Battre Sarkozy !
Le
1er tour a rendu son verdict, pré-fabriqué par les
instituts de sondage qui ont aujourd’hui la haute main sur les
élections : la bourgeoisie en sort grande gagnante, les
deux finalistes (comme le troisième homme), étant des
partisans et défenseurs du système capitaliste,
européistes convaincus (on a même vu un Eric Besson,
ancien secrétaire national du PS, chargé des questions
économiques, passer avec armes et bagages dans le soutien à
Sarkozy). Ceci dit, sur un autre plan, des différences
significatives sont en jeu entre Sarko et Ségo, qui fondent ce
choix et cet appel à voter Royal pour ce second tour.
Bilan
du 1er tour : 9% de Résistants anti-libéraux
La
stratégie de la bourgeoisie, poussée depuis des mois,
notamment par médias interposés, était la
bipolarisation autour du couple Sarko/Ségo. Elle a mis ensuite
un troisième fer au feu, en la personne de Bayrou, qui a
précisément surfé sur la volonté de
nombre d’électeurs d’échapper au choix
Ségo-Sarko… mais pour proposer un autre choix libéral
au sein du système. Le bipartisme (ou tripartisme) vise à
étouffer toute possibilité de contestation au sein des
institutions, organisant l’alternance (et/ou des coalitions)
entre libéraux durs ou libéraux mous, ultra-libéraux
ou sociaux-libéraux. Le soi-disant « vote utile »
signifie que seuls ces faux choix seraient possibles.
Dans ce
contexte, les 9% d’électeurs de gauche qui ont refusé
d’entrer dans cette logique en votant pour l’une ou l’un
des 5 candidats anti-libéraux, à gauche du PS, doivent
être félicités. Ils n’ont pas à
regretter leur choix ! Nous sommes fiers d’en être,
nous qui avons appelé à voter Marie-George Buffet, la
candidate du PCF. Nous sommes fiers d’être parmi ces 9%
de Résistants au « vote utile » en
faveur de la social-démocratie. Ce sera le noyau dur –
élargi à nombre de travailleurs et de jeunes qui ont
cédé au « vote utile » –
d’une future opposition populaire, dans les luttes, aux
éventuelles (mais plus que probables) mesures antisociales
d’un gouvernement Ségolène Royal.
Sarkozy :
le candidat préféré des patrons
Si
Ségolène Royal a un programme économique et
social qui n’effraie en rien les patrons, si Ségolène
Royal par exemple refuse de s’engager sur l’abrogation
des mesures antisociales prises par le gouvernement Raffarin/De
Villepin (comme la loi sur les retraites de 2003), Sarkozy est lui,
directement, le candidat du MEDEF et du CAC 40. S’il était
élu, ce serait pour la bourgeoisie un signe très clair
pour accélérer les réformes antisociales dont
les capitalistes ont besoin. S’il était battu, cela ne
voudrait pas dire que de telles réformes antisociales ne
verraient pas le jour (on se souvient du grand privatiseur Jospin !),
mais la bourgeoisie devrait mettre des gants, réfréner
ses envies, procéder plus lentement et par étapes.
Mais
la différence n’est pas que dans le rythme. Car Sarkozy
en réalité, c’est l’équivalent de la
« révolution conservatrice » des années
80 aux Etats-Unis avec Reagan et en Angleterre avec Thatcher. C’est
l’idéologie de la « réussite
individuelle », du « mérite »,
contre les solidarités collectives. C’est la
libéralisation absolue du marché, la précarisation
avec la mise en place d’un nouveau « contrat
unique » organisant la précarisation à vie.
C’est une société du tous contre tous et du
chacun pour soi, une attaque frontale contre tous les restes des
conquêtes sociales de la Libération, sous prétexte
de lutte contre « l’assistanat » (les
chômeurs sont en ligne de mire !). C’est la logique
de l’exploitation à outrance des travailleurs sans
toucher au sur-profit des capitalistes avec le « travailler
plus pour gagner plus ». C’est le sabordage accéléré
des services publics et l’attaque ouverte contre les
fonctionnaires. C’est la remise en cause, proclamée, du
droit de grève, avec pour commencer la mise en place du
« service minimum » dans les transports annoncé
pour l’été 2007.
Sarkozy,
l’homme passerelle entre la droite et l’extrême-droite
Sarkozy,
c’est la fascisation de la droite. Le Pen est retombé à
10,5% mais cette baisse s’explique essentiellement par un
transfert en direction de Sarkozy, qui a racolé ouvertement
les électeurs frontistes. Pour une fois, les électeurs
ont préféré la photocopie à l’original,
Sarkozy étant lui en position de gouverner. Sarkozy, c’est
l’homme qui voulait « nettoyer » les
banlieues au Karchër, c’est l’homme du « Ministère
de l’Identité Nationale », celui qui veut
traquer les prémisses de la délinquance chez les
enfants de 2 ans, celui qui a osé déclarer que la
pédophilie et le suicide des adolescents étaient
d’origine génétique ! Sarkozy, c’est
l’homme du concept esclavagiste de « l’immigration
choisie », c’est l’homme de la « chasse
à l’enfant » sans-papier. La Coordination
Nationale des Sans-Papiers note au lendemain du 1er
tour: « la
lutte sera encore plus ardue, plus dure pour les sans papiers et
soutiens face à Sarkozy que face à Ségolène.
Les travailleurs citoyens qui votent doivent en tenir compte pour
voter le 6 mai ».
Sarkozy
ou l’autoritarisme incarné
Sarkozy
aime à répéter qu’il « gouvernera
dans la transparence », mais pour lui, toutes les vérités
ne sont pas bonnes à dire. Par exemple, juste avant les
élections, il a fait bloquer la parution d’un livre de
Serge
Portelli (membre du Syndicat de la Magistrature)
concernant son bilan au Ministère de l’Intérieur !
Sa
volonté de « mettre au pas » les médias
qui lui résistent est connue : le 18 mars, vexé
d’attendre dans les couloirs de France 3 pour être
maquillé avant de participer à une émission, il
pique une colère et menace de « virer la
direction » s’il est élu. La Société
des Journalistes de la Chaîne a dû protester défendant
leur indépendance. Cet homme marche sur les traces de
Berlusconi… et de celles de
Gianfranco Fini, le dirigeant du parti italien Alliance Nationale
(issu du parti fasciste MSI) qui a préfacé la version
italienne du livre programme de Sarkozy.
Sarkozy
n’hésite pas à employer les grands moyens.
Ministre de l’Intérieur, il n’hésitait déjà
pas à utiliser la police pour réduire ses opposants au
silence. On se souvient que déjà en 2004, il avait
organisé sur l’autoroute A22 le «détournement »
de militants du CSP 59 se rendant à un meeting de l’UMP
dans le Nord. Le 13 avril dernier, ce sont deux cars de salariés
d’entreprises menacées de licenciements massifs qui sont
littéralement capturés par la police alors qu’ils
se rendaient au meeting de Sarkozy à Meaux en Seine et Marne !
Un « contrôle routier » qui a duré
2h30… le temps du meeting.
Sarkozy
l’Américain
Sarkozy,
comme simple ministre, a tenu à se rendre à New York
afin de rencontrer un autre de ses mentors : Bush. Il a critiqué
la politique de non-alignement de la France lors du conflit irakien
de 2003. Il est certain que s’il avait été
Président à l’époque, la France se serait
alignée sur les Etats-Unis.
En
politique internationale, Sarkozy est également un fidèle
soutien de l’Etat sioniste israélien, contre le peuple
palestinien. La très nombreuse communauté française
vivant en Israël a d’ailleurs voté à 85%
pour lui.
Nouveau
traité européen: la volonté de passer en force
Le
prochain président sera confronté au dossier de la
constitution européenne, les bourgeoisies européennes
voulant nous la resservir (sous une version « light »
tout aussi nocive). Sarkozy, là aussi, sera l’homme du
passage en force : il montre son profond mépris
anti-démocratique pour le peuple en refusant par avance l’idée
d’un nouveau référendum. Contrairement à
Ségolène Royal, tout aussi européiste par
ailleurs, mais qui s’est prononcée pour un nouveau
référendum (qu’elle espère positif bien
sûr, mais ça, c’est un autre débat).
Nous
ne ferons pas la politique du pire !
Voilà
pourquoi nous ne ferons pas la politique du pire et appelons à
voter Ségolène Royal, en dépit du programme de
cette dernière, en dépit de ses appels du pied au
libéral-« centriste » Bayrou. Nous
n’avons pas le choix. Ce second tour prend la forme d’une
sorte de référendum pour ou contre Sarko. Avec
Ségolène Royal, il nous faudra de toutes façons
lutter, seul moyen pour imposer nos revendications et reconquérir
tous nos droits sociaux et démocratiques. Mais avec Sarkozy,
l’homme de choc du MEDEF, les travailleurs seront en plus
grande difficulté pour combattre. Sauvegarder l’avenir,
y compris l’avenir de l’alternative révolutionnaire
anti-capitaliste, passe aujourd’hui par battre Sarkozy dans les
urnes !
S’abstenir,
c’est voter Sarko !
Pas
une voix ne doit manquer à Ségolène Royal !
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