Nous relevons le défi avec détermination et courage, autour de notre projet alternatif qui est la seule solution sérieuse et crédible pour le maintien de notre activité industrielle et nos emplois. Le combat pour la poursuite de l’activité de production et de conditionnement de thé et d’infusions sur le site de Gémenos, le maintien de la marque « Eléphant » implantée depuis 120 ans en Provence et commercialisée uniquement en France, des tonnages de production en sous- traitance, sont des exigences qu’il faut concrétiser.

UNILEVER doit assumer toutes ses responsabilités. Il en a les moyens, L’Etat en a la responsabilité! Nous avons obtenu par notre lutte que les bâtiments et les terrains soient rachetés par la Communauté Urbaine de Marseille. Nous avons imposé qu’UNILEVER cède l’ensemble de l’outil Industriel pour l’€uro symbolique. Cela nous permet de fortifier notre projet pour le maintien de l’activité industrielle autour, avant tout, de la perspective de production de thés et infusions. Cette nouvelle situation se construit autour de la volonté de « réappropriation ouvrière et publique des moyens de production ». En septembre 2011, le Ministre du Redressement Productif Arnaud MONTEBOURG, alors en campagne au primaire socialiste pour l’élection Présidentielle est venu nous rencontrer dans notre usine. Il s’exprimait ainsi en ce qui concerne la défense de notre patrimoine industriel et la question posée par les Fralib. Il proposait de prendre possession de la marque, d’exproprier Unilever, de l’indemniser à la hauteur de ce qu’il indemnise les salariés et il disait qu’il ferait une loi pour cela! Alors, si l’exigence de réappropriation des moyens de production et de Nationalisation fait parti des promesses d’un candidat du parti socialiste devenu Ministre aujourd’hui, cela doit être une revendication forte portée par notre syndicat CGT dans le combat de classe qui nous oppose au Grand Capital.

Pour conclure, et comme depuis hier je n’ai pas ou peu entendu parler dans les références internationales de l’évolution des pays en Amérique Latine, je finirai par un : HASTA LA VICTORIA SIEMPRE CAMARADES !



Olivier Leberquier sur le syndicalisme de classe (Interview de notre journal Chantiers – n°31 – Février 2013)

Les ouvriers de Fralib en lutte contre la fermeture et la délocalisation de leur usine (fabrication du thé en sachet Eléphant) par la multinationale Unilever viennent de fêter en décembre leur 800ème jour de lutte. Après une première victoire sur la multinationale qui vient de céder les locaux occupés et les machines, ils poursuivent leur combat pour la relance de l’activité industrielle en créant une coopérative et en récupérant la marque historique Eléphant… Là encore les ouvriers, soudés par deux ans de combat obstiné et d’occupation de l’usine, exigent de l’Etat un engagement et un soutien décisif. Chantiers leur a rendu visite à Géménos (13) et a recueilli des témoignages utiles à tous les ouvriers en lutte contre les délocalisations et les baisses de salaire.

Chantiers : La figure du Che est omniprésente dans votre usine depuis l’occupation et ces deux années de lutte. Pourquoi ?

Olivier Leberquier (dirigeant CGT Fralib) : Après la première délocalisation de l’usine du Havre il y a quelques années, notre syndicat CGT s’est réuni avec celui de Géménos ici, et la question s’est rapidement posée du logo du syndicat. C’était en 98, à l’époque il y avait déjà beaucoup de débats à l’intérieur de la CGT entre syndicats réformistes accompagnateurs du système et syndicats révolutionnaires. On a donc cherché pour nous un symbole révolutionnaire, et le symbole du Che s’est naturellement imposé !

Chantiers : D’ailleurs la direction de la CGT Fralib connaît bien Cuba, il y a des liens assez étroit entre vous et les syndicalistes cubains. Quelle expérience retires-tu de tes voyages en délégation là bas ?

Olivier : Notre délégation FNAF-CGT [fédération de l’agroalimentaire] a visité plusieurs entreprises, notamment une manufacture de tabac à la Havane la première année où j’y suis allé. Là, le directeur n’avait pas beaucoup de temps à nous accorder parce qu’il venait juste d’entrer en fonction… Trois mois avant c’était lui le délégué syndical de l’usine ! Le rôle du syndicat n’est évidemment pas le même dans une usine cubaine et ici, dans un système capitaliste… mais d’une certaine manière quand on démarrera notre SCOP, même si nous restons dans un environnement capitaliste, le rôle de notre syndicat ne sera pas non plus le même que quand Fralib appartenait à Unilever. Mais il restera bien sur nécessaire ! A ce moment là, l’inspiration des syndicats cubains deviendra certainement centrale pour nous ! Le syndicat aura toujours un rôle de centralisation des problèmes des salariés et des revendications, mais il y aura aussi une nécessité de concertation avec la direction de la SCOP sur les orientations politiques de celle-ci à long terme.

Chantiers : Quand on parle de syndicalisme de classe, on parle forcément politique !

Olivier : Ce qui est important à Cuba c’est aussi l’existence en plus du syndicat dans chaque entreprise, d’une cellule du parti communiste. Quand j’étais jeune, dans la région du Havre, on trouvait très souvent dans les entreprises de la région des cellules d’entreprise du PCF. Aujourd’hui on a cassé ce lien politique qui existait entre les cellules d’entreprise du parti et le syndicat. C’est à mon avis une erreur historique au sein de la CGT… même si la CGT n’est pas devenue pour autant réformiste fondamentalement : si c’était le cas, on n’aurait pas eu par exemple en 2005 un positionnement clair de la CGT contre la constitution européenne !

Chantiers : Votre fédération est attachée à l’internationalisme, c’est un aspect qu’on oublie trop souvent non ?

Olivier : Notre syndicat de l’agroalimentaire est toujours adhérent à la FSM [association internationale historique de syndicats de classe et de masse]. Cette fédération a un ancrage particulier sur l’internationalisme depuis toujours, c’est lui qui nous a permis ces visites aux camarades syndicalistes cubains. Mais il a aussi participé à la création de liens entre nous et une coopérative vietnamienne de production de thé [l’usine Fralib met le thé en sachet] pour développer une activité de commerce équitable. Là bas, grâce à la CGT, j’ai pu rencontrer par exemple le président du syndicat national du thé vietnamien. En fait, la création de la coopérative de production de thé, ils appellent ça une « privatisation », mais c’est plutôt l’Etat qui cède l’usine, propriété d’Etat [équivalent d’un Sovkhoze en URSS], aux salariés de l’usine [coopérative équivalent à un Kolkhoze en URSS], même si le terme coopérative n’est pas utilisé, en fait les salariés deviennent propriétaires de l’usine,  choisissent les dirigeants et gardent une maîtrise totale de l’ensemble de l’activité. L’Etat quant à lui reste possesseur des terres de la plantation de thé et de l’usine de transformation. Donc si demain il se passe quelque chose qui ne plait pas aux dirigeants politiques localement, dans le cas d’investisseurs étrangers, il ne prête plus les terrains et tout s’arrête ! De plus concernant la coopérative que j’ai visitée, l’Etat fournit l’aide principale pour le développement de la plantation et de l’usine.





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