Nous
publions ici les dernières nouvelles du combat des ADOMA et
de la répression syndicale qui s'est abattue sur notre
camarade Charles Hoareau, dirigeant CGT Bouches du Rhône et
porte parole de l'organisation Rouges Vifs 13.
RM :
Alors Charles quel est le verdict et ton sentiment sur celui-ci ?
CH :
Je suis relaxé de deux des 3 chefs d’inculpation pour
lesquels je comparaissais à savoir les injures et les
menaces, menaces que le procureur avait souhaité voir
requalifiées en menaces de mort. Si la juge avait suivi le
procureur sur ce point j’étais passible d’une
peine de prison. Concernant plus particulièrement ces
dernières la juge a invoqué, et c’est une
bonne chose le contexte social de l’affaire, qui aurait pu
expliquer si tel avait été le cas, des propos de
colère. Je rappelle que les salariés passaient en
justice pour la 19ème fois (sans compter les reports !)
pour obtenir le paiement de leur salaire bloqué depuis deux
ans maintenant…et qu’ils n’ont toujours pas eu
malgré 7 condamnations… [1].
J’ai par contre été condamné pour
« violence légère ayant entraîné
un arrêt de travail de moins de 8 jours », le
fameux choc psychologique, à 500€ d’amende.
Malgré l’absence de témoin crédible, [2],
je suis condamné de manière totalement
incompréhensible. Au-delà de la version
invraisemblable donnée par le plaignant [3],
le caractère peu sérieux de ses certificats
médicaux [4] et du fait qu’un
policier a même déclaré à la presse :
« la confrontation a montré qu’aucun coup
n’a été porté ».
Je
suis donc traversé par des sentiments contradictoires. La
satisfaction que la justice m’ait reconnu innocent pour une
grande part, mais que quand même elle me reconnaît
coupable de faits sans avoir de preuve pour le faire.
RM :
comment expliques tu alors ce jugement ?
CH :
Dans cette affaire nos adversaires ont voulu nous monter un
chantier pour nous détourner du fond du procès. La
mobilisation lors de ma garde à vue, les plus de 5000
signatures déposées sur Internet, l’écho
médiatique sur des sites comme Bella Ciao ou des journaux
comme l’Huma, les 1000 personnes présentes le jour de
l’audience, ont empêché une comparution
immédiate ou une condamnation plus importante. C’est
cette mobilisation qui explique le décalage entre ce que
laissaient présager les différentes étapes de
la procédure et le résultat final. La justice aurait
été que je sois totalement relaxé, mais
politiquement cela ne leur était pas possible. Ils ont donc
rendu une décision pour ne pas nous donner la victoire
totale.
RM :
au chapitre de la mobilisation il y a eu aussi le comité de
soutien national et l’engagement de diverses organisations
au premier rang desquelles la CGT…
CH :
Oui et j’ai eu l’occasion de le dire à la
sortie de ma garde à vue, cela ne s’est pas démenti
par la suite. On ne met pas 1000 personnes dans la rue (surtout un
29 juin) sans un engagement fort des organisations du département
et de ce point de vue la CGT des Bouches du Rhône a donné
le maximum dès le premier jour. De même je trouve à
la fois normal, que sur cette question des libertés qui
dépasse ma personne, et encourageant pour les luttes, que
les premiers responsables d’organisations politiques dont je
ne suis pas membre, mais aussi que des personnalités de la
culture aient tenu à faire partie du comité de
soutien national. Cela a incontestablement pesé. Cela rend
encore plus incompréhensible la décision prise par
le bureau confédéral de la CGT qu’aucun de ses
membres ne fasse partie de ce comité de soutien. Quand j’ai
été informé de cela j’ai demandé
à Aline Pailler qui s’occupait de la récolte
nationale des signatures de stopper sa quête et de ne pas
solliciter la FSU. Il y avait déjà celle de la
secrétaire générale de SUD, ce n’était
pas la peine de charger la barque ! J’ai par contre
apprécié comme il se doit l’engagement de
dirigeants nationaux de la CGT qui spontanément, au vu de
l’enjeu, se sont fait connaître [ [Voir
liste.]].
RM :
et maintenant ?
CH :
Eh bien on continue ! La lutte des ADOMA se poursuit plus que
jamais. La vérité et la justice finiront bien par
ouvrir en grand le chemin qu’elles se sont déjà
frayé. Dans cette lutte ils savent pouvoir compter sur la
CGT des Bouches du Rhône et les militants de leur fédération
encore nombreuses et nombreux aujourd’hui devant le tribunal
à l’énoncé du verdict. En juillet j’ai
enfin été entendu par la brigade financière
suite au courrier que nous lui avions adressé dans l’été
2008. Apparemment l’inspecteur qui m’a entendu pendant
4h a été fort intéressé par les pièces
que je lui ai fournies et nous avons prévu de nous revoir à
la rentrée. De même d’autres éléments
qui mettent en cause le système qui a prévalu et
dont les salariés font les frais nous sont parvenus et
seront rendus publics (Et dont Rouge Midi rendra compte NDR). Sans
parler de toutes les manifestations prévues dont une montée
à Paris au siège d’ADOMA. Nous ne resterons
pas l’arme au pied en attendant le procès en appel du
17 décembre. On ne lâchera pas l’emploi !
Source
Rouge Midi
[1]
Mes propos exacts à l’époque et que j’avais
oublié dans le détail (ils m’ont été
rapportés après coup par des témoins de la
scène qui n’ont rien à voir avec le conflit
mais qui étaient présents ce jour là pour
des raisons professionnelles) étaient, à
l’encontre d’un des directeurs : « C’est
un scandale ce que tu fais ! Soi disant tu travailles dans
le social et tu ne paies pas les salaires ! De toute façon
on ne lâchera pas ! »
[2]
le seul témoin, employée du plaignant, ne s’est
pas présentée à la confrontation au
contraire des 6 témoins (dont l’avocat des
salariés) qui m’innocentaient.
[3]
"Dans ma tête je me disais : « Mais
comment c’est possible ? Hoareau tenait d’une
main Le Mons par le cou et de l’autre il n’a pas pu
l’atteindre avec son poing ? Il n’a pas l’air
d’avoir un bras plus court que l’autre ! ».
Franchement cette accusation aurait mérité une
reconstitution !! D’autant que Le Mons a déclaré
ne pas avoir esquivé le coup mais que celui-ci l’avait
effleuré…" Art ADOMA je t’aurai, je
t’aurai
[4]
"
Il y eut celui sur les certificats médicaux de Le Mons :
le 7 il va voir son docteur, le 8 il va voir le médecin
de l’UML qui ne voit aucune trace de coup…et le
soir il retourne chez son docteur qui écrit que la
veille il a bien vu des traces sur le cou !"
art déjà cité