Préambule
du tome 1
L’histoire
du PCF, voilà un classique qui a déjà fait coulé
beaucoup d’encre. Tout n’a pas été dit pour
autant, loin s’en faut ! Beaucoup de points restent à
découvrir.
Cette
« contribution à l’histoire du PCF »
dont nous livrons ici le premier tome, n’entend pas être
un ouvrage de spécialistes, pas plus un manuel d’histoire.
Son modeste objectif n’en est pas moins ambitieux.
Modeste,
car notre propos n’est pas de faire une thèse
universitaire sur l’histoire du Parti Communiste Français,
mais de puiser aux sources – sciemment occultées,
longtemps falsifiées – pour éclairer d’un
jour nouveau les enjeux de la lutte de classe aujourd’hui, en
France et dans le monde.
Ambitieux
parce qu’il s’agit d’un regard original, neuf sur
l’histoire de ce parti, un regard qui diffère
radicalement de toutes les publications anticommunistes
contemporaines, qu’elles soient l’œuvre des
réformistes, des bourgeois et des révisionnistes.
Autant
dire que nous prenons parti dans le débat controversé
concernant la nature du PCF dans les années 1920 et 1930. Un
débat qui n’est pas au demeurant un débat
d’historiens, mais qui a au contraire des implications dans le
débat politique aujourd’hui entre tous ceux qui, peu ou
prou, se réfèrent au « communisme ».
Du
reste, on ne saurait en douter quand on observe le récent
29ème Congrès. Pour la direction réformiste
d’aujourd’hui, ces vingt premières années
du PCF se résument à la « politique
d’ouverture au Front Populaire » qui mit fin à
des années de « sectarisme ». Robert
Hue ; l’homme qui incarne la « mutation »
réformiste depuis le 28ème Congrès, a
voulu dans son rapport replacer cette « mutation »
dans l’histoire du parti et il a parlé de « première
mutation » au moment du Front Populaire.
Les
trotskistes, eux, s’accordent avec Robert Hue sur le fait que
le Front Populaire a constitué une véritable
« mutation » du PCF à cette époque,
mais à l’inverse, ils la dénoncent comme étant
une politique « réformiste ».
Nous
pensons au contraire – et c’était finalement le
point de vue de l’Internationale Communiste elle-même à
l’époque – que l’histoire du PCF des années
vingt et trente est en partie l’histoire des différentes
tactiques (toutes justes) mises en œuvre par le parti, sous la
direction de l’Internationale Communiste, pour gagner la
direction de la classe ouvrière et préparer la
révolution socialiste. Qu’il s’agisse de la
tactique du front unique, de la tactique « classe contre
classe », ou de la tactique du front populaire
antifasciste.
En
clair, dans cet ouvrage, il s’agit, contre toutes les attaques
dont est l’objet le PCF révolutionnaire de cette époque,
d’une défense et illustration de ce que fut réellement
le parti communiste, section française de l’Internationale
Communiste. Et il s’agit donc en particulier d’une
réponse à la révision de l’histoire à
laquelle Robert Hue s’est livré au 29ème
congrès, quand il a prétendu que la « mutation »
réformiste actuelle n’est « pas une inversion
de notre histoire » (L’Humanité du 19
décembre 1996, p.6).
Cela dit
nous n’en restons pas là. Partie prenante aujourd’hui
de la lutte contre la direction social-démocrate du PCF, le
Cercle Henri Barbusse sait que parmi ceux qui partagent ce combat
circulent toute une série de thèses visant à
expliquer l’origine de la dérive puis de la liquidation
actuelle du parti.
Nous ne
parlons pas ici bien évidemment des trotskistes pour qui le
« PCF a perdu toute identité révolutionnaire
depuis la stalinisation [c'est-à-dire la bolchévisation]»
(L’Egalité n°49, nov. Déc. 1996, p3).
Dans ce
tome 1, nous entendons montrer qu’un tel point de vue est faux,
que de la bolchévisation est né un véritable
parti communiste qui a su attirer à lui de larges masses.
Bien
entendu, nous ne répondrons pas dans ce tome à toutes
les questions que le lecteur pourrait se poser. En particulier, nous
n’expliquerons le passage du PCF de parti communiste en parti
réformiste que dans le tome 2. En 1939, à la fin de ce
tome, le PCF est encore un parti révolutionnaire, qui se bat
pour la dictature du prolétariat et la socialisation des
moyens de production et d’échange. Certes il a commis
des erreurs et il existait (nous le montrons) des tendances à
la déviation, mais ce parti restait révolutionnaire.
Voilà ce qui à nos yeux, mérite d’être
proclamé bien haut à l’heure actuelle : il y
a eu dans ce pays un parti communiste. Comment s’est-il formé ?
Comment a-t-il surmonté les survivances sociale-démocrates
en son sein ? Quelle fut sa politique ? C’est ce que
nous voulons montrer, en souhaitant en particulier que les jeunes
générations qui ne connaissent que le PCF de Robert Hue
puissent découvrir ce qu’a été le parti
communiste.
A
l’heure où les révolutionnaires sont confrontés
à) la rude tache de préparer les conditions de
l’émergence d’un nouveau parti communiste, le
Cercle Henri Barbusse pense qu’il est important de se
réapproprier les enseignements de la lutte pour la création
du PCF en 1920, pour sa bolchévisation et pour sa constitution
comme force dirigeante de la classe ouvrière, à
l’avant-garde du combat contre le système capitaliste.
En ce sens, cet ouvrage est aussi une contribution à la lutte
pour l’émergence d’un nouveau PC, contre la
direction réformiste actuelle.
Premier
mai 1997
Partie
1 – Le mouvement ouvrier en France des origines au congrès
de Tours
Introduction
– La guerre impérialiste, la faillite de la Seconde
Internationale et la révolution socialiste en Russie
A
– Le mouvement ouvrier en France du 19ème
siècle à 1914
1/
Les luttes de classe du prolétariat français au 19ème
siècle, la Commune de Paris
2/
L’introduction du marxisme en France, les premiers partis
ouvriers
3/
De l’unité socialiste de 1905 à la guerre
B
– Le mouvement ouvrier français de la guerre
impérialiste au congrès de Tours
1/
Le courant anti-guerre en France
2/
Les mutins de la mer Noire : internationalisme prolétarien
et défense de la Russie soviétique
3/
La montée du courant favorable à l’Internationale
Communiste
C
– Le congrès fondateur du PCF à Tours en décembre
1920
1/
Les positions de la droite et du centre
2/
Les 21 conditions et les thèses de l’aile
révolutionnaire
3/
Les débats du congrès
4/
L’apport de l’IC face aux tentatives de conciliation
avant la rupture
Partie
2 – La lutte pour la bolchévisation du PCF
Introduction –
Ce qu’était le PCF au lendemain du congrès de
Tours : Situation internationale en 1921, tactique du front
unique, faiblesses du jeune PCF
A
– Les premiers pas vers la bolchevisation
1/
Les thèses du premier congrès
2/
Premières interventions de l’IC sur les questions
organisationnelles
3/
Le jeune PCF et la question coloniale
B
– Les premières grandes batailles de classe et
internationalistes : Ruhr et guerre du Rif
1/
La lutte contre l’occupation de la Ruhr
2/
La lutte contre la guerre du Rif
C
– La bolchevisation du PCF
1/
La politique de bolchevisation contre les traditions
sociale-démocrates
2/
La lutte contre les résistances à la bolchévisation
et la formation d’un groupe dirigeant
3/
La tactique « classe contre classe »
4/
La lutte de l’IC et de Maurice Thorez contre les déviations
gauchistes au début des années trente
Partie
3 – Le front populaire et la lutte contre le fascisme
Introduction
– La crise du capitalisme au début des années
trente et la montée du fascisme en Europe, la définition
du fascisme
A
– Le front unique ouvrier antifasciste
1/
Comment s’unir ? Les expériences allemande et
française
a)
La lutte pour le front unique en Allemagne
b)
Les erreurs du PCF dans la recherche du front unique en 1932 –
1933
2/
Premiers pas sur la voie du front unique ouvrier antifasciste
a)
La différenciation au sein du parti socialiste
b)
Le danger fasciste en France ; le 6 février 1934
c)
Le PCF et la lutte contre la fraction de Doriot
3/
Vers l’affermissement de la tactique nouvelle de l’IC et
du PCF
a)
le rôle de Georges Dimitrov
b)
La conférence nationale d’Ivry
c)
Le pacte d’unité d’action
B
– Le front populaire
1/
La constitution du front populaire
2/
Un évènement d’importance historique : le
VIIème congrès de l’IC en 1935
3/
Les débuts du front populaire
a)
L’adoption du programme de front populaire
b)
La question de l’unité organique PCF – SFIO
c)
Le PCF et la question de l’indépendance nationale
d)
Le VIIIème congrès du PCF
C
– Le PCF après la victoire électorale du front
populaire
1/
Nature du gouvernement de front populaire : faut-il participer
au gouvernement ?
2/
Le PCF et le mouvement de grève
3/
Le PCF et l’Algérie
4/
L’agonie puis la faillite du front populaire en France
a)
le « front français »
b)
l’échec pour sauvegarder le front populaire (1937 –
1938)
Conclusion
Préambule
du tome 2
Le rôle
des communistes dans la résistance et dans la lutte de
libération nationale gène la bourgeoisie française.
Il rappelle en effet qu’un seul parti s’engagea dès
le début et de manière organisée contre
l’occupant : le PCF.
Les
efforts des révisionnistes et négationnistes de tout
acabit ne cessent depuis la libération pour masquer cette
vérité objective : tous les partis ont trahi à
l’exception des communistes. Les trotskistes ont été
les précurseurs de cette falsification de l’histoire.
Aujourd’hui leurs arguments mensongers sont repris par les
historiens bourgeois mais également par certains dirigeants du
PCF mutant.
Le
cercle Henri Barbusse définit son action comme une
contribution à la reconstruction d’un parti communiste
véritable sans lequel notre classe ouvrière sera
désarmée face au capital. Pour ce faire nous avons
besoin de nous réapproprier notre histoire et de répondre
aux calomnies répandues depuis plus de cinq décennies.
C’est
dire que nous prendrons parti dans ce second tome sur toute une série
de questions volontairement déformées par la
bourgeoisie et parfois inconsciemment véhiculée par des
militants sincères. Les attaques ont été tous
azimuts et concernent autant le mouvement communiste international
que l’URSS et le PCF ; le « pacte
germano-soviétique », la nature de la seconde
guerre mondiale, la « tentative de republication du
journal L’Humanité », la dissolution de
l’Internationale Communiste, la « non prise du
pouvoir à la libération », etc.
Ces
questions ne sont pas affaire d’historiens. Elles concernent
les militants communistes d’aujourd’hui qui sont
confrontés à la difficile tache de réenclencher
le processus de reconstruction du parti communiste. Les nouvelles
générations de communistes ont besoin pour leur action
de connaître cette page glorieuse de l’histoire de leur
parti.
Face aux
calomnies dominantes, nous pensons au contraire que le parti
communiste a été le seul à dénoncer
courageusement les accords de Munich qui visaient à inciter
Hitler à se sentir les mains libres pour agresser l’URSS.
Nous considérons que le pacte de non agression
germano-soviétique était la seule réponse
tactique possible pour contrer les manigances anglo-françaises
visant à isoler la patrie du socialisme et ainsi pousser
Hitler à l’attaquer.
La
défense par el PCF du pacte dans un contexte de chauvinisme et
d’anticommunisme exacerbés et entretenus par la classe
dominante fut exemplaire. Notre parti fut également le seul à
dénoncer l’abandon de la Tchécoslovaquie et de la
Pologne, et la « drôle de guerre ».
Soumis à une répression féroce, il est encore le
seul à refuser d’ouvrir Paris aux envahisseurs et à
appeler à la résistance. Après la trahison
de Vichy, il est le seul à organiser la résistance
effective contre les nazis en alliant toutes les formes de lutte
possibles et en construisant pas à pas les organisations de la
lutte de libération nationale.
A la
libération, conscient des rapports de forces mondiaux et au
sein de la résistance interne ainsi que de ses devoirs
internationalistes, il refuse la voie aventureuse d’une prise
de pouvoir prématurée et suicidaire. Faire autrement,
c’était ne pas prendre en compte que l’Allemagne
nazie n’était pas encore détruite, que des
pourparlers étaient en cours entre l’impérialisme
américain et des chefs nazis, que l’URSS continuait de
porter l’essentiel du poids de la guerre antifasciste mondiale.
Les communistes peuvent être fiers de leur parti au cours de
cette période sanglante.
La
première partie de notre second tome se veut ainsi une défense
de ce que fut réellement le PCF au cours de cette période :
un parti communiste conséquent.
Notre
seconde partie sera consacrée à la période
allant de 1945 à 1947, c'est-à-dire à la
participation du PCF au gouvernement de la France libérée.
Sur cette période également de nombreux mensonges ont
été diffusé et de nombreuses falsifications de
l’histoire ont été véhiculées. En
particulier, les trotskistes (dont nous rappellerons le rôle et
les positions pendant la guerre) se sont acharnés à
montrer que le PCF avait trahi, du simple fait de sa participation au
gouvernement d’union nationale. Nous montrerons qu’il
s’agit là d’une position gauchiste dangereuse,
idéaliste et antimarxiste, ne tenant pas compte des tâches
du moment.
Par
contre, dans la même période se développent au
sein du PCF des points de vue erronés sur la « voie
de passage au socialisme » sous-estimant le besoin de
rupture révolutionnaire et avançant l’idée
d’un passage pacifique dans le contexte français.
La juste
appréciation de la question nationale au cours de la guerre
antifasciste tend à se transformer en idéalisation de
la « nation française » et de la
démocratie bourgeoise. La tendance à la surestimation
de la révolution française bourgeoise (et du même
coup la tendance à la sous-estimation des ruptures de classe
que sont la Commune et la révolution d’Octobre) conduit
à des déviations théoriques idéalistes,
nationalistes et chauvines. Ces erreurs seront critiquées par
le Kominform et momentanément rectifiées. Elles
indiquent cependant les racines qui expliqueront par la suite le
passage du PCF de parti communiste en un parti réformiste. En
1947 à la fin de ce tome, le PCF est encore un parti
révolutionnaire qui s’est acquitté des tâches
démocratiques antifascistes de l’heure, qui se fixe
comme objectif stratégique le socialisme et qui dénonce
l’antisoviétisme.
Certes
des erreurs graves ont été commises et une déviation
nationaliste dangereuse s’est développée en son
sein, mais elle a été corrigée grâce à
l’aide du Kominform. Cette tendance déviationniste n’a
cependant pas été éradiquée et
réapparaîtra au cours des décennies ultérieures.
Ce sera l’objet de notre troisième tome.
Le
PCF et la lutte antifasciste de libération nationale
Introduction
– Le danger fasciste, l’isolement de l’URSS et la
question nationale dans un pays impérialiste
A
– Le PCF, la « drôle de guerre » et
la capitulation
1/
L’antisoviétisme de la bourgeoisie internationale
2/
Le pacte germano-soviétique et la position du PCF
3/
La position du PCF pendant la « drôle de guerre »
a)
Les calomnies et la guerre contre l’URSS
b)
La question finlandaise
c)
La position des communistes
4/
La trahison nationale et l’armistice
B
– Le PCF à l’avant-garde de la résistance
1/
La construction de la base de la résistance : 1940 –
1941
2/
L’ancrage dans la classe ouvrière
a)
les grèves ouvrières
b)
Les commémorations
c)
Presse et publications clandestines
d)
La répression nazie
3/
Le mot d’ordre de front national
C
– Le bond qualitatif de la résistance : juin 1941 –
novembre 1942
1/
L’agression contre l’URSS et ses conséquences
2/
La lutte contre le STO
3/
Vers une armée populaire de libération nationale
4/
L’unité de la résistance
D
– Stalingrad, le grand tournant
1/
Les effets de Stalingrad
2/
Les manœuvres américaines
3/
L’unité de la résistance
a)
Réunification de la CGT
b)
Le Conseil National de la Résistance
c)
Le Comité Français de Libération Nationale
d)
La dissolution de l’Internationale Communiste
e)
Le combat pour l’insurrection nationale
f)
L’insurrection populaire en Corse
E
– L’insurrection nationale
1/
Le rapport des forces nationales et internationales
a)
au niveau international
b)
au niveau national
c)
le comité central du 31 août 44
d)
la stratégie de De Gaulle et de la bourgeoisie
e)
l’action du PCF
2/
Les succès du PCF dans la lutte pour l’application du
programme du CNR
a)
les municipales de 1945
b)
le Xème congrès du PCF (juin 45)
c)
les Etats généraux de la renaissance : juillet 45
3/
Des erreurs réformistes sur la question coloniale et le
passage à la révolution socialiste
F
– Les communistes dans le gouvernement et la réaction
bourgeoise
1/
Juin – Novembre 45 : Le PCF à l’offensive sur
tous les fronts
a)
Le sabotage et la bataille de la production
b)
La bataille pour l’assemblée constituante
2/
Un gouvernement à l’image de la nation : novembre
45 – juin 46
a)
Le rapport de force après les élections de la
constituante
b)
La bataille pour la constitution et la nouvelle démission du
générale De Gaulle
3/
Des nouvelles victoires du parti aux illusions réformistes :
juin 46 – novembre 46
a)
De nouveau la bataille pour la constitution
b)
L’action des ministres communistes et les premières
législatives
4/
L’offensive impérialiste et ses conséquences en
France : novembre 46 – avril 47
a)
L’offensive impérialiste
b)
L’exclusion des ministres communistes et la déviation de
droite électoraliste
5/
L’émergence d’une tendance droitière
électoraliste et parlementariste
a)
Des illusions à l’interview
b)
L’union française : compromis ou déviation
nationaliste ?
c)
Ouvrir les portes du parti ?
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