Face
aux résistances qui s’organisent, durent et se
multiplient, Chirac, l’homme de la « fracture sociale »,
flanqué de son dauphin naguère « champion du
dialogue social », répondent, matraque en main, par une
tentative de passage en force provocateur et cynique. Celui qui a
recueilli moins de 15% des inscrits au premier tour des
présidentielles en 2002, tente de s’asseoir aujourd’hui
sur :
C’est
une preuve flagrante de cette vérité du marxisme, que
les communistes n’ont de cesse de répéter : dans
une société divisée en classes sociales
antagonistes, la « démocratie » est toujours une
démocratie de classe. La démocratie bourgeoise - dans
laquelle nous vivons - n’est que l’autre nom de la
dictature de la bourgeoisie, de la dictature au service des
intérêts des capitalistes : une dictature souvent
camouflée, habillée des oripeaux de la démocratie
formelle, mais qui jette le masque quand l’essentiel est en
jeu, à savoir les intérêts fondamentaux de la
classe capitaliste. Leur « démocratie » est la
dictature d’une minorité de nantis, qui a pour
principaux représentants le MEDEF et l’UMP. La notre,
c’est la démocratie populaire, celle qui s’exprime
ici dans la rue et dans les AG d’étudiants, de lycéens,
de travailleurs. Comme le chantent les manifestants : «
C’est pas au patronat de faire la loi ! La vraie démocratie,
elle est ici ! »
La
réalité de la lutte de classe
«
En république, quand il s’agit de l’intérêt
national, il ne saurait y avoir ni vainqueur, ni vaincu »
(dixit Chirac dans son intervention du vendredi 31 mars).
Il
s’agit là du mythe de la paix entre les classes. Jeunes,
salariés et chômeurs supportent aujourd’hui des
conditions de vie de plus en plus précaires et subissent de
plus durement la vie chère. Les inégalités
sociales s’aggravent au point que les journalistes eux même
finissent par en parler. Le nombre d’accidents et de maladies
du travail explose. L’espérance de vie de la population
française aurait baissé de trois ans depuis dix ans :
c’est un record historique ! Toutes ces évolutions sont
directement liées à la logique des réformes
successives de ces vingt dernières années soi-disant
faites elles aussi dans l’« intérêt national
» ! Les seuls vainqueurs ont été les patrons
et les financiers (cf. explosion des bénéfices des
entreprises et des profits boursiers). L’«intérêt
national » est le camouflage des valais du patronat pour la
défense de leurs seuls intérêts. Dans la lutte
de classe, les travailleurs et les patrons ne peuvent pas gagner
ensemble; dans la confrontation actuelle, un seul camp sortira
vainqueur.
Le CPE
reste le CPE
«
Période d’essai d’un an», « Entretien
d’explication du licenciement »… Telles sont
les cacahuètes que Chirac nous a lancé… en
prenant bien soin de préciser que la « loi sur l’égalité
des chances » était de toute façon promulguée
(et même publiée ce dimanche au Journal Officiel).
Le
CPE reste donc ce qu’il est : un sous-contrat discriminant
et au-delà le premier acte de dynamitage du CDI, norme
juridique centrale du code du travail garantissant des droits
protecteurs pour le salarié. Le coup de grâce («
Contrat Unique » applicable pour tous les salariés) est
maintenant explicitement programmé pour les prochaines
vacances scolaires.
Depuis
l’intervention de Chirac vendredi soir, les médias ont
l’audace d’insinuer qu’un « motif »
serait maintenant requis pour licencier un salarié en CPE, en
feignant de croire qu’une « explication » (dixit
Chirac) équivaut à un « motif légal »…
Lapsus largement prémédité, ce piège
sémantique est la dernière cartouche du gouvernement :
·
d’un côté « Motif légal de
licenciement » qui existe pour le CDI : Transformation,
modification ou suppression d’un poste, causes « réelles
et sérieuses », etc.
·
de l’autre « Explication » pour le CPE: Vous êtes
trop gros, vous vous appelez Mohamed, on n’a plus besoin de
vous, on préfère embaucher un nouveau CPE plutôt
que de vous garder, d’ailleurs on a un jeune UMP prêt à
travailler 50h payées 35 , on délocalise, etc., etc.
Et, un an de précarité (au minimum !) qui ferme les
portes aux logements, aux prêts… est toujours
inacceptable !
Aucune
négociation possible
Le
gouvernement Chirac-De Villepin-Sarkozy essaie de faire passer un
soi-disant « CPE-light ». Il n’y aucune raison de
négocier sur ces bases faussées. Il faut retirer le
CPE, un point c’est tout. L’organisation syndicale qui
entrerait dans le jeu de la discussion préalable à la
nouvelle proposition de loi UMP porterait une lourde responsabilité.
Par la
poursuite de notre mobilisation, par la reconduction de la grève
au-delà de cette journée d’action du 4 avril,
nous pouvons maintenir la pression, y compris sur les directions
syndicales réformistes, pour qu’elles continuent à
rester au diapason de la lutte de masse, jusqu’à
l’abandon du CPE !
En avant
! La lutte n’est pas finie !
Le
gouvernement cherche à limiter la contestation sociale à
de simples discussions d’aménagement des plans de
régression, et parallèlement il accélère
la criminalisation du mouvement social (demande d’évacuation
policière des lycées, arrestation massive et passage
immédiat aux tribunaux des militants…). Nous
exigeons la libération et l’amnistie immédiates
de tous les manifestants incarcérés.
L’espoir
des Chirac-Villepin-Sarkozy est l’essoufflement du mouvement. A
ce propos, la déclaration de François Chérèque
(CFDT) : « On va réfléchir en intersyndicale sur
la suite du mouvement, qui peut s’inscrire dans la durée
» car, selon lui, la 2ème loi devrait être débattu
en mai et juin est inquiétante. Les journées d’actions
parcellées ont montré leur incapacité à
infléchir la politique UMP-MEDEF. Il faut battre le fer
quand il est chaud.
Nous
devons stopper aujourd’hui ce gouvernement : laisser
s’installer le CPE, c’est laisser s’installer le
règne de la peur permanente du licenciement pour toute la
jeunesse, dès leur première embauche, c’est
accepter de se laisser passer une muselière pour toute la
classe ouvrière.
Rien
n’est fini. Une loi même promulguée peut
toujours être abrogée. Rappelons-nous la loi du 23
février 2005 sur les rapatriés et son article 4 vantant
« le rôle positif de la colonisation ». Un an après
et de nombreuses mobilisations (pétition d’historiens,
refus opposé à Sarkozy de mettre pied en Martinique…
etc..) l’article 4 a été modifié par
simple décret (le 15 février 2006).
Seule
notre détermination fera reculer le gouvernement. Déjà
dans plusieurs départements, l’ensemble des
organisations syndicales appellent à la grève
reconductible, dès le mercredi 5 avril.
Reconduisons
les grèves, multiplions les actions et les blocages,
paralysons le pays et son économie jusqu’au retrait sans
condition du CPE !
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