La
CFDT met fin au « syndicalisme rassemblé » :
Quelle stratégie nouvelle de lutte de notre CGT pour stopper
les désastres sociaux et anti-démocratiques ?
– par Roland Fodé Diagne, membre de la CE de la
FERC CGT et de la CE de la CGT Educ’action Nord
La CFDT,
la CFTC, la CGC viennent de mettre fin au « syndicalisme
rassemblé » en signant la « flexisécurité »
des profits patronaux dictée par l’Union Européenne
(UE). Cette signature légalise la prise en otage des salariés
et le chantage patronal suivant : « ou vous acceptez
la baisse de vos salaires, la dégradation de vos conditions de
travail par l’augmentation des cadences et des rythmes et les
contrats précaires ou nous délocalisons en Europe où
ailleurs parce que nous autres les actionnaires avons ‘besoin
d’aire’ pour maximiser nos profits ». C’est
la fin du code du travail.
Les
« syndicalistes apolitiques » dirigeants de la
CFDT qui se targuaient de n’avoir pas appelé à
« voter contre Sarkozy » rallient ainsi
ouvertement le MEDEF et son gouvernement socialiste après
avoir baladé dans les méandres du « syndicalisme
rassemblé » la centrale historique de lutte de
classe du mouvement ouvrier à l’origine de toutes les
conquêtes sociales et démocratiques du pays qu’est,
depuis sa fondation en 1895, la CGT.
La
théorie et la pratique du « syndicalisme
rassemblé »
Le
rapport d’activité que l’on peut lire dans le
N° spécial de la NVO du 21/11/02 présenté
par le Bureau Confédéral du 47éme congrès
confédéral CGT théorisait ainsi le
« syndicalisme rassemblé » :
« Nous
devons pour ce faire travailler à l’unité
des centrales syndicales françaises sur les revendications
nationales et européennes, mais aussi poursuivre
une coopération réfléchie avec le mouvement
associatif » (p.6), « travailler à
établir d’autres rapports entre organisations
syndicales, en cherchant sur chacun des sujets en débat à
approfondir nos réflexions convergentes ou divergentes, avec
la volonté d’aboutir à des démarches ou
des initiatives les plus unitaires possibles, sans
focaliser sur les désaccords » (p.15) «
…l’unité syndicale…un bien commun
et non comme une menace qui plane sur leur identité, car
l’unité est la condition irremplaçable
pour que les salariés regagnent leur place dans la société
et leur dignité. Les salariés aspirent à une
plus grande lisibilité du mouvement syndical en tant que tel
dans l’entreprise, dans les négociations, dans les
débats publics …Le niveau et la qualité
des débouchés revendicatifs dépendent pour une
large part de la recherche de convergences effectives des
organisations sur des objectifs communs » pour
atteindre l’objectif de « l’affirmation du
fait syndical, en obtenant la reconnaissance de son rôle
d’utilité publique dans chaque lieu de travail, chaque
site, dans l’organisation sociale des territoires,
l’élaboration et l’évaluation des
politiques publiques » (p.15).
Dans les
faits la pratique a consisté à soumettre nos
revendications, nos luttes, nos formes de luttes, notre communication
et nos positionnements de classe à l’unité au
sommet avec la CFDT.
Point
n’est besoin de passer en revue les défaites successives
des mobilisations, des luttes des travailleurs engendrées par
la théorie et la pratique du « syndicalisme
rassemblé » qui n’a servi qu’au
parrainage de l’entrée de notre CGT à la CES par
la CFDT. A l’exception du CPE gagné par les luttes dures
et continues des jeunes, tous les grands rendez-vous de luttes
sociales décidés par les attaques patronales et
gouvernementales de la droite libérale et du PS libéral
ont donné des « journées nationales
d’actions unitaires » CGT-CFDT sur des
revendications alignées sur « le plus petit
dénominateur commun » dictées par la
CFDT. Et quand les travailleurs des boîtes engageaient des
batailles défensives contre les fermetures, les
délocalisations ou les licenciements, « l’unité
syndicale », le « syndicalisme
rassemblé » s’avérait une
rhétorique de sommet et de salon que les travailleurs
manifestants en lutte stigmatisaient ainsi : « C’est
pas dans les salons et les fauteuils à Matignon, à
l’Elysée ou au Medef que l’on gagne, mais par la
grève, la rue et le rapport des forces ».
Unir
les travailleurs et les syndicats sur la revendication de la
nationalisation des entreprises qui ferment et délocalisent
De la
fondation de la CGT en 1895 aux grandes grèves générales
avec occupation des usines et lieux de travail en 1936, la
revendication des trois huit a été motrice et
fédératrice des combats sociaux : Huit heures de
travail 8 heures de repos, 8 heures de loisirs. Les congés
payés, les augmentations de salaires de plus de 30%, les
droits syndicaux gagnés en 1936 sont subséquentes des
multiples luttes menées par les travailleurs avec comme point
d’appui fondamental cette revendication transversale et
unificatrice.
Aujourd’hui
la principale arme patronale dans les centres impérialistes de
soumission du travail au capital est le chantage à la
délocalisation des entreprises, c'est-à-dire utiliser
les salaires bas d’ailleurs pour faire baisser les salaires
d’ici gagnés de haute lutte par les générations
précédentes de travailleurs à l’époque
du monde divisé en camp capitaliste et camp socialiste. La
concurrence mondiale entre patrons d’aujourd’hui met en
concurrence les salariés sur toute la planète pour
imposer la dictature de classe de la bourgeoisie. A l’intérieur
des pays impérialistes comme le nôtre le patronat des
secteurs non délocalisables fait adopter des lois racistes par
les gouvernants pour maintenir les travailleurs sans papiers dans les
griffes du travail clandestin en plus du chantage au chômage
pour tirer tous les travailleurs vers la précarité.
La
mondialisation libérale et son émanation sous
continentale la construction du bloc impérialiste prédateur
qu’est l’Union Européenne (UE) organisent une
division du travail fondée sur des délocalisations qui
désindustrialisent les pays d’Europe selon les coûts
de la force du travail, donc selon les salaires considérés
par les Firmes Transnationales (FTN) comme trop élevés.
En fait
il s’agit d’en finir avec la dite « société
de consommation » en réalité temporairement
illusoirement à « crédit » en
mettant fin aux « salaires trop élevés »
des travailleurs dans les pays de l’UE pendant que les
dividendes et profits des patrons actionnaires explosent
littéralement. En fait le monde du travail dans nos pays après
avoir obtenu des concessions sociales suite à ses luttes et à
l’existence de l’Urss est entrain de subir la loi
d’airain de la barbarie du capitalisme que K. Marx décrit
ainsi : « : Le capital a horreur de l'absence de
profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le
capital devient hardi. A 20% il devient enthousiaste; à 50% il
est téméraire; à 100% il foule au pied toutes
les lois humaines et à 300% il ne recule devant aucun crime ».
(Le Capital).
Voilà
pourquoi il devient urgent et nécessaire d’opposer la
nationalisation à cette prise en otage des travailleurs par
les patrons et l’UE.
Nationaliser,
c’est contraindre l’Etat à ré-intervenir
dans les « affaires économiques »
desquelles le libéralisme dominant l’exclut sauf quand
il s’agit de sauver les banques, la bourse et la spéculation
financière.
Forger
l’unité de combat de la base au sommet des travailleurs
et des syndicats du refus
Maintenant
que le PS est revenu au pouvoir, la CFDT juge inutile de poursuivre
sa stratégie de neutralisation des luttes par la soumission de
notre CGT appelée « syndicalisme rassemblé »
en décidant de parapher un « accord qui permet
au Medef de faire la loi ».
Les
syndicats non signataires, CGT, FO plus la FSU, SUD/Solidaires,
la CNT doivent s’unir dans les actions à la base
jusqu’au sommet contre la trahison syndicale au service des
patrons et de l’Etat de classe bourgeois. Nous devons ensemble
construire le FRONT SYNDICAL DU REFUS DE LA COLLABORATION ET DE LA
SERVILITE DE CLASSE. C’est aussi la voie et le moyen de l’unité
syndicale sur la base de la démocratie syndicale à la
base dont le monde du travail a besoin pour renouer avec les
victoires et le progrès social.
La CGT
de la base au sommet doit développer une stratégie
offensive de lutte pour entraîner, y compris la base combative
de la CFDT comme le montre l’usine de Florange, l’ensemble
des militants, des syndiqués et des travailleurs qui prennent
à une vitesse TGV conscience de l’inexistence de
solution humaine dans la barbarie du système capitaliste et de
la voie sans issue dans laquelle mène le réformisme
syndicale qui ne cherche qu’à aménager le
capitalisme en putréfaction moribond et agonisant.
Ensemble
aucune lutte partielle des travailleurs ne doit se trouver isolée,
toutes luttes dans une branche, dans un secteur géographique
doivent faire l’objet d’une mobilisation unitaire des
syndicats du refus pour soutenir et élargir afin de construire
le rapport des forces nécessaires pour gagner.
Ensemble
il faut élaborer les revendications transversales qui fédèrent
nos luttes et permettent leur développement jusqu’aux
grèves reconductibles et la grève générale
pour que les patrons et le gouvernement comprennent que le chantage à
la « dette, aux déficits » et à
la fuite des patrons pour échapper aux fiscs, à l’impôt
doivent cesser.
Ensemble
travaillons à unir luttes à l’usine, à
l’entreprise et luttes dans les quartiers populaires contre les
divisions entre salariés et chômeurs, entre travailleurs
Français(e)s et immigré(e)s, entre travailleurs
croyants de toutes confessions et non croyants, etc.
Ensemble
revendiquons et imposons la NATIONALISATION SANS INDEMNISATION DES
ENTREPRISES QUI FERMENT ET DELOCALISENT POUR PRESERVER LES CONQUÊTES
SOCIALES ET DEMOCRATIQUES GAGNEES PAR NOS ANCIENS POUR UNE SOCIETE DE
PROGRES ET NON DE REGRESSION.
Etre
nous-mêmes ! Europe et indépendance de la CGT
– par
Jean-Pierre Page, USRAF CGT
Air France, Ancien
responsable du département international de la CGT,
ancien membre de la Commission
Exécutive Confédérale
(1981-2000)
B.Thibault
et la direction de la CGT se refusent à faire le bilan de leur
travail depuis le précédent congrès !
Sans doute parce que celui-ci est
catastrophique et qu'il a fragilisé un peu plus ce qui restait
de la crédibilité des dirigeants confédéraux
! Avoir le sens des responsabilités, c'est prévoir et
puisque BT doit partir il devrait faire en sorte de laisser la
CGT "en ordre de marche" pour ceux qui auront la charge de
l'animer dans les années qui viennent ! Ce n'est pas le cas à
travers les orientations et les décisions qu'il cherche à
imposer y compris au mépris de la démocratie !
Comme
il l'a souvent montré, la démocratie n'a jamais été
son point fort, pas plus celle d’ailleurs d’un Bureau
confédéral tout au délice de la bataille de
succession sans aucune vision en revanche sur l'avenir et la réponse
à apporter à la crise du capitalisme en cours. Encore
moins celle de la Commission exécutive ! Il est vrai, comme
l’admettent nombre de ses membres, que celle-ci a fonctionné
plus comme une chambre d'enregistrement, mise souvent devant le fait
accompli et tenue dans l'ignorance des secrets de la petite équipe
qui fait la politique de la CGT au jour le jour. Une "garde
rapprochée”, anciens de cabinets ministériels qui
connaissent au fond très peu de la CGT, de la vie des
travailleurs, et de leurs luttes. Cette façon de fonctionner
est totalement étrangère à l'histoire comme à
l'identité de la CGT. Une histoire ou comme l'on dit "pour
assumer des responsabilités dans la CGT il fallait d'abord
faire ses preuves"!
Cédant
à l'air du temps, Bernard Thibault n'en a eu cure, lui qui en
arrivant citait dans une interview aux "Echos"
Alexis de Toqueville, ce penseur politique du 19 ème siècle
chantre de la démocratie américaine et du libéralisme,
dans le seul but d'impressionner son monde! Mais quel monde ? Le
monde du travail ? Posez la question c'est y répondre !
Pour
la direction actuelle de la CGT, ce que l'on appelle les « cadres
syndicaux » c'est comme pour le reste, cela doit se fondre
dans un modèle de référence. Celui-ci c'est le
syndicalisme anglo-saxon, le modèle réformiste qui
domine les Confédérations syndicales en Europe avec les
« succès » que l'on sait ! Un
syndicalisme institutionnalisé qui consacre son énergie
et ses moyens à la « magie » de la
négociation dont chaque jour permet de vérifier
l’efficacité, l’utilité et les conséquences
désastreuses pour les travailleurs. Qu'il s'agisse de la CES
ou de la CSI, ces organisations qui accompagnent la politique du
capital, on sait à quoi s'en tenir ! Leur bilan parle de lui
même. Mais pourquoi la CGT devrait-elle suivre cette voie et
cette orientation ? « Pour ne pas être le
dernier carré », répondait Louis Viannet !
Où en sommes nous après 10 ans de recentrage et
d’affiliation à la CES ? Un succès éphémère
au prix du renoncement à notre indépendance ?
Alors même que l'essor de nouvelles formes de syndicalisme
combatif apparaissent partout dans le monde, y compris en Europe.
L'Europe
s'enfonce dans le chômage de masse et, de la Grèce à
l'Espagne, de l'Allemagne à la France, la pauvreté
s'étend, la répression antisyndicale
contre ceux qui résistent ne cesse de croître. Mais la
CES ou la CSI ne semblent pas concernés ! Selon ces
organisations, tout cela ne serait qu'un mauvais moment à
passer ! Le rôle du syndicalisme serait il de corriger les
excès, faire du "capitalisme à visage humain",
cet objectif irréalisable, un horizon indépassable
auquel il faudrait dorénavant se conformer !
Pourtant
il y a des luttes dans toute l’Europe et dans le monde entier,
de l’Allemagne à la Grèce, de l’Espagne eu
Portugal, de la Grande Bretagne à la France et l’Italie.
Celles-ci ont besoin de perspective et donc de solidarité et
d’une coordination. Ceux qui sont aux avant-postes de ce combat
ne reçoivent de la CES ou de la CSI que des propos lénifiants
et démobilisateurs ! Nous devions dynamiser la CES avec
d’autres et aujourd’hui le constat est amer ! Qui a
changé de la CGT ou de la CES ? Au fond, la CES n’est
que le reflet d’un type de syndicalisme caractérisé
par l’apathie, la bureaucratisation, le conformisme et la
fascination devant les institutions ! Devons-nous apporter notre
caution à cette démarche que contredit toute notre
histoire? Le moment n’est-il pas venu de faire un bilan dans un
esprit indépendant, comme nous l’avons fait en d’autres
circonstances et par rapport à d’autres affiliations, ou
cette question est-elle dorénavant un tabou?
Il
y a un très gros risque en Europe pour le syndicalisme de voir
sa crédibilité réduite à néant,
tout particulièrement dans la jeunesse ! Ne rien faire, ne
rien dire et à coup sûr cette "fonctionnarisation",
cette institutionnalisation du syndicalisme, ces compromissions,
voire la corruption de certains de ces dirigeants menacera son avenir
et sa raison d’être. Cette dérive se poursuivra si
les délégués au 50eme Congrès des
syndicats CGT n'en décident pas autrement !
Or
il ne manque pas de gens (d’adversaires ?) auprès de la
CGT pour continuer à exorciser celle-ci des fantômes qui
à leurs yeux continuent à hanter les nuits de la
Confédération. Il s'agit pour ceux là de
contribuer à accélérer son recentrage pour la
mettre aux normes européennes, la rendre compatible
(www.forumsyndicaleuropeen.net).
Par
conséquent, tout ce beau monde à Montreuil comme à
Bruxelles rêve avec le 50eme Congrès d'une nouvelle
direction qui marquerait un pas supplémentaire dans le
ralliement de la CGT à cette vision de l’Europe sociale
qui n’est qu’un leurre ! Il faut empêcher cela et
ne jamais considérer les choses comme réglées
d’avance ! Au fond cette Europe-là n’a jamais été
aussi contestée et si peu crédible aux yeux des peuples
et des travailleurs. Quant aux perspectives, elles ont connues
d’avance: la régression économique, sociale et
démocratique ! Comment la CGT doit-t-elle se positionner,
s’arc-bouter contre toutes évidences ou au contraire
prendre position de façon claire et indépendante pour
contribuer au débat et au combat contre cette escroquerie de
l’Europe sociale ? Voilà ce que l’on attend d’elle
!
Les
négociations, tout au plus accompagnées de "journées
d'actions" bien séparées les unes des autres pour
ne pas aboutir, pour ne pas créer un rapport de force durable
en faveur des travailleurs sont une impasse. Il faut en faire
lucidement la critique !
Après
la récente réunion du CCN au sujet de la future
direction et une discussion sans vote, on semble faire comme si de
rien n'était, alors que c'est au Congrès et aux
délégués de décider comme le prévoient
les statuts ! On prévoit donc de retenir 56 candidats pour
composer la future direction de la CGT ! Soit un nouveau
renouvèlement de 39%, ce qui avec le précédent
congrès aboutit à un turnover permanent de la direction
et donc une totale instabilité quand on sait le temps
nécessaire pour assumer des responsabilités à ce
niveau. Mais ce qui est sans doute le plus consternant, c'est la
quasi disparition des ouvriers de la future direction de la CGT : 8
ouvriers seulement soit 14%, mais 36 cadres, agents de maitrise et
techniciens soit 64%, et cela bien qu'existe l'UGICT avec sa
direction. Sans céder à je ne sais quel ouvriérisme,
comment ne pas constater dans ce choix un recul sans précédent,
historique ? Cette défiance à l'égard des
ouvriers qui sont parmi les premiers dans les combats présents,
qu'il s'agisse de Goodyear, de Florange, de PSA, de Renault, ....en
dit long sur la vision que la direction actuelle de la CGT a du monde
du travail réel ! Cette place des ouvriers est d'autant plus
indispensable dans la direction de la CGT qu'ils sont les premiers
exposés aux coups du Capital mais aussi parce qu'ils sont
fréquemment les animateurs des luttes et les plus combatifs de
la CGT, tout particulièrement dans les branches industrielles.
En particulier à l'heure où beaucoup de gens, en
particulier non ouvriers, reconnaissent que le combat pour la
réindustrialisation de la France est essentiel pour sauver
l'avenir du pays. Il serait inconcevable qu’au Congrès
on ne soulève pas ce problème avec force. Il ne s'agit
pas de mettre en cause la place des ICT dans le procès de
travail ou dans la vie de la CGT mais d'avoir une vision cohérente
avec nos principes et notre histoire, lorsqu'il s'agit d’élire
la direction nationale de la CGT.
Il
est une autre chose. Des dirigeants d'expérience qui assument
des responsabilités importantes dans les structures
professionnelles et interprofessionnelles de la CGT et ce depuis
plusieurs années devraient également y trouver leur
place pour contribuer à consolider la nouvelle direction de la
CGT ! Ces dirigeants de terrain sont pour certains écartés,
parce qu’ils assument courageusement leurs positions. Comme on
le voit dans la tribune de discussion, ils expriment de façon
pertinente des opinions différentes de celle qui prévalent
en général et en particulier sur l'Europe sociale ou
sur le récent accord signé par plusieurs confédérations
dont la CFDT! Les opinions dérangeantes devraient elles être
mises à l'index dans la CGT? Pourquoi ? Parce qu’elles
suscitent débat et réflexions ? Toute la CGT et a
fortiori celui
qui va devenir le nouveau Secrétaire général ont
besoin de leurs contributions comme de leur vision d'un syndicalisme
de combat, un syndicalisme moderne et de notre temps et non de ces
vieilles lunes réformistes mises au goût du jour et
auxquelles on aimerait nous faire croire.
Au
fond, ce qui est en jeu avec ce Congrès c’est
l’indépendance de la CGT et la capacité de ses
dirigeants à y veiller comme à la préserver. La
CGT a longtemps été abusée par un faux débat
sur son rapport au politique ! En fait le “forcing” qui
lui fut imposé sur la relation CGT/ PCF masquait l’abandon
de positions de classe et un recentrage au nom du «
syndicalisme rassemblé » et de relations privilégiées
avec la CFDT, en fait un conformisme syndical concocté à
Bruxelles dont les adhérents de la CGT étaient tenus
dans l’ignorance. Nicole Notat, Secrétaire générale
de la CFDT, avait demandé à la CGT comme garantie de
son soutien à l’adhésion à la CES et parmi
4 conditions de faire le choix de la négociation et de la
proposition au détriment de la contestation, et de se rallier
ainsi aux thèses qui dominent le syndicalisme européen
et d'écarter de la direction les camarades qui pouvaient
menacer ces changements. On lui donna satisfaction au congrès
confédéral de Strasbourg! 10 ans après, on peut
juger du résultat et donc du bilan.
C’est
dire la responsabilité de tous et de toutes dans le débat
comme dans les décisions à prendre à ce 50eme
Congrès pour donner à la CGT la direction et
l’orientation de combat dont elle a besoin ! Voilà ce
que les travailleurs attendent de la CGT, ils n’en attendent
rien d’autre !
Propositions
d’amendements pour le cinquantième Congrès de la
CGT – par la CGT Fralib Géménos
Nous
proposons 7 amendements, en noir
et gras
ce que nous proposons de rajouter :
1ère
proposition d’amendement sur l’article I.39 :
Les
experts du travail, ce sont les salarié-e-s eux-mêmes,
ils et elles créent la richesse, ils et elles doivent être
en capacité de faire entendre leurs choix.
Ils
doivent donc en être les propriétaires afin qu’elle
soit répartie dans le sens de l’intérêt
commun.
2ème
proposition d’amendement sur l’article I.55 :
Les
« territoires » sont aussi des lieux d’expression
de revendications fortes pour « bien vivre et travailler
au
pays ».
3ème
proposition d’amendement sur l’article I.112 :
La
CGT
fait le
choix de l’action pour le progrès social,
la
réappropriation des moyens de production,
d’un
mode de production et de répartition des richesses créées
par le travail tournés vers la satisfaction des besoins
sociaux, seule solution efficace pour sortir de la crise.
Dans
ce but elle se prononce pour la nationalisation des grands groupes
producteurs et distributeurs de richesses.
4ème
proposition d’amendement sur l’article II.152 :
Prenant
naissance dans le besoin d’exercice de la citoyenneté à
l’entreprise, la démocratie sociale n’a sens que
dans la construction du progrès social. Sa finalité est
de diriger la marche de l’économie dans cette voie. Elle
ne doit donc pas être confinée au périmètre
de l’entreprise. Le syndicalisme confédéré
s’est constitué pour conquérir des normes
sociales interentreprises, aux niveaux des branches, et
interprofessionnelles, afin d’extraire l’élaboration
et l’application des normes sociales de la concurrence
économique.
Dans
le secteur nationalisé les salariés, par
l’intermédiaire de leurs instances élues, font
les choix de gestion au service de la collectivité. Pour ce
faire ils élisent leur direction à l’instar de ce
qui se réalise ailleurs dans le monde en particulier dans les
«
usines sans patron »
de l’Amérique du Sud.
5ème
proposition d’amendement sur l’article II.172 :
Il
faut réinventer et refonder l’Etat stratège et
développeur, c'est-à-dire en capacité
d’anticiper les mutations et de mettre en œuvre des
politiques favorisant la cohésion entre les habitant-e-s comme
entre les territoires, plaçant l’intérêt
général au cœur de ses interventions. La question
de la proximité et du développement des services
publics est à ce titre incontournable. Cela suppose aussi
d’imaginer une nouvelle planification pour donner à
l’Etat et aux collectivités les moyens d’une
vision prospective fondée sur une évaluation renforcée
et des services publics confortés.
Par
état stratège nous entendons que l’appareil
d’état soit démocratisé afin d’être
au service de la nation et à ce titre serve d’outil aux
salariés pour qu’ils deviennent maitres des choix de
production et d’échanges.
6ème
proposition d’amendement sur l’article II.204 :
La
CGT
mène
depuis dix ans une bataille acharnée pour la défense et
le développement des activités industrielles et des
emplois, pour une nouvelle conception de l’industrie, des
filières et de leur place dans les activités
économiques. Elle a réussi à en faire un débat
national au point que la reconquête industrielle est devenue un
axe des politiques publiques. Reste à gagner sa mise en œuvre.
Les
travaux issus de la conférence de Villepinte constituent une
référence pour développer nos propositions en
matière de développement et de défense de notre
potentiel industriel national.
7ème
proposition d’amendement sur l’article II.212 :
Développer
une politique industrielle, c’est également se placer
dans un cadre européen et international pour éviter une
division inadmissible du travail en Europe. Certains, comme
l’Allemagne, restent encore industriels, d’autres
deviennent des économies de services et de tourisme. Cela pose
la question d’une politique industrielle à l’échelle
européenne, s’inscrivant dans de nouvelles relations
entre les Etats, prenant appui sur les droits sociaux et
environnementaux, la lutte contre les paradis fiscaux, les
coopérations nécessaires entre les pays,
qui
s’appuient sur le respect des souverainetés nationales
et le droit des peuples de décider de leur modèle
économique et social.
… au
service des peuples !
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