Quelle
est la portée de la victoire du FLMN ?
Nohemy
Coto : Le
triomphe obtenu est le résultat d’une multitude de
luttes durant de nombreuses années. Depuis 1821, le peuple
salvadorien n’a cessé de lutter. Nous avons vécu
une guerre qui a culminé par des accords de paix. Mais
d’importants changements structuraux sont restés en
suspend. Le Front
Farabundo Marti
(FMLN) s’est inscrit dans la lutte politique, en transformant
un front armé en parti. Depuis 1994, nous n’avons cessé
de participer à la vie politique et aujourd’hui, en
2009, nous concrétisons une ambition tant espérée.
Une nouvelle histoire commence. C’est le résultat de la
lutte de tout un peuple et non d’un seul parti. C’est la
victoire d’un peuple qui entend garantir l’avènement
d’un gouvernement d’unité du pays capable
d’initier une nouvelle étape dans la vie du Salvador.
Émigration,
dépendance économique, crise sociale, insécurité…
Comment le nouveau gouvernement va-t-il gérer tous ces enjeux
et répondre à la demande sociale ?
Nohemy
Coto : Les
nouveaux président et vice-président, Mauricio Funes et
Salvador Sanchez Ceren, ont été clairs et visionnaires
à l’heure de définir les lignes du gouvernement.
Il s’agit d’impulser une réforme politique, une
réforme économique et une réforme sociale. Il
est urgent de prendre le chemin du développement et de
consolider la démocratie face à une crise
multidimensionnelle : énergétique, économique,
environnementale, politique. Nos indicateurs de développement
sont lamentables… La question de l’émigration
n’est pas qu’économique. Nous ne parlons pas
seulement d’envois d’argent mais de familles éclatées,
de désintégration du tissu social… Il est
nécessaire de construire des ententes nationales pour sortir
le pays de la crise.
Cette
élection a également un écho continental. Quelle
sera la politique régionale du Salvador, particulièrement
en direction des gouvernements de gauche ?
Nohemy
Coto : La
politique extérieure définie dans notre programme de
gouvernement repose sur le respect de l’autonomie et de la
souveraineté des peuples, leur autodétermination. Il
s’agit également d’une politique de paix dans
laquelle nous priorisons les relations avec tous les pays. Nous
instituerons des relations avec Cuba. Les entrepreneurs ont des
relations commerciales avec elle mais historiquement les
gouvernements de droite n’ont jamais ouvert de dialogue.
Nous
aurons les meilleures relations possibles avec les États-Unis,
du fait même des deux millions de Salvadoriens présents
sur leur territoire, mais également parce que c’est
notre principal partenaire commercial. Notre priorité est
également d’unir l’Amérique centrale pour
travailler à des enjeux communs. L’élection a
démontré que la population rejetait les sales campagnes
contre le président Hugo Chavez ou visant à dire que
nous allions rompre avec les États-Unis. Notre politique
extérieure sera basée sur l’autodétermination
et le respect. La coopération et l’appui des peuples
(cubain, vénézuélien et autres) ont été
historiquement bénéfiques. Nous entendons consolider la
solidarité entre les peuples. Ce que réclame
l’humanité.
Entretien
réalisé par Cathy Ceibe
Nohemy
Coto est députée du Front Farabundo Marti au Parlement
national.
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