Valérie
Pringuet est numéro 2 de la liste unitaire menée par
Alain Bocquet dans le Nord. Nous publions ci-dessous des extraits
d'une interview de notre journal Chantiers dans le cadre de notre
campagne pour la liste régionale « l'Humain
d'abord » à laquelle nous participons.
Chantiers :
Peux tu nous expliquer pourquoi il est important de soutenir la liste
unitaire « L’Humain d’abord » menée
par Alain Bocquet aux élections régionales ?
Valérie
Pringuet : Il y a deux grandes raisons. D’abord le
fait que cette liste réunisse plusieurs partis de gauche, au
delà du Front de Gauche lui même puisqu’il s’est
élargi depuis les dernières élections. L’unité
est toujours une bonne chose du point de vue politique !
Ensuite, il y a la règle d’or de cette liste ;
« l’humain d’abord », qui est en
relation directe avec ce qui s’est passé par exemple
dans ma boîte récemment [licenciement de 190 ouvrières
de Pimkie Diramode par le groupe Mulliez en janvier 2010]. Mulliez
avait soi-disant pour devise « l’homme passe avant
le fric », évidemment il a prouvé le
contraire. Par contre nous, on va savoir l’appliquer!
Chantiers :
Tu es une dirigeante CGT, très impliquée dans la
récente lutte des Pimkie où tu travailles. Comment
passe t-on de la lutte syndicale à la lutte politique ?
Valérie
Pringuet : Je ne suis pas la seule actrice de mouvements
sociaux sur la liste. On dit toujours qu’il y a un lien entre
les luttes et la politique, et c’est vrai. Moi je l’ai vu
sur les piquets de grève avec les différents soutiens
politiques justement… A vrai dire, je n’ai jamais été
fan des partis politiques, mais quand j’ai vu l’investissement
qu’il y a eu dans cette lutte sans intérêt
particulier, ce n’était pas de la récupération,
ça se sentait. C’était simplement une aide
logique à des salariés en galère et qui se
retrouvaient à bloquer les sites dans le froid pendant des
jours et des nuits…
Chantiers :
En discutant avec des ouvrières de Pimkie sur le système,
au delà de la lutte contre Mulliez, on se rend compte qu’il
y a la même déception vis à vis des patrons et
des gouvernants. As-tu entendu aussi ce genre de propos pendant les
piquets et qu’en penses-tu toi même ?
Valérie
Pringuet : Je pense que la crise financière qu’on
traverse et qui a des conséquences aujourd’hui sur
l’emploi, vient du système capitaliste lui même,
c’est évident. Les filles, je pense qu’elles s’en
rendent compte parce qu’en regardant la télé, en
écoutant la radio, elles ne croient plus ce qu’on leur
raconte et surtout elles ont conscience que maintenant sans le fric
rien ne fonctionne dans cette société. Là dessus
je suis évidemment d’accord avec elles. On a à
peu prés la même vision des choses : Si on ne
change pas notre manière de fonctionner, pas en « moralisant »
le capitalisme parce que ça ne marche pas, mais en changeant
vraiment le système, on peut avancer. Si ce système ne
change pas, la crise va peut être se calmer là, mais
elle reviendra encore plus forte après. On a eu une succession
de crises depuis 1929, jusqu’à celle ci qui est énorme.
A force de ne pas résoudre les crises qu’on a vécu
auparavant, plus on va avancer dans le temps et plus ça va
s’accélérer… d’où l’urgence !
Les banquiers seront toujours les mêmes : tu leur avances
l’argent qu’ils viennent de perdre, ils recommencent de
plus belle ! C’est un cercle sans fin !
Chantiers :
Nous pensons que justement ces ouvrières et ces ouvriers,
comme ceux de Pimkie, qui prennent progressivement conscience de la
nocivité du système, sont aussi ceux qui renverseront
un jour ce système…
Valérie
Pringuet : Je le pense aussi. Même si dans un premier
temps, les gens, tout seuls, ne pensent pas à changer les
choses, un peu comme chez les Pimkie avant la grève. Depuis
plusieurs mois les salariés voulaient sortir. Ils ne sont pas
sortis, pour des raisons syndicales internes sur lesquelles je ne
m’étendrai pas. Mais c’est quand ils se sont
retrouvés réunis réellement qu’ils se sont
dit que c’était possible de changer les choses quand on
se retrouve ensemble. On leur avait dit depuis longtemps à la
CGT, que c’est uniquement tous ensemble qu’on peut faire
avancer les choses, que ce n’est pas individuellement que les
choses changeront. Mais ça, les ouvrières l’ont
finalement découvert réellement. Et peut être que
cela aura des conséquences futures sur leur manière de
voter par exemple. On trouve toutes les tendances politiques chez les
ouvrières de Pimkie, mais j’espère que cette
grève peut leur faire dire maintenant qu’on peut changer
les choses plus profondément encore si on bataille ensemble.
Je leur ai dit souvent « n’oubliez pas ce que
vous avez vécu pendant ces trois semaines de grève !
C’est très important ! ».

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