Rapport du Cercle Henri Barbusse
Le
Cercle Henri Barbusse de Culture Ouvrière et Populaire,
la Coordination Communiste Nord-Pas-de-Calais pour la
reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire,
le Cercle Communiste d’Alsace, le Cercle Communiste
de la Région Parisienne, réunis en conférence
inter-cercles le 2 décembre 2007, après avoir échangé
leurs analyses de la situation politique nationale et internationale
considèrent que :
La
tâche centrale à l’ordre du jour pour notre
période est la reconstruction d’un parti communiste
sans lequel aucune contre-offensive n’est possible face à
la contre-révolution. Cette reconstruction ne peut être
qu’un processus dialectique qui connaîtra des phases de
développement quantitatif et des sauts qualitatifs. Elle se
situe en conséquence à l’inverse d’une
auto-proclamation d’une part et d’une attente idéaliste
d’une émergence spontanée par les luttes
sociales. Elle suppose que les communistes des différentes
organisations prennent leurs responsabilités pour s’ancrer
dans l’avant-garde ouvrière, pour construire leur unité
idéologique et politique, pour sortir des chauvinismes
d’organisation, de chapelle et de leaderships.
Le
travail mené en commun depuis plusieurs années a
renforcé l’unité idéologique et politique
entre nos cercles, développé quantitativement et
qualitativement chacun d’entre eux, ancré nos militants
dans les batailles concrètes de la dernière période.
Notre effort commun d’articuler théorie révolutionnaire
et pratique dans le mouvement social tel qu’il est
concrètement est la source de nos progrès quantitatifs
et qualitatifs.
L’engagement
commun dans tous les espaces et initiatives visant à la
convergence des organisations et militants communistes, et ce en
dépit de nos divergences tactiques et stratégiques,
est un autre signe de notre maturité. L’unité
communiste est une lutte qui suppose à la fois d’éviter
le sectarisme et de se contenter d’une unité de façade.
Polémique communiste sur les divergences et action commune
sur tous les points de convergences aussi petit soient-ils sont pour
nous les deux assises de la reconstruction. L’attente de la
création spontanée ou volontariste d’une
organisation « pure » est une illusion
idéaliste qui ralentit le processus de reconstruction d’un
parti communiste.
Les
organisations réunies décident en conséquence :
De
tirer les leçons de nos progrès quantitatifs et
qualitatifs en les traduisant par un seuil plus élevé
de l’organisation commune ;
De
développer l’expression politique commune correspondant
à notre degré d’unité plus grand avec en
particulier la transformation du journal « Chantier »
en organe commun. Né d’une unité plus grande, ce
journal commun a aussi pour objectif de renforcer cette unité ;
De
développer la politique d’éducation
marxiste-léniniste selon un plan commun qui tienne compte des
spécificités de chacune des localités et de
chacun des cercles ;
De
développer des axes de stratégies, de propagandes et
d’agitations communs qui auront à être adaptés
par chacun à leurs spécificités concrètes ;
D’intervenir
de concert dans l’ensemble des espaces de convergences avec
d’autres organisations communistes.
Pour
réaliser toutes ces tâches, les organisations réunies
décident :
De
mettre en place, un RASSEMBLEMENT DES CERCLES
COMMUNISTES.
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Rapport
du Cercle Henri Barbusse
A
la conférence inter-cercles du 2 décembre 2007
La
Coordination
Communiste Nord-Pas-de-Calais
pour la reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire,
le Cercle
Communiste d’Alsace,
le Cercle
Communiste de la Région Parisienne
et le Cercle
Henri Barbusse de culture ouvrière et populaire
se réunissent aujourd’hui pour examiner et décider
la mise en place du Rassemblement
des Cercles Communistes
(RCC).
Ce
rassemblement indique qu’un certain niveau d’unité
politique a été atteint entre nos cercles respectifs
qui nécessite de coordonner notre travail commun.
Ce
rassemblement reflète aussi la conscience que la marche vers
la re-fondation d’un Parti Communiste héritier et
continuateur du PCF/section française de l’IC né
à Tours en 1920 nécessite des formes organisationnelles
appropriées à chaque étape. Formes
d’organisation déterminées par les tâches
du moment, dans le respect strict de l’exigence léniniste
de « se démarquer pour s’unir »
étroitement liée au principe d’unité
d’action léniniste.
Nous
sommes à une époque de défaite
contre-révolutionnaire où la démocratie -
comprise ici comme le débat idéologique et politique le
plus ouvert et le plus large possible - doit se combiner avec la
centralisation la plus possible de l’unité d’action
révolutionnaire anti-capitaliste. Démarcation
idéologique et unité d’action des
marxistes-léninistes contre la social-démocratie, le
révisionnisme et le trotskisme.
1)
Brève historique de la lutte pour la reconstruction du PC
révolutionnaire
Le
processus de social-démocratisation du PCF dans le sillage de
la prise de pouvoir des révisionnistes/trotskistes
khrouchtchéviens dans la période 1953/1960 a connu
différentes étapes :
- les
hésitations centristes de la direction du PCF sous Thorez,
Duclos, Frachon qui a, à la fois, concilié et résisté
face à l’offensive anti-staliniste de la direction
révisionniste du PCUS vite relayée par
l’impérialisme ;
- le
centrisme face à l’opportunisme de droite
anti-soviétique qu’est « l’eurocommunisme »,
puis son adoption plus tard ;
- le
tournant opportuniste du « programme commun PS/PCF»
fondé sur la théorie révisionniste de la
conquête parlementaire du pouvoir qui a entraîné
ensuite l’abandon idéologique de la dictature du
prolétariat en 1976;
- les
premiers travaux pratiques de la collaboration de classe au pouvoir
en 1981, puis leur répétition aggravée sous
l’appellation de la « gauche plurielle »
en 1997/2002 ;
- la
chute du mur de Berlin, la défaite du socialisme réel
et la désintégration du camp socialiste et la
restauration du capitalisme en URSS dans les années 90 ont
précipité et accéléré le cours
réformiste du PCF sous la forme de la « mutation »
au nom du « communisme à la française »
résurgence d’une déviation ancienne qui fut
longtemps combattue au sein du PCF avec l’aide du Komintern et
du Kominform.
A
chaque étape, des éléments plus ou moins
organisés ont, après une lutte interne plus ou moins
longue, tenté de mettre en place des cadres regroupant les
marxistes-léninistes. Du PCMLF maoïste dans les années
60, puis ses multiples démembrements semi-révisionnistes
de droite et de gauche, puis ouvertement opportunistes, à la
Coordination Communiste des années 90, les expériences
d’opposition ont été marquées par le
scissionnisme, qui a émietté les forces
oppositionnelles au PCF révisionniste et réformiste, et
l’incapacité notoire de s’ancrer dans le mouvement
ouvrier et d’en conquérir l’avant-garde combative.
A
l’origine de la Coordination Communiste, il y a la proposition
faite par le Cercle Henri Barbusse à des militants PCF du
Pas-de-Calais de mettre en place un cadre qui serait un front des
communistes qui s’opposent à la social-démocratisation
du PCF, qui défendent le camp socialiste et l’URSS ainsi
que la dictature du prolétariat.
Ce
cadre est né à l’époque sous le nom de
« Coordination Communiste ». Il fut traversé
de sa fondation en octobre 1991 jusqu’à la scission de
décembre 1999 et jusqu’à l’exclusion de la
Coordination Communiste 59/62 en 2002 par le débat sur la
« Renaissance » du PCF ou la « Reconstruction »
d’un PCF. Tiraillé entre ceux qui s’illusionnaient
sur la possibilité de faire « renaître de
l’intérieur le PCF héritier de Tours »
et ceux qui pour « reconstruire » voulaient que
« tous quittent et rompent totalement avec le PCF ».
Nous sommes intervenus dans ce débat en développant à
la fois la formule « un pied dedans et un pied dehors »
et la défense de l’objectif de la reconstruction par la
mise en place d’un cadre indépendant des « communistes
qui veulent rester communistes » sans sectarisme vis à
vis de la base du PCF. En effet, il s’agissait de condamner
l’illusion d’un « redressement interne du
PCF », mais aussi de se démarquer de la répétition
saugrenue de la désastreuse expérience maoïste des
années 60 de l’autoproclamation d’une secte
pré-parti complètement coupée des militants à
la base du PCF qui prennent progressivement et par vagues successives
conscience de l’impasse du réformisme.
L’implosion
de la Coordination Communiste et la multiplication des groupes issus
des départs successifs du PCF permettent aujourd’hui de
mesurer toute l’importance théorique et pratique du
débat de la période 2000. L’on peut ainsi
signaler de façon non exhaustive l’existence des groupes
suivants : URCF, PRCF, CommunisteS, Rouges Vifs, Combat
Communiste, Communistes en Lutte (CeL), PCOF, et plusieurs sections
internes au PCF, etc.
2)
Les lignes de démarcation pour l’unité d’action,
étape vers l’unité marxiste-léniniste
Dans
les Bases d’unité et d’actions du Cercle
Henri Barbusse (CHB), nous disions : « Le CHB oeuvre au
rassemblement des deux processus dans et hors du PCF pour qu’un
tel front émerge, conscients que nous sommes que,
parallèlement, le capital s’empresse de remplir par les
trotskistes et les écologistes le vide laissé à
« gauche » au fur et à mesure de la
mutation réformiste du PCF » (mai 1998). Ce
document du CHB ajoute : « Nous devons lutter pour
éviter la réédition du sectarisme
caractéristique du maoïsme qui, dans les années
60/70, s’est érigé en opposition centriste et
révisionniste au révisionnisme khrouchtchévien…
Une longue lutte idéologique et politique est nécessaire
pour briser les effets néfastes de l’antistalinisme,
c’est à dire de l’anti-communisme, sur les forces
saines qui résistent aujourd’hui dans et hors du
PCF »(idem).
Ces
axes stratégiques indiquent clairement que le processus de
démarcation au sein du PCF social-démocratisé
allait, va et continuera d’éjecter certains qui veulent
« rester communistes » pendant que d’autres
poursuivront un certain temps encore la lutte interne. Les groupes
qui naîtront hors du PCF vont devoir à la fois lutter à
l’extérieur séparément, puis trouver les
voies et moyens de l’unité d’action pour peser, et
ensuite, à travers la dialectique de l’unité
d’action et du débat idéologique et politique,
forger une unité révolutionnaire sur le plan
idéologique et politique. C’est ce que nous avons appelé
« l’étape des cercles ».
Ces
axes stratégiques indiquent aussi que les opportunismes de
droite (révisionnisme social-démocrate) et de gauche
(les multiples variétés du trotskisme et du
mao-trotskisme-écologiste) revitalisés par la
contre-révolution bourgeoise temporairement victorieuse vont
être utilisés par le capital, tour à tour et/ou
ensemble, pour empêcher la ré-émergence du
bolchevisme.
Ces
axes indiquent ensuite que les lignes de démarcation actuelles
pour envisager l’unité d’action communiste sont :
l’anti-trotskisme et l’anti-social-démocratie,
l’attachement critique au socialisme réel, à
l’expérience de l’URSS, la référence
comme point d’appui au PC(b)US, à la construction du
socialisme dans un seul ou un groupe de pays, à la dictature
du prolétariat véritable démocratie populaire,
au Komintern, au Kominform, le soutien à Cuba et à la
Corée socialiste, la solidarité avec l’expérience
anti-libérale et anti-impérialiste en cours en Amérique
Latine (Venezuela, Bolivie, …), l’opposition à
« notre » propre impérialisme.
Ces
axes indiquent en plus que les luttes et résistances de classe
à l’offensive prédatrice du capital, que les
luttes et résistances démocratiques et patriotiques à
l’offensive néo-coloniale de l’impérialisme
vont forcément générer des différenciations
au sein même de l’aristocratie ouvrière et faire
émerger de nouveaux dirigeants d’avant-garde issus des
luttes sociales et nationales progressistes qu’il faudra gagner
au marxisme-léninisme.
Ces
axes indiquent en outre que les cercles marxistes-léninistes
locaux et/ou « nationaux » qui foisonnent
doivent travailler sans relâche à être liés
aux masses, aux ouvriers et forces populaires en lutte pour y mettre
à l’épreuve de la pratique, de la critique et de
l’autocritique les réflexions, les analyses et les
théories qu’ils élaborent.
Ces
axes indiquent enfin que pour peser, les cercles marxistes-léninistes
locaux et/ou « nationaux » doivent chercher et
trouver les voies et moyens de l’unité d’action et
du débat idéologique franc et scientifique pour éviter
l’isolement sectaire et la marginalisation.
Dans
des conditions particulièrement difficiles et complexes, nos
cercles respectifs ont tenté de mettre en pratique avec
quelques succès cette orientation stratégique, succès
qui font que nous envisageons de rassembler aujourd’hui nos
forces certes encore faibles.
3)
L’handicap de l’éparpillement et de l’isolement
sectaire : principal danger à vaincre
Les
marxistes-léninistes sont émiettés en plusieurs
cercles locaux et « nationaux ». D’autres
sont encore au sein du PCF. La maladie scissionniste révisionniste,
maoïste et trotskiste propagée par la bourgeoisie a fait
éclater la première tentative d’unification des
marxistes-léninistes qu’a été la
Coordination Communiste. De là sont issus le PRCF, l’URCF,
CeL, la Coordination Communiste 59/62. Nous parlons ici de maladie
scissionniste révisionniste, maoïste et trotskiste, parce
que le scissionnisme putschiste a fortement miné le Mouvement
Communiste International (MCI) en particulier après 1945 et
surtout depuis les années 60. En effet le titisme, le
khrouchtchevisme, le maoïsme, puis les multiples formes du
trotskisme de droite et de gauche sont à différents
degrés des déviations du marxisme-léninisme.
Tous ces courants droitiers et/ou gauchistes ont été
instrumentalisés par l’impérialisme pour diviser
le MCI, l’affaiblir puis le vaincre temporairement. Et
pourtant, l’histoire du Mouvement Communiste International
fournie de multiples exemples diamétralement opposés à
la désastreuse mode du scissionnisme.
Les
marxistes, les anarchistes, les socialistes de diverses tendances ont
cohabité dans la première Internationale jusqu’à
son transfert à New York, puis sa dissolution ; les
marxistes, les opportunistes de droite, de gauche et les centristes
ont cohabité très longtemps dans la seconde
Internationale jusqu’à la faillite de celle-ci ;
les léninistes ont même été minoritaires
dans la Seconde Internationale, mais Lénine ne déclare
la mort définitive de celle-ci que comme conséquence de
la Révolution d’Octobre 1917 et ce sont les exigences
pratiques et organisationnelles nées de la montée en
puissance du mouvement révolutionnaire prolétarien qui
viendront poser concrètement à la majorité
écrasante du mouvement communiste, de la classe ouvrière
et à son avant-garde la nécessité de créer
la IIIème Internationale. De 1898, date d’élaboration
du premier projet de programme par Lénine à 1912,
bolcheviks et mencheviks partagent le même parti avec des
formes d’organisation évolutives adaptées aux
exigences de la lutte de classe. Toutes ces expériences et
bien d’autres montrent que l’unité des forces et
organisations dans l’action peut et doit être combinée
avec la lutte idéologique et politique sans faiblesse contre
l’opportunisme de droite et de gauche.
Ce
sont les révisionnistes, les trotskistes, les maoïstes
qui ont insufflé dans le mouvement communiste le scissionnisme
putschiste comme méthode systématique et automatique de
règlement des divergences idéologiques. D’ailleurs,
c’est devenu une vraie caricature qui fait qu’on
scissionne pour tout et n’importe quoi au nom de la soi-disant
« pureté des principes ». Il serait
aussi important de questionner le rôle de la police politique
et des services secrets impérialistes dans ces « scissions
ultra-révolutionnaires » qui ont jalonné et
continuent de jalonner l’histoire d’hier et d’aujourd’hui
du mouvement communiste depuis les années 60. On sait que la
police et les services secrets bourgeois ont appris à fonder
des groupuscules provocateurs chargés d’infiltrer le
mouvement communiste pour y fomenter des scissions. Les exemples aux
Etats Unis et au Japon notamment sont nombreux, mais les Etats
d’Europe font exactement pareils.
La
philosophie, la psychologie, la sociologie et l’historiographie
bourgeoisie met ces scissions le plus souvent sur le compte des
« luttes individuelles de pouvoir », sur le
compte de « la dictature du parti ou des individus »
parce que ce serait là « la nature individualiste
intrinsèque de l’humain que réfute l’idéologie
collectiviste du marxisme » et autre baratin.
L’émancipation
des travailleurs est l’œuvre des travailleurs eux-mêmes,
disait Marx. L’avant-garde prolétarienne doit donc se
constituer en état-major de l’armée ouvrière
et populaire pour monter à l’assaut et renverser la
dictature du capital. Ce qu’il nous faut donc, c’est de
mener l’inévitable travail politique de persuasion, de
« dés-éducation », de formation
et d’intervention communiste dans les mouvements et luttes des
masses laborieuses pour convaincre les ouvriers et militants avancés
de la nécessité du parti communiste outil indispensable
pour vaincre le totalitarisme du capital.
Ce
travail s’appuie aussi sur l’expérience des masses
en tenant compte du rapport réel des forces dans la lutte des
classes. Or, la mode scissionniste éparpille les forces,
démoralise les militants, les « dogmatise »
et fait l’étalage de nos impuissances de sectes
« pures » qui passent leur temps à se
bagarrer entre elles sans aucun intérêt pour le
prolétariat. La scission n’est pas la seule et unique
façon d’assurer la nécessité absolue d’une
propagande, d’une agitation et d’une organisation
indépendante des marxistes-léninistes. Même quand
celle-ci est posée par la vie elle même, il faut
rigoureusement tenir compte du rapport des forces donc du moment et
des circonstances de la scission. Lénine ne recommandait-il
pas aux communistes minoritaires anglais, néerlandais de
rester dans le parti social-démocrate alors que dans la
plupart des autres pays comme en France, les sociaux-démocrates
scissionnaient après leur défaite au Congrès de
Tours en 1920.
En
effet, ce que nous exigeons en toute circonstance, c’est notre
liberté totale de dire et d’agir en
marxistes-léninistes, c’est notre liberté - comme
le disait Lénine lui même dans sa critique des
spontanéistes, des économistes dans son ouvrage
magistrale « Que Faire ? » - de critique
et d’action révolutionnaire indépendante sur la
base de l’analyse concrète de la réalité
concrète. Des formes appropriées d’organisation
peuvent permettre d’atteindre cet objectif sans nécessairement
scissionner pour tout et n’importe quoi. L’apologie en
théorie et en pratique du scissionnisme n’est pas du
léninisme, c’est du putschiste trotskiste.
Or
les cercles locaux ou « nationaux » qui se
réclament du marxisme-léninisme se caractérisent
sur le plan idéologique et politique par ceux qui
« centralisent » sans vrai programme, ceux qui
veulent « l’unité pour l’unité »
sectaire de marxistes-léninistes coupés des combats des
masses populaires, ceux qui confondent « stratégie
et tactique » pour s’enfermer dans une agitation
pétitionnaire de « l’élite communiste
» hors ou dans le PCF, ceux qui ne voient pas que le front
anti-libéral, dans lequel il faut s’impliquer certes,
n’est pas en tant que telle une alternative anti-capitaliste,
ceux qui ne recherchent que « l’unité
d’action » en cherchant à faire table rase du
marxisme-léninisme, du socialisme réel, de l’URSS,
ceux qui, sur des positions ouvriéristes, « attendent
le vrai parti communiste pour y adhérer » et ceux
qui sont encore à l’intérieur du PCF dans une
stratégie naïve de « renaissance du PCF»
mutant.
La
déviation de gauche, le doctrinarisme de gauche comme
l’appelait Lénine, est le véritable danger, le
principal obstacle que les différentes composantes du
mouvement marxiste-léniniste doivent vaincre pour renouer avec
le léninisme, le socialisme scientifique.
Maladie infantile à la période de la Révolution
d’Octobre, Lénine avertissait déjà que le
doctrinarisme de gauche pouvait devenir un « vice
enraciné ». La déviation de gauche est
aujourd’hui un mal répandu parce que la période
s’étendant de la victoire du révisionnisme
moderne dans le Mouvement Communiste International dans les années
60 à la défaite du socialisme et à la
restauration du capitalisme dans les années 90, la lutte a
opposé non le bolchevisme au révisionnisme, mais le
semi-révisionnisme maoïste gauchiste au révisionnisme
de droite en voie de social-démocratisation.
Cela
peut être démontré aisément. Quand nous
appelons à voter aux élections régionales 2004
pour la liste autonome du PCF du Nord/Pas-de-Calais, les uns y voient
subjectivement de « l’opportunisme de droite »,
les autres expriment « une crainte de tomber dans
l’opportunisme de droite ». Or, il s’agit de
saisir le fait objectif que c’est une liste autonome du PCF sur
laquelle sont les ouvriers ou soutenus par les dirigeants syndicaux
les plus combatifs des luttes sociales contre les attaques du
capital. Quand nous appelons à voter MG Buffet au printemps
2007, des cris sont lancés sur la « trahison »,
alors qu’il s’agit de défendre les traditions
communistes qu’incarne objectivement aux yeux de millions
d’ouvriers le PCF – indépendamment de la
subjectivité des « puristes » du
marxisme-léninisme - lorsqu’il fait le choix
anti-libéral et du NON à la constitution européenne
impérialiste. Résultat : nous commençons à
toucher les éléments combatifs du PCF, à la base
notamment, tout en gardant notre liberté de critique du
révisionnisme et du réformisme. Lorsque nous nous
lançons dans le front anti-libéral, y compris en
faisant des concessions acceptables qui nous permettent de tenter de
faire avancer le mouvement des masses sur des positions et des luttes
anti-libérales tout en continuant notre travail propre de
communistes, les autres composantes du mouvement marxiste-léniniste
s’en isolent, attendant on ne sait quel mouvement « pur »
prêt à être dirigé par les
« puristes marxistes-léninistes », en
fait des dogmatiques subjectivistes incapables de se frotter à
la complexité mouvante de la réalité objective,
à un rapport des forces qui reflète le recul
idéologique et politique engendré par la défaite
du socialisme réel, de l’URSS et de la contre-révolution
bourgeoise. Les exemples sont nombreux montrant l’énorme
faiblesse idéologique et politique de l’ensemble des
marxistes-léninistes de nos jours, y compris nous mêmes
qui avons encore beaucoup d’effort à faire pour gagner
en maturité bolchevique.
Ajoutons
ici le fait que l’encerclement capitaliste de l’URSS même
dirigée par les révisionnistes khrouchtchéviens
et puis brejnéviens a su, en plus des pressions militaires,
économiques, politiques, culturelles, utiliser l’attaque
idéologique de droite combinée à l’attaque
idéologique de gauche mao-trotskiste au cours de cette période
allant de la victoire du révisionnisme à la tête
de l’Etat et du parti soviétique. La défaite du
socialisme, de l’URSS, c’est aussi une terrible défaite
idéologique.
4)
Rassembler la quantité du moment pour faire un saut qualitatif
au plan politique et social
La
reconstruction du Parti révolutionnaire marxiste-léniniste
de la classe ne peut être qu’un processus
dialectique qui connaîtra des phases de développement
quantitatif et des sauts qualitatifs. Elle se situe en conséquence
à l’inverse d’une auto-proclamation d’une
part et d’une attente idéaliste d’une émergence
spontanée par les luttes sociales. Elle suppose que les
différents cercles prennent leurs responsabilités pour
s’ancrer dans l’avant-garde ouvrière, pour
construire leur unité idéologique et politique, pour
sortir des chauvinismes d’organisation, de chapelles et de
leaderships auto-proclamés.
Les
résistances anti-libérales et anti-impérialistes
montantes commencent à montrer les limites de la subjugation,
de la soumission et de la résignation des masses travailleuses
et des peuples opprimés qui ont suivi la période de
désarroi, de débandade découlant d’une
part de la défaite du socialisme, de l’implosion de
l’URSS et de la restauration du capitalisme et d’autre
part de l’offensive tout azimut de l’impérialisme
profitant de l’occasion pour imposer la pensée et la
pratique politique unique du libéralisme pour obtenir le
maximum de profit et étendre ainsi la mondialisation
capitaliste à tous les coins et recoins de la planète.
Les
luttes défensives et parfois les contre-attaques marquent des
points. L’anti-libéralisme est devenu un point d’appui
du mouvement ouvrier, des résistances nationales comme le
montrent les expériences révolutionnaires progressistes
en Amérique Latine.
De
novembre/décembre 95, en passant par la victoire du NON au
référendum, celle contre le CPE, aux luttes - mêmes
vaincues, parfois partiellement - contre la retraite en 2003, puis
celles des dockers-marins, des cheminots, RATP en 2007 et la révolte
des quartiers populaires en 2005, toutes ces résistances et
luttes sociales ainsi que les mobilisations anti-mondialistes sont
des mouvements qui montrent la sortie progressive des masses
laborieuses de l’apathie, et la montée en puissance de
la contestation sociale.
Ce
facteur pose la nécessité de l’unité
d’action des communistes marxistes-léninistes comme aile
anti-capitaliste dans la lutte pour l’émergence d’un
front populaire anti-libéral.
Or, la
droite libérale et la social-démocratie libérale
font tout pour empêcher l’émergence de ce front
populaire anti-libéral seul moyen actuel pour briser la
bipolarisation politique « droite/gauche ». La
concurrence entre les organisations politiques de la « gauche
de la gauche » (PCF, LCR, LO, Verts, Collectifs Bové,
etc.), forces dominantes, constitue un frein aux tentatives en cours
de construction du front populaire anti-libéral. Le
document du Cercle Henri Barbusse sur les « causes de
l’échec du front anti-libéral » (juin
2007) situe la raison principale de l’échec de la
tactique d’une candidature unique et unitaire à la
présidentielle puis aux législatives par
« L’INEXISTENCE D’UNE VRAIE AILE
ANTI-CAPITALISTE ET D’UN VRAI PARTI COMMUNISTE
REVOLUTIONNAIRE ». La tâche centrale est donc pour
les communistes de frayer la voie pas à pas au rassemblement
des forces communistes marxistes-léninistes pour peser plus
fort dans la lutte de classe et orienter autant que possible la
résistance ouvrière et populaire, le front populaire
anti-libéral vers la lutte anti-capitaliste. Pour faire cela,
il faut absolument rassembler les cercles marxistes-léninistes
et développer une politique d’unité d‘action
permettant de sortir de l’isolement et du sectarisme impotent.
C’est ce que nos cercles se proposent de commencer à
faire ensemble en créant le Rassemblement des Cercles
Communistes. Camarades, mettons nous au travail et bon succès.
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