Coordination Communiste 59/62
L’avènement
du pouvoir présidentiel
Voilà
déjà plus de cent jours que les Français se sont
donnés Nicolas SARKOZY comme président.
Que
ce soit du côté du gouvernement ou de la part des médias
propriétés des «amis du président »,
chacun rivalise dans son allégeance à Nicolas 1er,
monarque des Français: Tout est prétexte à
évoquer la posture du président, l’avis du
président, l’émotion du président, la
femme du président, les enfants du président, les amis
du président, les vacances du président. Nicolas est
partout ; Nicolas a un avis sur tout ; Nicolas décide
de tout.
En devenant président,
il s’est attribué tous les pouvoirs, ceux relevant de sa
charge, ceux normalement dévolus aux ministres qu’il
s’est choisis, ceux qui reviennent au Sénat et à
l’Assemblée Nationale. Mais, comme si cela n’était
pas encore suffisant, il souhaiterait pouvoir rendre la Justice à
la place des magistrats, enseigner à la place des professeurs,
éduquer à la place des parents et présenter tous
les soirs le journal de 20 h. Rien ne doit dépasser, pas même
« un bourrelet » de son corps d’athlète...
Tel
est l’homme de la « rupture » :
rupture non pas avec les politiques libérales des
gouvernements précédents mais rupture de « style »…
qui n’est rien d’autre qu’une utilisation de toutes
les possibilités données par la constitution
anti-démocratique de la Ve République (mise
en place par De Gaulle suite au putsch du 13 mai 58, qui visait à
sauvegarder le régime capitaliste affaibli par la lutte de
libération nationale algérienne et par les luttes des
travailleurs en France impulsées par un PCF alors
authentiquement révolutionnaire).
Un
été vraiment pourri…
Il
ne s’agit pas que d’un jeu d’ombres et lumières:
Sarkozy, avec l’UMP et le MEDEF, mettent en place leur
programme commun antisocial. Les premiers bénéficiaires
ont été les riches grâce au bouclier fiscal.
Tandis que pour les intérêts d’emprunt immobilier
pour les plus modestes, ils avaient oublié une évidence,
la loi ne peut être rétroactive... Les impôts
tombent, et là encore, les baisses attendues n’existent
pas. Au contraire, le gouvernement imagine déjà de
nouvelles taxes : la TVA sociale, les franchises médicales
et le projet d’impôt minimum. Les prix augmentent sans
cesse, chacun s’en aperçoit, contrairement aux mensonges
des instituts officiels.
En
misant sur l’émotion, le gouvernement a mis en place
avec les peines planchers une politique pénale
ultra-répressive qui risque fort, à terme, de toucher
beaucoup de justiciables et pas toujours des récidivistes. Ce
gouvernement imagine, comme son modèle américain, que
pour solutionner un problème de société il
suffit d’en cacher les effets, en rendre responsable les
victimes. Remplir les prisons n’a jamais rien réglé,
bien au contraire.
En
légiférant sur le service minimum dans les transports,
la droite a réalisé un vieux rêve, celui de
porter atteinte au droit de grève. Personne n’a intérêt
à se réjouir de cette situation et surtout pas les
salariés utilisateurs quotidiens des transports en commun.
Autre
vieux rêve, celui de diminuer le nombre des fonctionnaires. Les
esprits étroits, qui naïfs qui croient au vieux mythe des
« fonctionnaires payés à ne rien faire »,
risquent fort de se réjouir. Mais à bien y réfléchir,
l’objectif n’est-il pas, à l’avenir, de
confier aux sociétés privées et à leur
appétit de bénéfices des missions de service
public qui deviendront réservées à ceux qui
pourront payer ?
Le
gouvernement s’occupe de l’immigration: pour cela il
organise des rafles, des opérations de police, des reconduites
à la frontière. Mais en réalité, il
s’agit de « brosser dans le sens du poil »
les électeurs d’extrême droite. Les chiffres sont
éloquents : les objectifs d’arrestations sont de
125 000, les reconduites à la frontière
atteindront 25 000… ce qui laisse dans la clandestinité
100 000 personnes ! Une manne pour les patrons, qui auront
ainsi à disposition des salariés dociles, sous payés,
sans droits. Les marchands de sommeil se réjouissent aussi. Ce
gouvernement souhaite « gérer » des
clandestins ; au contraire les « sans-papiers »
préfèrent, eux, travailler légalement, verser
des cotisations sociales, payer des impôts, participer au
développement du pays. La régularisation, c’est
la solution !
Ce
gouvernement qui met en place son programme au service des riches n’a
cessé de répéter qu’il est prêt à
la discussion, à la négociation. Il « consulte »
les responsables syndicaux, les responsables des partis politiques,
ceux des associations et… il décide que sa politique
est juste et met en place ce qui était initialement prévu.
Quel intérêt ont-ils donc tous à se présenter
à l’Elysée, sinon à servir de faire valoir
à cette politique ? Ce gouvernement voudrait aussi
choisir son opposition, l’endormir, la rendre docile sinon
c’est la matraque, le procès d’intention,
l’insulte contre ceux qui luttent.
Construire
une opposition massive
à
cette droite triomphante !
Sarkozy,
bien qu’il annonce ne rien vouloir céder de son
programme, devra tenir compte du rapport de force, malgré
tout.
Ce
« rapport de force » ne se construit pas dans
l’opposition parlementaire qui nous apparaît bien
impuissante et peu combative… le PS ayant même placé
certains des siens comme Kouchner au sein du gouvernement ou, comme
Strauss-Kahn, au sein du FMI (poussé par le petit Nicolas).
Le rapport de forces
se construit dans la rue, par les mobilisations sociales. Cette
méthode de gouvernement « au rouleau compresseur »
ne doit pas nous pousser à nous résigner, à
céder au sentiment d’impuissance. L’histoire
sociale de ce pays est là pour nous rappeler que de tout
temps, y compris les plus durs, les gouvernants ont cédé
face à une lutte unie et massive. Bientôt les victimes
de cette politique libérale se compteront, y compris parmi les
électeurs de Nicolas SARKOZY.
Il revient donc à
tous les progressistes, à tous ceux qui veulent dresser un
barrage aux assauts du capital et de son appareil d’Etat, de
créer les conditions de l’émergence d’un
mouvement uni d’opposition. A la Coordination Communiste, nous
sommes prêts à y prendre notre part.
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