Le combat des grévistes du CSP59 : Une leçon de lutte pour tous
En
attaquant les régimes spéciaux des cheminots de la
SNCF, le gouvernement a mis au point une stratégie de combat
aux objectifs évidents:
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D’abord, isoler le noyau le plus combattif du secteur public
des autres secteurs, avec le refrain archi-connu mettant en cause
leurs « privilèges » par soucis
« d’équité », en omettant
le fait que les « régimes spéciaux de
retraite » sont une contrepartie de la pénibilité
des travaux effectués, de la flexibilité des horaires,
des jours travaillés, etc. De cette façon, Sarkozy
cherche à faire éclater la lutte des cheminots dans un
contexte d’isolement, de façon à ce que le
premier mouvement de lutte sociale de cette rentrée, sans
doute le plus dur, s’épuise avant que les suivants ne se
déclenchent.
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Evidemment, chaque fonctionnaire sait qu’il bénéficie
encore, quelque soit son métier, d’un « régime
spécial de retraite » (calcul de la retraite sur
les 6 derniers mois et non sur les meilleures années). En
attaquant ces « privilèges » chez les
cheminots, il est évident que tout « régime
spécial » devient une cible imminente du
gouvernement. Il s’agira alors d’isoler les luttes à
venir dans le secteur public du secteur privé, puis de
démotiver toute volonté de survie du secteur public lui
même à terme.
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Mais ces « régimes spéciaux »
sont aussi des « acquis sociaux » : En
liquidant ceux-ci, Sarkozy entend bien supprimer aussi toute forme
d’acquis issus des luttes de nos parents et grands parents. Si
le gouvernement Sarkozy est un gouvernement de « rupture »,
il s’agit d’une rupture avec tout ce que l’après
guerre comptait d’avancées sociales pour les
travailleurs. « Le modèle social français
est le pur produit du Conseil National de la Résistance, un
compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le
réformer, et le gouvernement s’y emploie »
affirme l’ex n°2 du MEDEF, Denis Kessler, totalement
décomplexé (Challenges, 4 octobre 2007).
L’offensive concerne donc à terme l’ensemble du
salariat, public comme privé… à commencer par un
passage pour l’ensemble des salariés à 41 puis 42
ans de cotisations dès l’année prochaine.
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Il s’agit enfin d’une tactique psychologique de
démoralisation : Le patronat et son gouvernement de
droite dure veulent se venger de façon brutale et définitive
du dernier grand mouvement social victorieux de novembre-décembre
1995. Pour cela, les mises en demeure se font de plus en plus
violentes : « Si les syndicats veulent l'épreuve
de force, je suis prêt. Deux mois sans train, eh bien! Ce sera
deux mois sans train. Ou plutôt deux mois sans les cheminots.
Moi, j'imposerai le service minimum, avec l'armée s'il le
faut » Nicolas Sarkozy (source Canard Enchainé
du 11 octobre 2007). Le gouvernement se donne des airs de rouleau
compresseur… parce qu’il craint ces mouvements, parce
qu’il craint une réédition des luttes populaires
de novembre-décembre 1995, rendue plus puissante par
l’exacerbation de la crise, de l’exploitation, la vie
plus chère.
Pour
que ces craintes du gouvernement deviennent réalité, il
faut dès à présent se mobiliser dans l’unité,
avec un moral d’acier !
En
sachant déjouer les pièges tendus par ce
gouvernement de combat: s'il faut combattre l'attentisme de tous
ceux, en particulier dans les organisations syndicales, qui se
positionnent simplement en « soutien des cheminots »,
sans établir un calendrier de lutte et faire que le 18 ne soit
que la première étape d'une riposte sociale de grande
ampleur, il faut éviter également l'impatience (vouloir
à tout prix une grève reconductible des cheminots dès
le 18 octobre, quitte à ce qu’ils partent seuls à
la bataille, donc sans espoir de réussite). L'enjeu est de
construire rapidement un vaste front contre la politique de casse
sociale de Sarkozy, un front basé sur les intérêts
convergents des travailleurs du public et du privé, notamment
contre l'allongement pour tous de la durée de cotisations pour
la retraite.
Tous
ensemble, salariés du public et du privé, usagers, avec
les cheminots, ripostons contre Sarko !
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