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Retourner à la liste Imprimer 2007_12_02_rcc.pdf 2 Décembre 2007
Fondation du Rassemblement des Cercles Communistes

Résolution politique adoptée par la conférence inter-cercles (CHB, CC59-62, CCA, CCRP)

Rapport du Cercle Henri Barbusse

Le Cercle Henri Barbusse de Culture Ouvrière et Populaire, la Coordination Communiste Nord-Pas-de-Calais pour la reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire, le Cercle Communiste d’Alsace, le Cercle Communiste de la Région Parisienne, réunis en conférence inter-cercles le 2 décembre 2007, après avoir échangé leurs analyses de la situation politique nationale et internationale considèrent que :

  1. La tâche centrale à l’ordre du jour pour notre période est la reconstruction d’un parti communiste sans lequel aucune contre-offensive n’est possible face à la contre-révolution. Cette reconstruction ne peut être qu’un processus dialectique qui connaîtra des phases de développement quantitatif et des sauts qualitatifs. Elle se situe en conséquence à l’inverse d’une auto-proclamation d’une part et d’une attente idéaliste d’une émergence spontanée par les luttes sociales. Elle suppose que les communistes des différentes organisations prennent leurs responsabilités pour s’ancrer dans l’avant-garde ouvrière, pour construire leur unité idéologique et politique, pour sortir des chauvinismes d’organisation, de chapelle et de leaderships.

  1. Le travail mené en commun depuis plusieurs années a renforcé l’unité idéologique et politique entre nos cercles, développé quantitativement et qualitativement chacun d’entre eux, ancré nos militants dans les batailles concrètes de la dernière période.  Notre effort commun d’articuler théorie révolutionnaire et pratique dans le mouvement social tel qu’il est concrètement est la source de nos progrès quantitatifs et qualitatifs.

  1. L’engagement commun dans tous les espaces et initiatives visant à la convergence des organisations et militants communistes, et ce en dépit de nos divergences tactiques et stratégiques, est un autre signe de notre maturité. L’unité communiste est une lutte qui suppose à la fois d’éviter le sectarisme et de se contenter d’une unité de façade. Polémique communiste sur les divergences et action commune sur tous les points de convergences aussi petit soient-ils sont pour nous les deux assises de la reconstruction. L’attente de la création spontanée ou volontariste d’une organisation « pure » est une illusion idéaliste qui ralentit le processus de reconstruction d’un parti communiste.

Les organisations réunies décident en conséquence :

  1. De tirer les leçons de nos progrès quantitatifs et qualitatifs en les traduisant par un seuil plus élevé de l’organisation commune ;

  1. De développer l’expression politique commune correspondant à notre degré d’unité plus grand avec en particulier la transformation du journal « Chantier » en organe commun. Né d’une unité plus grande, ce journal commun a aussi pour objectif de renforcer cette unité ;

  1. De développer la politique d’éducation marxiste-léniniste selon un plan commun qui tienne compte des spécificités de chacune des localités et de chacun des cercles ;

  1. De développer des axes de stratégies, de propagandes et d’agitations communs qui auront à être adaptés par chacun à leurs spécificités concrètes ;

  1. D’intervenir de concert dans l’ensemble des espaces de convergences avec d’autres organisations communistes.

Pour réaliser toutes ces tâches, les organisations réunies décident :

  1. De mettre en place, un RASSEMBLEMENT DES CERCLES COMMUNISTES.

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Rapport du Cercle Henri Barbusse

A la conférence inter-cercles du 2 décembre 2007

 

La Coordination Communiste Nord-Pas-de-Calais pour la reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire, le Cercle Communiste d’Alsace, le Cercle Communiste de la Région Parisienne et le Cercle Henri Barbusse de culture ouvrière et populaire se réunissent aujourd’hui pour examiner et décider la mise en place du Rassemblement des Cercles Communistes (RCC).

Ce rassemblement indique qu’un certain niveau d’unité politique a été atteint entre nos cercles respectifs qui nécessite de coordonner notre travail commun.

Ce rassemblement reflète aussi la conscience que la marche vers la re-fondation d’un Parti Communiste héritier et continuateur du PCF/section française de l’IC né à Tours en 1920 nécessite des formes organisationnelles appropriées à chaque étape. Formes d’organisation déterminées par les tâches du moment, dans le respect strict de l’exigence léniniste de « se démarquer pour s’unir » étroitement liée au principe d’unité d’action léniniste.

Nous sommes à une époque de défaite contre-révolutionnaire où la démocratie - comprise ici comme le débat idéologique et politique le plus ouvert et le plus large possible - doit se combiner avec la centralisation la plus possible de l’unité d’action révolutionnaire anti-capitaliste. Démarcation idéologique et unité d’action des marxistes-léninistes contre la social-démocratie, le révisionnisme et le trotskisme.

1)       Brève historique de la lutte pour la reconstruction du PC révolutionnaire

Le processus de social-démocratisation du PCF dans le sillage de la prise de pouvoir des révisionnistes/trotskistes khrouchtchéviens dans la période 1953/1960 a connu différentes étapes :

-        les hésitations centristes de la direction du PCF sous Thorez, Duclos, Frachon qui a, à la fois, concilié et résisté face à l’offensive anti-staliniste de la direction révisionniste du PCUS vite relayée par l’impérialisme ;

-        le centrisme face à l’opportunisme de droite anti-soviétique qu’est « l’eurocommunisme », puis son adoption plus tard ;

-        le tournant opportuniste du « programme commun PS/PCF» fondé sur la théorie révisionniste de la conquête parlementaire du pouvoir qui a entraîné ensuite l’abandon idéologique de la dictature du prolétariat en 1976;

-        les premiers travaux pratiques de la collaboration de classe au pouvoir en 1981, puis leur répétition aggravée sous l’appellation de la « gauche plurielle » en 1997/2002 ;

-        la chute du mur de Berlin, la défaite du socialisme réel et la désintégration du camp socialiste et la restauration du capitalisme en URSS dans les années 90 ont précipité et accéléré le cours réformiste du PCF sous la forme de la « mutation » au nom du « communisme à la française » résurgence d’une déviation ancienne qui fut longtemps combattue au sein du PCF avec l’aide du Komintern et du Kominform.

A chaque étape, des éléments plus ou moins organisés ont, après une lutte interne plus ou moins longue, tenté de mettre en place des cadres regroupant les marxistes-léninistes. Du PCMLF maoïste dans les années 60, puis ses multiples démembrements semi-révisionnistes de droite et de gauche, puis ouvertement opportunistes, à la Coordination Communiste des années 90, les expériences d’opposition ont été marquées par le scissionnisme, qui a émietté les forces oppositionnelles au PCF révisionniste et réformiste, et l’incapacité notoire de s’ancrer dans le mouvement ouvrier et d’en conquérir l’avant-garde combative.

A l’origine de la Coordination Communiste, il y a la proposition faite par le Cercle Henri Barbusse à des militants PCF du Pas-de-Calais de mettre en place un cadre qui serait un front des communistes qui s’opposent à la social-démocratisation du PCF, qui défendent le camp socialiste et l’URSS ainsi que la dictature du prolétariat.

Ce cadre est né à l’époque sous le nom de « Coordination Communiste ». Il fut traversé de sa fondation en octobre 1991 jusqu’à la scission de décembre 1999 et jusqu’à l’exclusion de la Coordination Communiste 59/62 en 2002 par le débat sur la « Renaissance » du PCF ou la « Reconstruction » d’un PCF. Tiraillé entre ceux qui s’illusionnaient sur la possibilité de faire « renaître de l’intérieur le PCF héritier de Tours » et ceux qui pour « reconstruire » voulaient que « tous quittent et rompent totalement avec le PCF ». Nous sommes intervenus dans ce débat en développant à la fois la formule « un pied dedans et un pied dehors » et la défense de l’objectif de la reconstruction par la mise en place d’un cadre indépendant des « communistes qui veulent rester communistes » sans sectarisme vis à vis de la base du PCF. En effet, il s’agissait de condamner l’illusion d’un « redressement interne du PCF », mais aussi de se démarquer de la répétition saugrenue de la désastreuse expérience maoïste des années 60 de l’autoproclamation d’une secte pré-parti complètement coupée des militants à la base du PCF qui prennent progressivement et par vagues successives conscience de l’impasse du réformisme.

L’implosion de la Coordination Communiste et la multiplication des groupes issus des départs successifs du PCF permettent aujourd’hui de mesurer toute l’importance théorique et pratique du débat de la période 2000. L’on peut ainsi signaler de façon non exhaustive l’existence des groupes suivants : URCF, PRCF, CommunisteS, Rouges Vifs, Combat Communiste, Communistes en Lutte (CeL), PCOF, et plusieurs sections internes au PCF, etc.

2)       Les lignes de démarcation pour l’unité d’action, étape vers l’unité marxiste-léniniste

Dans les Bases d’unité et d’actions du Cercle Henri Barbusse (CHB), nous disions : « Le CHB oeuvre au rassemblement des deux processus dans et hors du PCF pour qu’un tel front émerge, conscients que nous sommes que, parallèlement, le capital s’empresse de remplir par les trotskistes et les écologistes le vide laissé à « gauche » au fur et à mesure de la mutation réformiste du PCF » (mai 1998). Ce document du CHB ajoute : « Nous devons lutter pour éviter la réédition du sectarisme caractéristique du maoïsme qui, dans les années 60/70, s’est érigé en opposition centriste et révisionniste au révisionnisme khrouchtchévien… Une longue lutte idéologique et politique est nécessaire pour briser les effets néfastes de l’antistalinisme, c’est à dire de l’anti-communisme, sur les forces saines qui résistent aujourd’hui dans et hors du PCF »(idem).

Ces axes stratégiques indiquent clairement que le processus de démarcation au sein du PCF social-démocratisé allait, va et continuera d’éjecter certains qui veulent « rester communistes » pendant que d’autres poursuivront un certain temps encore la lutte interne. Les groupes qui naîtront hors du PCF vont devoir à la fois lutter à l’extérieur séparément, puis trouver les voies et moyens de l’unité d’action pour peser, et ensuite, à travers la dialectique de l’unité d’action et du débat idéologique et politique, forger une unité révolutionnaire sur le plan idéologique et politique. C’est ce que nous avons appelé « l’étape des cercles ».

Ces axes stratégiques indiquent aussi que les opportunismes de droite (révisionnisme social-démocrate) et de gauche (les multiples variétés du trotskisme et du mao-trotskisme-écologiste) revitalisés par la contre-révolution bourgeoise temporairement victorieuse vont être utilisés par le capital, tour à tour et/ou ensemble, pour empêcher la ré-émergence du bolchevisme.

Ces axes indiquent ensuite que les lignes de démarcation actuelles pour envisager l’unité d’action communiste sont : l’anti-trotskisme et l’anti-social-démocratie, l’attachement critique au socialisme réel, à l’expérience de l’URSS, la référence comme point d’appui au PC(b)US, à la construction du socialisme dans un seul ou un groupe de pays, à la dictature du prolétariat véritable démocratie populaire, au Komintern, au Kominform, le soutien à Cuba et à la Corée socialiste, la solidarité avec l’expérience anti-libérale et anti-impérialiste en cours en Amérique Latine (Venezuela, Bolivie, …), l’opposition à « notre » propre impérialisme.

Ces axes indiquent en plus que les luttes et résistances de classe à l’offensive prédatrice du capital, que les luttes et résistances démocratiques et patriotiques à l’offensive néo-coloniale de l’impérialisme vont forcément générer des différenciations au sein même de l’aristocratie ouvrière et faire émerger de nouveaux dirigeants d’avant-garde issus des luttes sociales et nationales progressistes qu’il faudra gagner au marxisme-léninisme.

Ces axes indiquent en outre que les cercles marxistes-léninistes locaux et/ou « nationaux » qui foisonnent doivent travailler sans relâche à être liés aux masses, aux ouvriers et forces populaires en lutte pour y mettre à l’épreuve de la pratique, de la critique et de l’autocritique les réflexions, les analyses et les théories qu’ils élaborent.

Ces axes indiquent enfin que pour peser, les cercles marxistes-léninistes locaux et/ou « nationaux » doivent chercher et trouver les voies et moyens de l’unité d’action et du débat idéologique franc et scientifique pour éviter l’isolement sectaire et la marginalisation.

Dans des conditions particulièrement difficiles et complexes, nos cercles respectifs ont tenté de mettre en pratique avec quelques succès cette orientation stratégique, succès qui font que nous envisageons de rassembler aujourd’hui nos forces certes encore faibles.

3)       L’handicap de l’éparpillement et de l’isolement sectaire : principal danger à vaincre

Les marxistes-léninistes sont émiettés en plusieurs cercles locaux et « nationaux ». D’autres sont encore au sein du PCF. La maladie scissionniste révisionniste, maoïste et trotskiste propagée par la bourgeoisie a fait éclater la première tentative d’unification des marxistes-léninistes qu’a été la Coordination Communiste. De là sont issus le PRCF, l’URCF, CeL, la Coordination Communiste 59/62. Nous parlons ici de maladie scissionniste révisionniste, maoïste et trotskiste, parce que le scissionnisme putschiste a fortement miné le Mouvement Communiste International (MCI) en particulier après 1945 et surtout depuis les années 60. En effet le titisme, le khrouchtchevisme, le maoïsme, puis les multiples formes du trotskisme de droite et de gauche sont à différents degrés des déviations du marxisme-léninisme. Tous ces courants droitiers et/ou gauchistes ont été instrumentalisés par l’impérialisme pour diviser le MCI, l’affaiblir puis le vaincre temporairement. Et pourtant, l’histoire du Mouvement Communiste International fournie de multiples exemples diamétralement opposés à la désastreuse mode du scissionnisme.

Les marxistes, les anarchistes, les socialistes de diverses tendances ont cohabité dans la première Internationale jusqu’à son transfert à New York, puis sa dissolution ; les marxistes, les opportunistes de droite, de gauche et les centristes ont cohabité très longtemps dans la seconde Internationale jusqu’à la faillite de celle-ci ; les léninistes ont même été minoritaires dans la Seconde Internationale, mais Lénine ne déclare la mort définitive de celle-ci que comme conséquence de la Révolution d’Octobre 1917 et ce sont les exigences pratiques et organisationnelles nées de la montée en puissance du mouvement révolutionnaire prolétarien qui viendront poser concrètement à la majorité écrasante du mouvement communiste, de la classe ouvrière et à son avant-garde la nécessité de créer la IIIème Internationale. De 1898, date d’élaboration du premier projet de programme par Lénine à 1912, bolcheviks et mencheviks partagent le même parti avec des formes d’organisation évolutives adaptées aux exigences de la lutte de classe. Toutes ces expériences et bien d’autres montrent que l’unité des forces et organisations dans l’action peut et doit être combinée avec la lutte idéologique et politique sans faiblesse contre l’opportunisme de droite et de gauche.

Ce sont les révisionnistes, les trotskistes, les maoïstes qui ont insufflé dans le mouvement communiste le scissionnisme putschiste comme méthode systématique et automatique de règlement des divergences idéologiques. D’ailleurs, c’est devenu une vraie caricature qui fait qu’on scissionne pour tout et n’importe quoi au nom de la soi-disant « pureté des principes ». Il serait aussi important de questionner le rôle de la police politique et des services secrets impérialistes dans ces « scissions ultra-révolutionnaires » qui ont jalonné et continuent de jalonner l’histoire d’hier et d’aujourd’hui du mouvement communiste depuis les années 60. On sait que la police et les services secrets bourgeois ont appris à fonder des groupuscules provocateurs chargés d’infiltrer le mouvement communiste pour y fomenter des scissions. Les exemples aux Etats Unis et au Japon notamment sont nombreux, mais les Etats d’Europe font exactement pareils.

La philosophie, la psychologie, la sociologie et l’historiographie bourgeoisie met ces scissions le plus souvent sur le compte des « luttes individuelles de pouvoir », sur le compte de «  la dictature du parti ou des individus » parce que ce serait là « la nature individualiste intrinsèque de l’humain que réfute l’idéologie collectiviste du marxisme » et autre baratin.

L’émancipation des travailleurs est l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, disait Marx. L’avant-garde prolétarienne doit donc se constituer en état-major de l’armée ouvrière et populaire pour monter à l’assaut et renverser la dictature du capital. Ce qu’il nous faut donc, c’est de mener l’inévitable travail politique de persuasion, de « dés-éducation », de formation et d’intervention communiste dans les mouvements et luttes des masses laborieuses pour convaincre les ouvriers et militants avancés de la nécessité du parti communiste outil indispensable pour vaincre le totalitarisme du capital.

Ce travail s’appuie aussi sur l’expérience des masses en tenant compte du rapport réel des forces dans la lutte des classes. Or, la mode scissionniste éparpille les forces, démoralise les militants, les « dogmatise » et fait l’étalage de nos impuissances de sectes « pures » qui passent leur temps à se bagarrer entre elles sans aucun intérêt pour le prolétariat. La scission n’est pas la seule et unique façon d’assurer la nécessité absolue d’une propagande, d’une agitation et d’une organisation indépendante des marxistes-léninistes. Même quand celle-ci est posée par la vie elle même, il faut rigoureusement tenir compte du rapport des forces donc du moment et des circonstances de la scission. Lénine ne recommandait-il pas aux communistes minoritaires anglais, néerlandais de rester dans le parti social-démocrate alors que dans la plupart des autres pays comme en France, les sociaux-démocrates scissionnaient après leur défaite au Congrès de Tours en 1920.

En effet, ce que nous exigeons en toute circonstance, c’est notre liberté totale de dire et d’agir en marxistes-léninistes, c’est notre liberté - comme le disait Lénine lui même dans sa critique des spontanéistes, des économistes dans son ouvrage magistrale « Que Faire ? » - de critique et d’action révolutionnaire indépendante sur la base de l’analyse concrète de la réalité concrète. Des formes appropriées d’organisation peuvent permettre d’atteindre cet objectif sans nécessairement scissionner pour tout et n’importe quoi. L’apologie en théorie et en pratique du scissionnisme n’est pas du léninisme, c’est du putschiste trotskiste. 

Or les cercles locaux ou « nationaux » qui se réclament du marxisme-léninisme se caractérisent sur le plan idéologique et politique par ceux qui « centralisent » sans vrai programme, ceux qui veulent « l’unité pour l’unité » sectaire de marxistes-léninistes coupés des combats des masses populaires, ceux qui confondent « stratégie et tactique » pour s’enfermer dans une agitation pétitionnaire de « l’élite communiste » hors ou dans le PCF, ceux qui ne voient pas que le front anti-libéral, dans lequel il faut s’impliquer certes, n’est pas en tant que telle une alternative anti-capitaliste, ceux qui ne recherchent que « l’unité d’action » en cherchant à faire table rase du marxisme-léninisme, du socialisme réel, de l’URSS, ceux qui, sur des positions ouvriéristes, « attendent le vrai parti communiste pour y adhérer » et ceux qui sont encore à l’intérieur du PCF dans une stratégie naïve de « renaissance du PCF» mutant.

La déviation de gauche, le doctrinarisme de gauche comme l’appelait Lénine, est le véritable danger, le principal obstacle que les différentes composantes du mouvement marxiste-léniniste doivent vaincre pour renouer avec le léninisme, le socialisme scientifique. Maladie infantile à la période de la Révolution d’Octobre, Lénine avertissait déjà que le doctrinarisme de gauche pouvait devenir un « vice enraciné ». La déviation de gauche est aujourd’hui un mal répandu parce que la période s’étendant de la victoire du révisionnisme moderne dans le Mouvement Communiste International dans les années 60 à la défaite du socialisme et à la restauration du capitalisme dans les années 90, la lutte a opposé non le bolchevisme au révisionnisme, mais le semi-révisionnisme maoïste gauchiste au révisionnisme de droite en voie de social-démocratisation.   

Cela peut être démontré aisément. Quand nous appelons à voter aux élections régionales 2004 pour la liste autonome du PCF du Nord/Pas-de-Calais, les uns y voient subjectivement de « l’opportunisme de droite », les autres expriment « une crainte de tomber dans l’opportunisme de droite ». Or, il s’agit de saisir le fait objectif que c’est une liste autonome du PCF sur laquelle sont les ouvriers ou soutenus par les dirigeants syndicaux les plus combatifs des luttes sociales contre les attaques du capital. Quand nous appelons à voter MG Buffet au printemps 2007, des cris sont lancés sur la « trahison », alors qu’il s’agit de défendre les traditions communistes qu’incarne objectivement aux yeux de millions d’ouvriers le PCF – indépendamment de la subjectivité des « puristes » du marxisme-léninisme - lorsqu’il fait le choix anti-libéral et du NON à la constitution européenne impérialiste. Résultat : nous commençons à toucher les éléments combatifs du PCF, à la base notamment, tout en gardant notre liberté de critique du révisionnisme et du réformisme. Lorsque nous nous lançons dans le front anti-libéral, y compris en faisant des concessions acceptables qui nous permettent de tenter de faire avancer le mouvement des masses sur des positions et des luttes anti-libérales tout en continuant notre travail propre de communistes, les autres composantes du mouvement marxiste-léniniste s’en isolent, attendant on ne sait quel mouvement « pur » prêt à être dirigé par les « puristes marxistes-léninistes », en fait des dogmatiques subjectivistes incapables de se frotter à la complexité mouvante de la réalité objective, à un rapport des forces qui reflète le recul idéologique et politique engendré par la défaite du socialisme réel, de l’URSS et de la contre-révolution bourgeoise. Les exemples sont nombreux montrant l’énorme faiblesse idéologique et politique de l’ensemble des marxistes-léninistes de nos jours, y compris nous mêmes qui avons encore beaucoup d’effort à faire pour gagner en maturité bolchevique.

Ajoutons ici le fait que l’encerclement capitaliste de l’URSS même dirigée par les révisionnistes khrouchtchéviens et puis brejnéviens a su, en plus des pressions militaires, économiques, politiques, culturelles, utiliser l’attaque idéologique de droite combinée à l’attaque idéologique de gauche mao-trotskiste au cours de cette période allant de la victoire du révisionnisme à la tête de l’Etat et du parti soviétique. La défaite du socialisme, de l’URSS, c’est aussi une terrible défaite idéologique.

4)       Rassembler la quantité du moment pour faire un saut qualitatif au plan politique et social

La reconstruction du Parti révolutionnaire marxiste-léniniste de la classe ne peut être qu’un processus dialectique qui connaîtra des phases de développement quantitatif et des sauts qualitatifs. Elle se situe en conséquence à l’inverse d’une auto-proclamation d’une part et d’une attente idéaliste d’une émergence spontanée par les luttes sociales. Elle suppose que les différents cercles prennent leurs responsabilités pour s’ancrer dans l’avant-garde ouvrière, pour construire leur unité idéologique et politique, pour sortir des chauvinismes d’organisation, de chapelles et de leaderships auto-proclamés.

Les résistances anti-libérales et anti-impérialistes montantes commencent à montrer les limites de la subjugation, de la soumission et de la résignation des masses travailleuses et des peuples opprimés qui ont suivi la période de désarroi, de débandade découlant d’une part de la défaite du socialisme, de l’implosion de l’URSS et de la restauration du capitalisme et d’autre part de l’offensive tout azimut de l’impérialisme profitant de l’occasion pour imposer la pensée et la pratique politique unique du libéralisme pour obtenir le maximum de profit et étendre ainsi la mondialisation capitaliste à tous les coins et recoins de la planète.

 Les luttes défensives et parfois les contre-attaques marquent des points. L’anti-libéralisme est devenu un point d’appui du mouvement ouvrier, des résistances nationales comme le montrent les expériences révolutionnaires progressistes en Amérique Latine.

De novembre/décembre 95, en passant par la victoire du NON au référendum, celle contre le CPE, aux luttes - mêmes vaincues, parfois partiellement - contre la retraite en 2003, puis celles des dockers-marins, des cheminots, RATP en 2007 et la révolte des quartiers populaires en 2005, toutes ces résistances et luttes sociales ainsi que les mobilisations anti-mondialistes sont des mouvements qui montrent la sortie progressive des masses laborieuses de l’apathie, et la montée en puissance de la contestation sociale.

Ce facteur pose la nécessité de l’unité d’action des communistes marxistes-léninistes comme aile anti-capitaliste dans la lutte pour l’émergence d’un front populaire anti-libéral.

Or, la droite libérale et la social-démocratie libérale font tout pour empêcher l’émergence de ce front populaire anti-libéral seul moyen actuel pour briser la bipolarisation politique « droite/gauche ». La concurrence entre les organisations politiques de la « gauche de la gauche » (PCF, LCR, LO, Verts, Collectifs Bové, etc.), forces dominantes, constitue un frein aux tentatives en cours de construction du front populaire anti-libéral.  Le document du Cercle Henri Barbusse sur les « causes de l’échec du front anti-libéral » (juin 2007) situe la raison principale de l’échec de la tactique d’une candidature unique et unitaire à la présidentielle puis aux législatives par « L’INEXISTENCE D’UNE VRAIE AILE ANTI-CAPITALISTE ET D’UN VRAI PARTI COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE ». La tâche centrale est donc pour les communistes de frayer la voie pas à pas au rassemblement des forces communistes marxistes-léninistes pour peser plus fort dans la lutte de classe et orienter autant que possible la résistance ouvrière et populaire, le front populaire anti-libéral vers la lutte anti-capitaliste. Pour faire cela, il faut absolument rassembler les cercles marxistes-léninistes et développer une politique d’unité d‘action permettant de sortir de l’isolement et du sectarisme impotent. C’est ce que nos cercles se proposent de commencer à faire ensemble en créant le Rassemblement des Cercles Communistes. Camarades, mettons nous au travail et bon succès.


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