En
tant que maire de Billy-Montigny, je suis heureux que ayons été
si nombreux à participer à cette belle marche.
A
travers la mémoire d’Emilienne Mopty, résistante
qui connut un destin funeste, c’est également celle de
toutes les femmes, les filles, les épouses de mineurs que nous
honorons aujourd’hui. Il y aura 71 ans demain, quelque 1.500
femmes venant de toutes les communes environnantes déferlaient
à travers les rues avant de se réunir ici même
devant ce qui était autrefois le siège de la compagnie
des houillères. Plus de 1.500 femmes déterminées
à soutenir les mineurs en grève contre la brutalité
de l’occupant allemand et l’avidité des
exploiteurs de la mine.
Car
ces femmes courageuses ne partageaient pas seulement le quotidien
rude de cette corporation dure à la tâche, elles en
partageaient également les combats. Et il est peu de dire
qu’ils ont été nombreux tant la façon dont
on a traité nos mineurs était inique. Même des
années après la fermeture du dernier puits de mine,
Nicolas Sarkozy et les siens ont encore trouvé le moyen de
s’attaquer à leurs droits en remettant en cause le
régime de sécurité sociale des Mines par le
biais d’un décret dont nous demandons l’abrogation
immédiate.
Si
être réunis si nombreux ici aujourd’hui, c’est
tout un symbole. Le centre Léon Delfosse en est un lui aussi
puisque ce bâtiment qui représentait hier la toute
puissance du patronat des Houillères est devenu aujourd’hui
un centre culturel que s’est approprié notre population
et qui porte l’un des principal responsables syndical de la
fédération CGT du sous-sol.
Cette
terre est une terre de lutte, de résistance. C’est une
terre de gauche et il se trouve que cette marche marie à
merveille le souvenir des combats d’hier et notre détermination
à mener les combats de demain.
Le
premier devoir de la gauche était de mettre un terme au règne
arbitraire de Nicolas Sarkozy et de la droite. Elle s’en est
acquittée lors des présidentielle et le Front de gauche
est fier d’y avoir participé. Il l’est d’autant
plus que son intervention a été décisive.
La
gauche a maintenant un autre devoir : celui d’entreprendre
et de réussir une vraie politique de changement capable de
redonner des perspectives à notre peuple et de l’espoir
en un avenir meilleur.
Le
nouveau gouvernement vient de lancer quelques signaux :
restrictions dans le train de vie de l’Etat, augmentation de la
prime de rentrée scolaire, léger coup de pouce au Smic…
Bien sûr, tous ceux qui en bénéficieront ne vont
pas s’en plaindre mais il ne s’agit là que de
quelques mesures ponctuelles qui sont sans aucune commune mesure avec
les défis qui s’imposent à nous. Ce dont la
France a besoin, c’est de réformes structurelles qui
traduisent la volonté de rupture avec les politiques menées
depuis des décennies et non la poursuite d’une politique
libérale retouchée ça et là par quelques
mesurettes sociales.
On
le voit bien, pour réussir le profond changement que notre
peuple attend et auquel il a droit, il faudra être solide,
résistant et avoir, chevillée au corps, la volonté
farouche de combattre ce système.
En
effet, à peine au pouvoir, le nouveau gouvernement se trouve
déjà mis en garde par la Commission européenne
qui rappelle les exigences d’une réduction des déficits
publiques et émet de sérieux doutes sur la pérennité
du système de retraite.
Alors,
une question est dans toutes les têtes, et elle est cruciale :
qui va tenir les commandes ? Qui décidera demain des
orientations politiques et des principes fondamentaux à mettre
en œuvre dans notre pays ?
Ceux
qui, à gauche, pensent pouvoir réaliser un grand écart
entre les aspirations du peuple et les exigences des marchés
financiers sont dans l’erreur.
Continuer
de se soumettre au monde de la finance, ce serait accepter ni plus ni
moins de poursuivre une politique faite d’austérité
et de sacrifices alors que nombre d’urgences sociales
s’expriment.
Il
n’est plus tolérable de voir certaines grandes
entreprises se gorger d’aides publiques tout en continuant de
distribuer à l’envi des dividendes juteux. Il n’est
plus acceptable de laisser certains dirigeants empocher des
indemnités pharaoniques alors que leur seul « mérite »
-si j’ose dire- est d’avoir dégraisser les
effectifs.
Plus
de 45.000 suppressions de postes sont annoncées à brève
échéance, et notre département n’est pas
épargné avec Durisotti à Sallaumines,
Il est urgent de mettre un terme à la désindustrialisation
de notre pays qui met à mal l’économie de notre
pays, aux plans sociaux qui ruinent la vie de dizaines de milliers de
travailleurs et de leurs familles.
Il
est primordial que l’Etat reprenne en main les services publics
dont l’unique but doit être de rendre service à
nos populations et non de répondre à des critères
de rentabilité. Ceux qui les utilisent doivent cesser d’être
des « clients » pour redevenir des « usagers ».
Les mots ont souvent leur importance. Ils prennent ici tout leur
sens.
Ainsi,
par exemple, il est inacceptable que certains biens indispensables
comme l’eau soient confisqués par de grands groupes
privés pour être ensuite revendus à prix d’or.
C’est ce qui a motivé le combat du groupe communiste à
la CALL pour la création d’une régie directe,
revendication qui n’a malheureusement pas trouvé d’écho
du côté du groupe majoritaire socialiste qui a préféré
le groupe tentaculaire Véolia.
De
la même façon, il est irresponsable de tailler dans les
effectifs de l’éducation nationale et d’entasser
toujours plus d’élèves dans les classes sans se
soucier un seul instant du contexte économique et social dans
lequel vivent ces enfants. Le moment n’est pas à
s’épuiser dans un débat stérile concernant
la semaine de 4 jours mais de décréter rapidement des
créations de postes.
Et
que dire du désastre que l’on constate aujourd’hui
dans le domaine de la santé après des années de
réformes plus nocives les unes que les autres. Qu’il
s’agisse de la loi Bachelot, de la loi Boutin… Chacune
d’elle a abouti à ce que l’on considère
d’abord les dépenses avant d’envisager la vie
humaine. Là encore, nous connaissons bien les drames liés
à ce genre de politique puisque notre secteur est le dernier
en France en terme d’indicateurs santé. Et comme si cela
n’était pas suffisant, même le régime
minier a été mis à mal.
Qu’il
s’agisse de santé, d’emploi, d’agriculture,
d’environnement ou encore de logement, les enjeux sont
colossaux. Mais il faut être clair, aucun des
bouleversements nécessaires dans ces domaines ne sera possible
si l’on ne procède pas également à un
autre bouleversement d’envergure : celui de l’Union
européenne.
Le
PCF a toujours été de ceux qui combattent les guerres
impérialistes ou le colonialisme et nous avons toujours lutté
pour la paix et la coopération entre les peuples. Néanmoins,
dès l’origine nous nous sommes opposés à
la construction européenne qu’on nous présentait
pourtant comme un rempart, comme une protection. Et nous avons eu
raison.
L’Union
européenne, c’est la CECA, l’Acte unique de 1986,
les traités de Maastricht, d’Amsterdam, … Ce sont
des multiples sommets comme celui de Madrid, de Lisbonne ou de
Barcelone lors desquels, sous l’œil bienveillant du grand
patronat, les gouvernements ont plaidé avec ardeur pour un
report de l’âge de la retraite, un allongement du temps
de travail, une libéralisation des secteurs publics (le rail,
les communications, l’énergie, les transports…),
la réduction des droits des salariés et des chômeurs…
L’Union
européenne, c’est aujourd’hui l’application
méthodique d’une politique de rigueur qui a enfonce de
nombreux Etats membres dans une spirale de récession.
Et
puis surtout, l’Union européenne, ce sont aujourd’hui
des peuples en souffrance qui se révoltent. En Espagne ou en
Angleterre, les « insurgés » ne
désarment pas. En Grèce où un fort pourcentage
d’électeurs a accordé sa confiance à
l’équivalent de notre Front de gauche.
Partout,
ces femmes et ces hommes poussent un seul et même cri. C’est
celui de la colère contre ces gouvernants qui les ont trahis
mais c’est aussi celui de l’espoir.
Ce
cri, il retentit également dans notre pays.
La
gauche est aujourd’hui face à de grandes responsabilités
et elle a le devoir de réussir.
Je
l’ai dit tout à l’heure, nous sommes dans une
terre de lutte, et de volonté nous n’en manquons pas.
Je
suis candidat Front de gauche aux élections législatives
dans cette 3ème circonscription tout simplement
parce qu’il n’est pas question pour moi, comme pour les
autres candidats Front de gauche, de donner un blanc seing à
ce gouvernement et au Parti socialiste, et ce n’est pas sans
raison.
Car
il faut être clair : Le PS et nous défendons
parfois les mêmes causes mais des divergences fondamentales
nous séparent. Ainsi dernièrement la ratification du
Traité instituant le mécanisme européen de
stabilité a pu être adopté grâce à
l’abstention et au refus de vote d’une grande partie des
sénateurs socialistes. De là même façon,
il a manqué 3 voix à gauche pour que la proposition de
loi déposée par notre camarade Dominique Watrin, visant
à interdire les licenciements boursiers, soit adoptée.
Ce
comportement est d’autant plus insupportable que c’est
pourtant bel et bien ce genre de mesures que la gauche devra prendre
demain si elle veut vraiment changer les choses. Une telle
attitude démontre toute l’importance qu’il y aura
à envoyer siéger demain sur les bancs de l’Assemblée
nationale un maximum de député Front de gauche.
Je
le redis, les mots ont un sens et pour nous, « l’Humain
d’abord », « prenez le pouvoir »
ne sont pas de vulgaires slogans dont on use et abuse.
« L’Humain
d’abord », cela traduit notre vision d’un
monde où l’argent n’est plus une fin en soi mais
un instrument au service de l’accomplissement des peuples.
« Prenez
le pouvoir », c’est notre façon de vous dire
que vous pouvez, à travers votre vote, élire ceux qui
seront vos meilleurs porte-parole à l’Assemblée
nationale non seulement parce qu’ils connaissent les problèmes
auxquels vous êtes confrontés mais aussi et surtout
parce qu’ils défendent une conception de la politique à
mener radicalement différente de celle des autres.
Ce
sont d’ailleurs sans doute les mêmes valeurs qui ont
conduit les membres du Conseil national de la Résistance à
opérer toutes ces belles et grandes réformes que la
droite et le patronat n’ont eu de cesse de mettre en cause.
Parce
que nous sommes viscéralement attachés à la
construction d’une autre société où la
peur de l’autre et de ses différence fait place à
la fraternité, où la volonté de s’enrichir
cède le pas à la volonté d’améliorer
la condition des travailleurs…, nous avons l’intention
dans cette 3ème circonscription de nous battre
jusqu’au bout pour faire grossir les rangs des députés
Front de gauche. Et nous ne doutons pas que tous les autres candidats
Front de gauche sont animés des mêmes intentions.
|