L’ensemble
des forces de la bourgeoisie pro-impérialiste hondurienne
vient d’accomplir un putsch contre le président élu
José Manuel Zelaya. Suivant des méthodes éprouvées
de trop nombreuses fois dans l’histoire de l’Amérique
Latine, ces forces contre-révolutionnaires ont expulsé
le président à l’étranger tandis qu’un
nouveau « président » par intérim
reprend les manettes du pouvoir et réprime violemment un
peuple insurgé qui commence à dresser des barricades…
Il y a
36 ans, Pinochet renversait le leader chilien S. Allende pour vendre
son pays aux Etats-Unis. Les habituels exportateurs de « démocratie »
n’éprouvaient alors aucune gène à
assassiner un président démocratiquement élu
comme ils écrasaient dans le sang les guérillas
révolutionnaires qui se multipliaient sur tout le
sous-continent. Le camarade Fidel Castro écrivait il y a
quelques jours : « Voir J.M.
Zelaya, sur Telesur, haranguer le peuple hondurien était
impressionnant. Il dénonçait avec énergie le
grossier refus de la réaction d’accepter une importante
consultation populaire. Telle est la « démocratie »
que défend l’impérialisme. Zelaya n’a
absolument pas violé la loi, il n’a fait aucun coup de
force. En tant que président, il est le commandant des forces
armées honduriennes. Ce qui se passe dans ce pays sera un test
pour l’OEA et pour l’administration étasunienne.
(…) Nous ignorons ce qui se passera cette nuit ou demain au
Honduras, mais la conduite courageuse de Zelaya passera à
l’Histoire. Ce qu’il a dit m’a rappelé le
discours du président Salvador Allende tandis que les avions
de guerre bombardaient le palais de la Moneda où il mourut
héroïquement le 11 septembre 1973. Cette fois-ci, nous
voyions un autre président latino-américain entrer avec
le peuple dans une base aérienne pour réclamer les
bulletins d’une consultation populaire confisqués
crapuleusement. Voilà comment agit un président et un
commandant. Le peuple hondurien n’oubliera jamais ce geste ! »
Il y a
sept ans, un putsch militaire très similaire séquestrait
Hugo Chavez au Vénézuéla. A cette époque,
où G. W. Bush était encore président, Washington
et Bruxelles s’étaient empressés de
« reconnaître » officiellement le nouveau
pouvoir tout en entérinant la destitution d’un président
dont les suffrages auprès des masses populaires étaient
pourtant incontestables. Malheureusement pour eux, la détermination
et l’acharnement du peuple avaient permis à Hugo Chavez
de revenir au pouvoir. Depuis, une alternative anti-impérialiste
latino-caribéenne, l’ALBA, se construit pas à pas
autour de Cuba et du Vénézuéla, et compte
actuellement neuf pays dont le Honduras.
Il y a
quelques jours, le candidat iranien pro-occidental H. Moussavi,
pourtant très largement devancé par son concurrent M.
Ahmadinejad de plus de 11 millions de voix (essentiellement dans les
quartiers ouvriers et dans les campagnes) devenait la figure de proue
d’une nouvelle « révolution colorée »
comme les affectionnent tant leurs financeurs impérialistes
occidentaux. Les manifestations de la petite bourgeoisie urbaine,
soutenues de loin par la propagande décomplexée de nos
médias « démocratiques »,
devaient avoir raison d’une élection où les
forces nationalistes sortaient largement gagnantes. Monsieur
Ahmadinejad, qui s’est illustré par un discours
fracassant contre le sionisme en mars dernier au congrès
international antiraciste de Durban II, qui réagit à
l’encerclement militaire progressif des prédateurs
impérialistes (bases militaires en Israël, en Irak, en
Afghanistan, dans la Péninsule Arabique, et pourquoi pas
bientôt au Tibet, etc.), qui rapproche son pays de l’ALBA,
de la Chine et de la Russie, semble devenir comme Hugo Chavez, Zelaya
et d’autres, un « ennemi public » de
premier plan pour les bourgeoisies occidentales…
Mais
l’époque a changé….
Avec la
crise mondiale du capitalisme, qui touche maintenant les centres
impérialistes eux mêmes, les vieilles méthodes,
encore actives à l’époque de Bush, sont
aujourd’hui associées à beaucoup de prudence
politique :
-
L’élection de Barak Obama montre que la bourgeoisie US,
en difficultés économiques et politiques et dont
l’hégémonie est aujourd’hui rongée
par la croissance économique du « BRIC »
(Brésil, Russie, Inde, Chine) et par les politiques
patriotiques des pays de l’ALBA, de l’Iran, de la
République Populaire de Corée et du Vietnam, adopte une
stratégie plus hésitante et moins brutale qu’à
l’époque Bush. L’administration Obama n’ose
pas encore soutenir publiquement le putsch au Honduras, comme elle se
limite à des « appels au calme » en Iran
(alors qu’elle en est l’un des principaux soutiens avec
l’UE dans les deux cas !).
-
L’élection du parlement européen a été
marquée par des taux record d’abstention début
juin, qui confirment et démontrent à nouveau que les
peuples européens (qui, là où des référendums
étaient concédés, ont clairement rejeté
le projet de constitution européenne en 2005) ne veulent pas
de ce bloc impérialiste en construction. Là encore, les
grands « démocrates » qui nous
gouvernent n’hésitent pas à fouler aux pieds le
vote populaire pour nous imposer cette construction de gré ou
de force.
- Dans
le sillage de la révolution cubaine et de la révolution
bolivarienne au Venezuela, malgré tous les pièges
tendus par l’impérialisme, de nombreux peuples ont élu
des présidents progressistes et anti-impérialistes qui
participent à la construction d’une alternative solide,
indépendante et antilibérale à la crise mondiale
du capitalisme. Il s’agit d’un début de
renversement du rapport de force international qui a sévi
pendant plusieurs décennies de sang.
Les
forces impérialistes sont toujours aussi féroces,
prédatrices et guerrières, mais elles sont aussi
affaiblies par l’intensification d’une lutte de classes
qui s’exprime de nombreuses façons.
L’un
des enjeux pour accélérer ce basculement du rapport de
force, qui pousse les forces réactionnaires honduriennes par
exemple à une « fuite en avant »
désavouée internationalement, est d’unir les
luttes et la solidarité des peuples contre leurs bourgeoisies.
Le
Rassemblement des Cercles Communistes affirme son soutien
internationaliste au combat du peuple hondurien héroïque
pour le retour de J. M. Zelaya à la présidence, et
appelle toutes les forces progressistes et antilibérales en
France à soutenir clairement et assidument cette lutte
héroïque par tous les moyens !
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