Discours
devant les tombes soviétiques au Cimetière militaire
d’Haubourdin – 8 mai 2006
Cher(e)s
ami(e)s, Cher(e)s camarades,
Venir
ici à Haubourdin le 8 mai, chaque année, c’est
notre façon à nous, Coordination Communiste pour la
reconstruction d’un parti communiste révolutionnaire de
célébrer le 8 mai 45, date de la capitulation finale de
l’Allemagne nazie, date de la victoire des peuples contre le
nazisme. Car ici à Haubourdin, dans ce cimetière
militaire, sont rassemblés plus de 200 tombes de partisans
soviétiques morts sur le sol français pour la défaite
du nazisme et la libération de la France de l’occupation.
Leur rendre hommage, ici, c’est rendre à la fois hommage
à l’URSS et à sa contribution décisive à
la défaite du fascisme, et rendre aussi hommage à ces
hommes oubliés, morts ici loin de leur patrie, qui ont
participé à la Résistance française, une
Résistance dont il faut rappeler le caractère
multinational.
Qui
étaient ces citoyens soviétiques ?
Pour
l’essentiel, il s’agissait de prisonniers de guerre,
militaires mais aussi civils, arrêtés par les Allemands
sur le front de l’Est et transférés ici en France
pour servir de main d’œuvre et participer à la
construction du Mur de l’Atlantique ou d’autres ouvrages
défensifs. Il y avait aussi parmi eux des immigrés
russes antifascistes, qui travaillaient notamment dans les mines de
notre région, et qui dès mai 1941, participèrent
à la grande grève des mineurs, premier acte massif de
la résistance de la classe ouvrière, dont nous
célébrons le 65ème anniversaire.
Ils
participèrent directement à la Résistance
intérieure, organisés pour l’essentiel dans deux
organismes fondés par le PCF en octobre-décembre 1943 :
d’une part l’Union antifasciste des patriotes russes,
centrée sur l’immigration russe en France ; d’autre
part le Comité Central des Prisonniers de Guerre Soviétiques.
La direction de ce dernier Comité était assumée
par des officiers de l’Armée Rouge ayant réussi à
s’évader : Guéorgui Chibanov, Vassali Taskine,
Mark Slobodinski, Ivan Skripaï. Ils ont organisé des
évasions de prisonniers soviétiques et ont formé
des détachements de partisans, partout sur le territoire
français. Ils avaient pour nom « Stalingrad », «
Liberté », « Patrie », « Joukov »,
Maxime Gorki », « Leningrad », « Commune de
Paris ».
A la
dernière étape de la libération de la France,
jusque 10 000 Soviétiques formaient 55 détachements,
sans compter les centaines de soviétiques intégrés
dans des détachements soviéto-français ou
internationaux. Un millier de partisans soviétiques ont
participé à la libération de Paris. Dans le
Nord-Pas-de-Calais, 10 détachements soviétiques ont
combattu les occupants.
Ces
héros ont contribué à notre libération.
Ils ont été l’expression vivante de l’alliance
libre des peuples libres qu’a signifié l’alliance
antifasciste contre le nazisme.
Rendre
hommage à ces partisans soviétiques morts en France,
c’est aussi, à travers eux, rendre hommage à
l’URSS, qui a perdu 25 millions de ses enfants dans cette
grande boucherie de la deuxième guerre mondiale.
Il nous
faut rappeler ici l’apport décisif de l’Armée
Rouge. Sur 783 divisions allemandes ayant participé aux
différents fronts de la guerre, 670 ont été
détruites par l’Armée Rouge.
75% des
avions, des pièces d’artillerie, des blindés
allemands ont été détruits par l’Armée
Rouge. 80% des victimes allemands l’ont été sur
le front germano-soviétique.
C’est
l’Armée Rouge qui a brisé l’armée
nazie et qui a fournit l’effort principal pour la libération
de l’Europe. Encore en juillet 44, après le débarquement
de Normandie – ce second front tant attendu par les Soviétiques
pour les soulager un peu de l’effort principal qu’ils
supportaient depuis 1941 – encore après le débarquement
de Normandie, l’Allemagne avait mobilisé 60 divisions à
l’Ouest en France et en Italie, mais devait maintenir 235
divisions contre l’Armée Rouge. En juin 45, le New York
Herald Tribune reconnaissait : « l’Armée Rouge a
été de fait l’armée qui a libéré
l’Europe et la moitié de notre planète en ce sens
que sans elle, et sans les immenses sacrifices consentis par le
peuple russe, la libération du joug cruel du nazisme aurait
été tout simplement impossible ».
Nous ne
devons pas oublier cette histoire, nous ne pouvons pas l’oublier.
Nous
sommes au combien écœurés, au contraire, quand on
voit les tentatives visant à salir cette histoire, tentatives
qui n’émanent pas seulement de nostalgiques du fascisme,
mais aussi de gens « bien pensant » soutenant le système
capitaliste, et qui par hostilité de classe envers les
adversaires les plus résolus de ce système capitaliste,
par anticommunisme donc, sont prêts à aller loin dans la
négation de l’histoire.
Ainsi le
25 janvier dernier, l’Assemblée Parlementaire du Conseil
de l’Europe, ce soi-disant temple de la « démocratie
» et des « droits de l’homme », a voté
le rapport Lindblad (du nom d’un député suédois
membre du Parti Populaire Européen, parti auquel l’UMP
est affilié), rapport « contre le communisme totalitaire
». Voyez-vous, ce qui gêne ces grands de ce monde, c’est
que les peuples de l’Est sont « nostalgiques » et
que l’opinion européenne « sous-estime les crimes
communistes ». Il faut donc une nouvelle croisade
anti-communiste pour éradiquer au fond toute velléité
de résistance de ces peuples qui découvrent les joies
de l’exploitation capitaliste. Ajoutons que ce rapport vise à
cimenter avec un fond d’anticommunisme une idéologie
européiste qui a bien du mal à passer, y compris ici à
l’Ouest, comme l’ont montré les référendums
français et hollandais.
Rappelons
aussi que dans cette « Maison Europe » qui veut réécrire
l’Histoire on trouve les pays baltes dans lesquels des
monuments sont érigés à la gloire des Waffen SS.
En Lettonie, un parti se déclarant « national-socialiste
» vient même d’être enregistré.
Par
ailleurs, en République Tchèque, la Jeunesse Communiste
est menacée d’interdiction. En France, l’historienne
Annie Lacroix-Riz – qui nous apporte au demeurant son salut
fraternel pour notre initiative de ce matin – Annie Lacroix-Riz
est l’objet d’une campagne de diffamation, montée
par l’officine d’extrême-droite « Ukraine 33
», qui demande au Ministre de l’Education Nationale de la
sanctionner, tout simplement parce qu’elle refuse, le
démontrant dans ses travaux, d’avaler les couleuvres
anticommunistes sur le soi-disant « génocide ukrainien »
au début des années 30.
L’attaque
contre les historiens, l’attaque contre l’Histoire est
une attaque contre la Mémoire, une mémoire des luttes
et des résistances que nous devons entretenir. Car pour
continuer le combat contre le fascisme, la guerre et le capitalisme,
nous ne pouvons pas être amnésiques. Nous devons nous
inspirer du courage de ceux qui nous ont précédés.
Nous
nous inclinons aujourd’hui devant l’héroïsme
de ces partisans soviétiques, morts loin de leur patrie
socialiste pour la libération de l’humanité du
joug nazi.
Honneur
aux combattants soviétiques ! Honneur aux martyrs !
Discours
devant les tombes des « tirailleurs » au Cimetière
militaire d’Haubourdin – 8 mai 2006
Cher(e)s
ami(e)s, Cher(e)s camarades,
Nous
rendons ici hommage aux « tirailleurs », ces soldats
originaires des colonies, qui ont participé activement à
la lutte dans les rangs de l’armée française au
cours des combats de la seconde guerre mondiale.
Les
tirailleurs - tirailleurs sénégalais, algériens,
marocains… - ont pris une part active aux combats. Dès
mai-juin 1940, quand l’armée française en déroute
faisait face à l’avancée des troupes allemandes :
ce fut même une politique consciente alors de la part de
l’état-major de les mettre en première ligne.
Résultat : le taux de mortalité des troupes coloniales
issues de l’AOF et de l’AEF s’élève,
en mai-juin 1940 à 40% des troupes engagées, contre 3%
de pertes pour le restant de l’armée.
Après
juin 1940, Pétain signant l’armistice avec l’Allemagne
nazie, une nouvelle armée française – celle de la
« France libre » - va être reconstituée par
De Gaulle pour continuer le combat : les tirailleurs vont être
le fer de lance de cette nouvelle armée reconstituée
pour une large part en Afrique. 50% de l’armée d’Afrique
du Général de Lattre de Tassigny était
constituée de ceux qui étaient qualifiés d’«
indigènes », soldats noirs et maghrébins. En août
1944, la moitié des troupes française ayant débarqué
en Provence était constituée de tirailleurs. A noter
toutefois, qu’au fur et à mesure de la remontée
de ces troupes vers le Nord, elles étaient « blanchies »
(selon l’expression de l’époque) par désarmement
de certaines unités et incorporation d’autres unités
constituées en France même, signe d’une méfiance
qui n’avait jamais totalement disparue, y compris dans cette
armée gaulliste.
On sait
ce qu’il advint de la reconnaissance de l’Etat français
pour ces serviteurs issus des colonies. En 1959, une loi venait geler
les pensions, qui n’ont pas été revalorisées
depuis. Discrimination terrible qui nécessite réparation.
Aujourd’hui,
l’histoire des tirailleurs est un peu mieux connue et
l’existence de films est là pour en témoigner. «
Les enfants du pays » de Pierre Javaux vient de sortir et «
Indigènes » de Rachid Bouchareb avec des acteurs comme
Jamel Debouze et Sami Nacéri est attendu pour le mois de
septembre. Si cela peut combattre le racisme et faire connaître
l’apport des soldats issus d’Afrique à la
libération de la France, c’est une bonne chose. Mais
évidemment, nous ne pouvons pas nous arrêter à
cela, à l’heure même ou Sarkozy présente
une nouvelle loi liberticide contre l’immigration, la loi
CESEDA, sur le code de l’entrée et le séjour des
étrangers et le droit d’asile. Les conditions
d’obtention des titres de séjour, de naturalisation, de
regroupement familial se durcissent. « L’immigration
choisie », voilà le nouveau concept sarkoziste, qui
réinvente le marché aux esclaves, quand le colon
examinait la dentition du nègre et ses muscles pour savoir
s’il faisait une bonne affaire.
Le
capitalisme vante la libre circulation des capitaux et des
marchandises mais interdit la libre circulation des hommes. Nous nous
opposons à cette logique. Avec les sans-papiers d’aujourd’hui,
qui sont venus en marchant de Lille rendre hommage à leurs
ancêtres tirailleurs, nous dénonçons la nouvelle
loi sur l’immigration et réclamons la régularisation
de tous les sans-papiers ; car les travailleurs – qu’importe
leur origine - ont intérêt à avoir les mêmes
droits, pour mieux se défendre, et lutter ensemble, contre
l’exploitation. Un travailleur sans-papiers est vulnérable
face au patronat, représente une main d’œuvre
corvéable à merci, à moindre coût, ce qui
conduit à une pression générale à la
baisse sur les salaires de l’ensemble de la classe ouvrière.
Hier,
dans la Résistance militaire pour la libération de la
France, nous avons lutté ensemble !
Aujourd’hui,
contre l’exploitation capitaliste, pour l’unité de
la classe ouvrière au delà de toutes les différences,
nous continuons le combat ensemble !
Rendez-vous à
10h45 à l’entrée du Cimetière communal
d’Haubourdin, rue du Général Dame
>>
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Souvenons-nous !
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