La
multiplication des actes politiques « glaçants »,
pour citer le mot d’Audrey Pulvar au sujet de la manifestation
policière, immédiatement menacée par le Ministre
de l’Intérieur, est particulièrement nette ces
dernières semaines, au point qu’on peut se demander à
quoi joue réellement la Macronie.
Dans
la même période, le gouvernement interdit une
manifestation parisienne de soutien au peuple palestinien qui subit
un nouveau déchaînement militaire de la part de l’entité
sioniste, et Darmanin participe à une manifestation policière
factieuse qui s’en prend directement à la Justice
française et joue les gros bras devant le Parlement.
La
France a été, de fait, le seul pays à interdire
un soutien à la Palestine, quand il s’est exprimé
partout ailleurs dans le monde, jusqu’en Israël même !
Dans le même temps, une grande manifestation policière
fortement teintée de brun, vue l’omniprésence des
courants fascistes de ce pays, du syndicat Alliance au RN en passant
par Zemmour et autres « intellectuels »
d’extrême droite islamophobe, a ouvert ses rangs à
l’arrogant et ambitieux Ministre Darmanin, celui qui disait il
y a peu sur un plateau télé à Marine Le Pen
qu’elle était « trop molle » en
matière de sécurité…
Nous
avons d’ailleurs pu mesurer à quel point il s’agissait
d’une démonstration de force « politique »
à l’absence remarquée de la CGT Intérieur
(dont Darmanin vient d’ailleurs de licencier illégalement
le secrétaire général), qui a refusé la
manipulation d’un appel qui concernait initialement un simple
hommage à Eric Masson, policier mort récemment.
L’Elysée
et le gouvernement ont visiblement pris goût à une forme
de « conseil de guerre » excluant
systématiquement des décisions politiques les
parlementaires, avec la crise sanitaire qu’ils ont géré
si lamentablement … mais d’une main de fer (on se
rappelle du musicien tabassé par des policiers déchaînés,
dans son studio et sous des caméras, au seul motif qu’il
n’avait pas de masque dans la rue en rentrant chez lui). Leur
déchaînement actuel, à tous points de vue, crève
les yeux. La parution publique, dans un journal à large
diffusion, d’une tribune putschiste de hauts gradés
fascistes à la retraite très influents au sein de la
prétendue « grande muette », aurait-elle
pu advenir aussi impunément il y a seulement quelques années ?
Ces
signes ne sont pas fortuits : Ils découlent d’une
politique sécuritaire et discrimimatoire extrêmement
dangereuse, flanquée de lois bien concrètes : la
loi « sécurité » (qui allait
tellement loin dans l’impunité policière qu’elle
vient d’être retoquée par le Conseil
Constitutionnel) et la loi contre les « séparatismes »,
qui constitue un arsenal particulièrement agressif et
stigmatisant contre un « ennemi intérieur »
fantasmé, les musulmans de ce pays. Ils trouvent aussi leur
origine dans le régime présidentialiste autoritaire de
la Vème République gaulliste.
Bref,
nos Droits Démocratiques, qui –rappelons-le- furent
conquis par nos luttes et non offerts par les puissants, reculent…
pendant que Macron et son gouvernement se « radicalisent à
droite » (euphémisme) : soutien aux
putschistes fascistes qui ont renversé Evo Morales en Bolivie,
soutien au gouvernement hyper-répressif qui mitraille son
peuple en Colombie, soutien aux terroristes antiMaduro au Venezuela,
soutien au « dissident » raciste Navalny en
Russie, au néonazis pro-UE ukrainiens ou au
« dissident » nazi Protashevich au Belarus…
et peut être surtout, soutien sans faille au gouvernement
d’extrême droite israélien qui bombarde impunément
les palestiniens quand bon lui semble.
Les
« amis » de Macron à l’international
sont à l’image de ses propres options
politiques sur les plans interieur et extérieur, depuis
la répression sanglante, dénoncée à
l’étranger, des manifestations populaires des Gilets
Jaunes depuis trois ans, et ce n’est qu’un
exemple. Depuis la poursuite résolue des opérations
meurtrières de la françafrique au Mali, au Sahel
également…
C’est
à ses fruits qu’on reconnaît l’arbre. Et
l’arbre, ici, porte un nom précis. C’est la
fascisation. Ce terme, contrairement à son apparence, n’est
pas équivoque : il s’agit d’un processus de
long terme, qui du reste n’a pas commencé avec Macron,
mais qui, sous nos yeux, s’accélère. Ce dernier
n’est certes pas encore un « fasciste »
au sens propre, mais il poursuit un processus offensif de répression
et de tentative de dérivation de la colère populaire
quand celle-ci se renforce, et qui peut quand « les
circonstances l’exigent », sous la forme d’un
« état d’urgence » par exemple,
déboucher sur le fascisme.
C’est
Hindenburg et des magnats très « démocratiques »
de la finance allemande qui ont installé Hitler au Pouvoir. Ce
sont des financements anglais et français qui ont aidé
Mussolini à prendre le pouvoir. Ce sont notoirement les
Etats-Unis, « grande démocratie », qui
ont assassiné le président élu Allende pour le
remplacer par le fasciste Pinochet. Les exemples de ce genre ne
manquent pas. Il est donc absurde d’opposer comme des
« contraires » le fascisme d’une part et
la « démocratie libérale » de
l’autre : Toute l’histoire du 20ème siècle
l’a déjà confirmé.
Souvenons-nous
que ce sont bien des grands patrons qui ont dressé la menace
cagoularde contre la montée en puissance du mouvement ouvrier
avant la victoire du Front Populaire. Les mêmes, au nom d’un
« plutôt Hitler que le Front Populaire »,
ont fini par mettre Pétain au pouvoir après une
« étrange défaite » face à
la Wehrmacht. Chaque fois, ils ont défait les droits
démocratiques un moment concédés face au
mouvement ouvrier organisé menaçant leurs intérêts.
Chaque fois ils ont construit un ennemi de l’intérieur
pour détourner la colère. Chaque fois ils ont tenté
de briser la résistance syndicale et de museler l’opposition
politique.
Nous
vivons une crise économique et sociale que plus personne ne
conteste, et la tentation de criminaliser tout mouvement populaire
est grande à l’Elysée et au MEDEF, comme dans les
salons de Bruxelles. Si nous ne réagissons pas, si nous
refusons de comprendre que la période n’admet pas la
division dans nos rangs, si nous ne montrons pas notre unité
face à ce processus de fascisation déjà bien
entamé et qui s’accélère aujourd’hui,
nous désarmerons notre camp contre la menace fasciste,
incarnée par le RN, les « identitaires »,
la LDJ et autres milices, exploitée par LERM et ses satellites
LR et PS. Il est plus que temps de dire stop à un pouvoir aux
abois qui cherche à brouiller les pistes pour passer à
l’attaque ! C’est ainsi que tous ensemble, nous
reprendrons l’offensive ! L’ensemble de notre
camp social et politique antilibéral doit s’unir pour ne
plus subir !
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