La
première préoccupation d'un gouvernement se
revendiquant de « gauche » devrait être
la protection des plus faibles, la sauvegarde de la seule source de
revenu des travailleurs : leur travail. Même sans se faire
d'illusions, c'était ce qu'on était en droit d'attendre
de ce gouvernement dans un contexte de crise systémique qui
voit 50 000 travailleurs perdre chaque mois leur emploi. C'était
ce qu'on était en droit d'attendre du Ministre du
« redressement productif », Arnaud Montebourg,
prompt à pousser des coups de gueule avec un art consommé
de la formule va-t-en guerre. Mais Monsieur le Ministre aboie plus
qu'il ne mord.
Ce
gouvernement a choisi son camp. Contre les travailleurs, contre
les salariés de Florange et d'ailleurs, il a choisi de ne
pas effaroucher le patronat, de ne pas faire peur aux pigeons, de
ne pas être un scandale aux yeux de Laurence Parisot, la
patronne du MEDEF, la gardienne de l'ordre bourgeois. Contre les
travailleurs, ce gouvernement a choisi Monsieur Mittal, deuxième
fortune du Royaume-Uni, archétype de la bourgeoisie compradore
indienne, membre du conseil d'administration de la banque Goldman
Sachs qui lui a permis en 2006, par une OPA hostile, de mettre la
main sur le groupe ARCELOR après que le gouvernement de la
‘Gauche plus rien’ eut vendu la maigre part qui restaient
encore à l'Etat.
L'accord
pourri et sans valeur, dont se drape fièrement le gouvernement
Ayrault après s'être vautré dans la fange des
Draculas de la finance, ne va pas tarder à produire ses effets
néfastes et catastrophiques pour les travailleurs du groupe
Arcelor-Mittal et, au passage, pour ceux de ses sous-traitants. Après
Gondrange, Florange n'est qu'une étape. L'usine de Dunkerque
sera-t-elle la prochaine ? Déjà les salariés de
l'usine de Basse-Indre, en Loire Atlantique, se sont mis en grève
contre le transfert des deux premières étapes de la
production sur le site de Florange. Des arrêts de travail se
développent sur d'autres sites du groupe comme à
Dunkerque, Fos sur Mer ou bien encore Saint Chely d'Apcher. Les
travailleurs, eux, ne se sont pas trompés. Ils savent que
la parole de Mittal ne vaut rien. Ils anticipent, refusant d'être
les jouets d'un voyou qui, avec la complicité du gouvernement
français, cherche à dresser les salariés du
groupe les uns contre les autres en les mettant en concurrence.
Florange contre Basse-Indre, Basse-Indre contre Dunkerque. Mais cela
ne prend pas. Cela ne prendra pas.
Que
cherche donc ce gouvernement? Que les plus désespérés,
de plus en plus nombreux, aillent se jeter dans la gueule de la bête
immonde, dans la gueule du Front National qui attend son heure dans
les salons dorés de la bourgeoisie qui le nourrit?
Ce
gouvernement s'est révélé être ce qu'il
est: un gouvernement par défaut, à la solde du capital
financier, prompt, comme le précédent, à
lancer la chasse aux Sans-Papiers et à se moquer des
travailleurs. Les contre-feux qu’il essaie d’ouvrir, par
exemple sur le « mariage pour tous », pour se
donner un profil de « gauche », ne sont qu’un
leurre qui ne dupera aucun travailleur.
La
nationalisation du site de Florange est la seule réponse que
peuvent accepter aujourd'hui les salariés qui se battent
pour garder leur emploi et leur dignité. Une
nationalisation définitive et sans rachat ! Car une
nationalisation partielle et temporaire en attendant un improbable
repreneur, serait encore un coup bas infligé aux travailleurs.
On remet à flot et on brade les machines et les hommes.
La
nationalisation a plusieurs vertus. Elle permet tout d'abord
d'identifier l'ennemi qui n'est ni le Sans-Papier, ni le Rom quêtant
au feu rouge. Mais bien le patron, l'exploiteur qui touche des aides
publiques pour aller, comme DOUX, faire la java des profits à
l'étranger, dans des zones plus calmes, moins regardantes. Des
zones de non-droit. De non-droit pour les travailleurs.
La
nationalisation, pour peu qu'elle soit définitive, affaiblit
le capital, affaiblit la broyeuse des peuples qu'est l'Union
européenne en renforçant l'indépendance
nationale. C'est un mot d'ordre clair qui éloigne les
travailleurs des idées nauséabondes de l'extrême
droite qui fait semblant d'être de leur côté.
C'est une revendication dont le fascisme ne peut s'emparer. Hitler,
Mussolini, Pétain, Franco, Salazar, les colonels grecs,
Pinochet et tous les autres pourfendeurs des peuples n'ont jamais
rien nationalisé. Au contraire !
La
nationalisation peut permettre de sauvegarder les emplois et, à
terme, de planifier, en partie du moins, la production.
Enfin,
la nationalisation peut être un trait d'union entre tous les
travailleurs. Tout le monde a quelque chose à y gagner.
Alors
oui le site de Florange doit être nationalisé !
Il doit être nationalisé d'abord pour les travailleurs
et leurs familles, qui depuis des mois vivent dans l'angoisse. C'est
reconnaître qu'ils sont les vrais et seuls producteurs de
richesses. Qu'ils sont les seuls à risquer quelque chose dans
cette affaire. Car aujourd'hui, ceux qui doivent suivre avec
appréhension le cours de la bourse, ce sont les salariés
qui risquent chaque jour de perdre leur emploi pour quelques dollars
de plus dans la poche des actionnaires rapaces. Dans la poche des
parasites qui vivent de la « tonte des coupons »
comme d'autres prospèrent de la tonte des moutons.
Florange
doit être nationalisé, oui ! Florange seulement ? Non !
Toutes
les entreprises qui licencient, qui délocalisent doivent être
nationalisées, sans rachat ni indemnité. Les
indemnités, elles les ont déjà touchées
plusieurs fois à coup d'aides publiques, d'exonération
de cotisations sociales, de cadeaux fiscaux et de subventions
diverses et variées. Et ce gouvernement en rajoute une louche
en promettant 20 milliards d'aides aux entreprises. Joyeux Noël,
Monsieur Mittal !
Pris
dans le tourbillon de la crise du capitalisme que les patrons leur
font payer, les travailleurs doivent exiger la nationalisation de
toutes les entreprises qui licencient et qui délocalisent.
Ils doivent également exiger le re-nationalisation de
l'énergie, du raffinage à la production électrique
en passant les télécommunications.
Pour
le travail, le pain, la dignité :
Nationalisons
!
Licencions
les patrons !
|