Le jeune
martyr tunisien Mohamed Bouazzi, en s’immolant, a ouvert la
voie à une révolte sans précédent qui a
entraîné la fuite du dictateur Ben Ali. A qui le
tour, sommes-nous tentés de dire. Ce vent de révolte
initié en Tunisie n’est-il pas le souffle continuateur
de celui qui a bouté le colonialisme hors d’Afrique, il
y a maintenant 50 ans ? Après avoir chassé hier
les colons, le peuple chasse ses héritiers d'aujourd'hui,
laquais africains des grandes puissances impérialistes.
En
Tunisie, les mots d’ordre scandés par les manifestants
comme «
Le
travail est un droit, bande de voleurs
»,
« Bas
les pattes du pays, bande de corrompus
»,
« Travail,
liberté, dignité
»,
« Liberté,
liberté et non présidence à vie
»,
« A
bas le parti de la constitution, à bas les tortionnaires du
peuple
»,
«
Ben Ali lâche, le peuple ne se laisse pas faire »....
pourraient être repris dans la plupart des pays africains. De
mouvement de contestation sociale, les mots d’ordre ont été
élargis progressivement au champ politique. Le pouvoir ne s’y
est pas trompé car une vague d’arrestations s’est
abattu rapidement sur des opposants politiques, dont celle du
porte-parole du Parti communiste des Ouvriers de Tunisie (PCOT),
Hamma HAMMAMI.
Le
soutien de l’impérialisme US, de l’UE et de la
Françafrique à la tyrannie criminelle de Ben
Ali a été exprimé lorsque que l’actuel
directeur général du FMI, Strauss Kahn, que la grande
presse veut imposer comme futur candidat PS, avait déclaré
que « l’économie
tunisienne va bien (...) jugement très positif du FMI sur la
politique tunisienne (...) qui est un bon exemple à suivre »
ce que le dictateur de Tunis avait récompensé en
l’élevant au grade de « Grand officier de l'ordre
de la République ».
Pendant
que les tirs à balles réelles assassinaient les
manifestants, Michèle Alliot-Marie, Ministre Française
des Affaires étrangères a déclaré le 11
Janvier 2011 ouvertement à l'Assemblée nationale la
totale complicité de l’Etat Français : «
Nous proposons que le
savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier de nos forces de
sécurité permette de régler des situations
sécuritaires de ce type. C'est la raison pour laquelle nous
proposons aux deux pays [Algérie et Tunisie], dans le cadre de
nos coopérations, d'agir en ce sens pour que le droit de
manifester puisse se faire en même temps que l'assurance de la
sécurité..
».
En
Algérie, les récentes émeutes, médiatisées
pour une fois ici en France, du fait de la flambée des prix
des denrées alimentaires ne doit pas occulter qu’il ne
se passe pas un jour sans qu’il y ait des manifestations et des
blocages de routes, des grèves longues et dures etc.…
Pour rappel, en avril 2001, la répression face au large
mouvement de contestation en Kabylie a fait plus de 100 victimes.
Les
émeutes d’Octobre 88 (plus de 500 morts) avaient permis
d’espérer des avancées, mais le réformes
concédées par le pouvoir algérien lui ont permis
de se régénérer en propulsant en 1ère
ligne l’intégrisme islamiste tout en usant de la
corruption, du clientélisme et de la répression pour
faire taire toute opposition. Malgré le courage du peuple
algérien qui a su résister et défaire les hordes
islamistes, malgré le courageux combat des femmes contre
l’intégrisme et pour leur émancipation, l’arrivée
de Bouteflika a remis une chape de plomb sur la société
algérienne. Caractérisé par la gabegie, la
corruption généralisée fortement présente
du fait même de l’extrême richesse de l’Algérie,
ce sont des pans entiers d’acquis obtenus au cours de l'ère
Boumediene que l’ère Bouteflika a réduit à
néant. Appliquant docilement les recettes de leurs mentors du
FMI, de la Banque Mondiale, de l’UE ou des Etats-Unis, le
démantèlement progressif des services publics algériens
(Education, Santé…) est mené, une économie
de bazar (dite d’import-import) a détruit les germes de
tissus industriels préexistant hérités de la
période progressiste patriotique et a permis d’enrichir
à coups de milliards cette bourgeoisie compradore parasitaire
qui suce le sang des algériens. Même le sous sol
algérien a failli être bradé, n’eut été
l’intervention in-extremis du Président Chavez qui a
permis d’éviter l’irréparable. Il ne faut
pas s’y tromper : sous un vernis démocratique,
c’est l’état de siège décrété
en 1991 qui perdure encore
En
Tunisie, le Parti Communiste des Ouvriers (PCOT) souligne
que « le
peuple tunisien a besoin d'un nouveau gouvernement démocratique,
national et populaire naissant de la volonté et de la
représentation de ses propres intérêts. Et un
système de ce type ne peut voir le jour à partir du
système actuel et de ses institutions, ou de sa constitution
ainsi que de ses lois, mais seulement sur ses ruines par une
assemblée constituante élue par le peuple dans des
conditions de liberté et de transparence, après avoir
mis fin à la tyrannie. La tâche d'un Conseil populaire
est l'élaboration d'une nouvelle Constitution qui pose les
bases de la République démocratique, avec ses
institutions et ses lois. (…) L'adoption de mesures immédiates
pour le monde du travail : la garantie du revenu, de la santé
et la reconnaissance immédiate du syndicalisme de base et
indépendant des précaires et de chômeurs. Le
Parti communiste des ouvriers restera, comme il l'a toujours été,
du côté des travailleurs, des démunis et des
pauvres, en première ligne pour un nouvel ordre en Tunisie,
pour la liberté, la démocratie et la justice sociale »
Cette
voie proposée pourrait être aussi le chemin à
suivre en Algérie mais aussi dans toute l’Afrique, pour
en finir avec les colons d’hier et leurs héritiers
d’aujourd’hui.
Les
politiques de régression sociale menées par Sarkozy et
que subissent les classes populaires françaises de plein fouet
ont la même odeur et la même saveur que celles menées
en Afrique par le FMI et la Banque Mondiale. Elles sont menées
pour satisfaire les appétits féroces et insatiables
d’une minorité au détriment des peuples.
La
solidarité internationaliste de classe prend tout son sens,
car l’ennemi est commun. Il faut soutenir les luttes de là-bas
en dénonçant et en combattant fermement cette
recolonisation.
Vive la
lutte du peuple tunisien ! Vive la lutte des peuples d'Afrique !
Solidarité Internationale avec le peuple tunisien et les
peuples opprimés !
Gloire
aux martyrs tunisiens tombés pour
la liberté, la démocratie et la justice sociale !
|