Commentaires et amendements au projet de thèses pour une identité communiste révolutionnaire de la Coordination Communiste
Partant
du constat que la « déclaration de principes
(1993) très brève, n'allant pas à la définition
du contenu des concepts - a montré qu'elle était
notoirement insuffisante pour aller de l'avant à l'époque
de la reconstruction du parti », nous sont proposées
des thèses qui « visent à cerner les
survivances du révisionnisme pour les combattre et les
éliminer dans notre coordination et le mouvement communiste en
France ».
Les
thèses posent la question essentielle des bases idéologiques
de la reconstruction du PCF. En effet, le danger existe d'une
reconstruction politique basée sur la conception
anarcho-syndicaliste consistant à réduire la lutte de
classe à sa dimension économique et politique sans
idéologie, sans théorie. La tentation est grande alors
de « réinventer la roue » au prétexte
que certains cherchent - consciemment ou inconsciemment - à
éviter le travail pourtant indispensable consistant à
analyser et expliquer d'où vient la défaite du
mouvement communiste, du mouvement ouvrier révolutionnaire.
Nous devons nous remettre à « l'école »
de nos prédécesseurs auxquels nous devons tant de gains
sociaux et démocratiques pour pouvoir recommencer la lutte.
L'élaboration des thèses dans ces conditions est à
la fois une avancée du débat d'unification idéologique
au sein même de la Coordination et au sein des forces qui
entrent en opposition à la social-démocratisation du
PCF.
L'intérêt
et l'objet des thèses sont d'orienter les débats vers
la reconstruction du Parti communiste révolutionnaire, dont la
classe ouvrière de France a besoin. Il s'agit donc de
contrecarrer les projets du capital d'emprisonner les forces
oppositionnelles au réformisme dans une tendance « de
gauche » du PCF social-démocratisé ou/et de
remplir le « vide » créé à
gauche du PCF par les trotskistes et les verts, et de marginaliser
ainsi les partisans d'une reconstruction marxiste-léniniste du
Parti communiste.
Toutefois
quatre décennies de montée en puissance du
révisionnisme et du réformisme ont causé des
dégâts importants au sein du PCF et du mouvement
ouvrier. Les tentatives d'alternatives maoïstes au révisionnisme
à travers des « thèses » se sont
fourvoyées dans les eaux boueuses de la social-démocratie,
du trotskisme, de l'écologisme ou de l'anarchisme.
L'autoproclamation du Parti ou de l'avant-garde sans fusion du
mouvement ouvrier et du socialisme scientifique conduit
inévitablement à l'échec et à la
faillite. Or, objectivement, ce danger existe à la base des
thèses, d'autant plus que le formidable recul idéologique
pose la question de l'assimilation de la ligne qui la sous-tend. Par
ailleurs, la proposition de thèses comporte des déviations
qui émanent d'une tentative de conciliation entre le
marxisme-léninisme, l'anarcho-syndicalisme et le
semi-révisionnisme. Ce texte a pour objet de lutter contre
deux dangers qui menacent l'actuel mouvement de reconstruction
communiste: 1) la reconstruction sans idéologie ; 2) la
reconstruction avec la seule idéologie.
Il
faut signaler que si les nouveaux statuts adoptés par la IVème
Conférence Nationale du 14 janvier 2001 fixaient justement
comme objectif fondamental de la Coordination Nationale « de
contribuer à la construction d'un Parti communiste, seul
instrument qu'a la classe ouvrière pour se constituer en
classe dirigeante... » (Préambule), le projet
de modification du règlement intérieur dévie
vers l'anarcho-syndicalisme en définissant le Parti communiste
à construire comme un « outil essentiel (sic)
qu'a la classe ouvrière pour se constituer en classe
dirigeante » (Préambule).
Sur
la stratégie et la tactique révolutionnaires jusqu'au
1968
« La
rareté des situations révolutionnaires dans les
métropoles impérialistes a fixé certains PC sur
des tâches intermédiaires de lutte démocratique
pour les revendications sociales, la paix, des réformes
démocratiques » (89). Cette notion de « rareté
des situations révolutionnaires dans les métropoles
impérialistes » nécessite une
démarcation claire par rapport aux déviations
réformistes et gauchistes dans le mouvement ouvrier : les
économistes partisans du gradualisme, du « pas à
pas » et de la conquête démocratique ou
parlementaire du pouvoir (PCF) et les tenants gauchistes de l'assaut
immédiat (les trotskistes et les maoïstes). Le point 156
sur mai 1968 analyse la politique du PCF qui « n'offrit
comme toute perspective que la pression pour que la SFIO se rallie au
Programme Commun ». Mais rien n'est dit sur la
stratégie léniniste du « siège en
règle de la forteresse ennemie ».
En
effet, dans la période 1945 et 1970, la direction du PCF
(Thorez et Duclos) n'a pas su réunir et préparer le
mouvement ouvrier aux tâches du moment et n'a donc pas appliqué
cet enseignement fondamental de Lénine: « A
chaque étape de l'évolution, à chaque moment, la
tactique du prolétariat doit tenir compte de cette dialectique
objective de l'histoire de l'Humanité: d'une part en mettant à
profit les époques de stagnation politique, c'est-à-dire
de développement dit « paisible »,
avançant à pas de tortue pour accroître la
conscience, la force et la combativité de la classe
d'avant-garde; d'autre part en orientant tout ce travail vers le
« but final » de cette classe et en la rendant
capable de remplir pratiquement de grandes tâches dans les
journées qui concentrent en elles vingt années »
(idem).
Le
PCF et la fraction la plus combattive de la classe ouvrière
(point 160)
Une
des étapes majeures du passage du révisionnisme à
la collaboration de classe a été l'avènement du
PS et du PCF au pouvoir en 1981. Aboutissement du programme commun
PS/PCF de 1972 soutenu par le capital, « l'alternance »
a été caractérisée par un chômage
massif suite à la restructuration/robotisation et l'apparition
sur la scène politique du parti fasciste le FN. Pour des
raisons électorales, la social-démocratie a fait le jeu
des forces fascistes pour affaiblir la droite parlementaire: C'est
cela la social-fascisation.
La
résistance du mouvement ouvrier aux licenciements a été
brisée par le PS qui n'a pas hésité à
utiliser le racisme et la répression, à l'instar de
Mauroy lors des grèves dans l'automobile. Le poison du racisme
est ainsi devenu une arme de division des travailleurs, comme Karl
Marx l'observait déjà fort justement au sujet de
l'Angleterre et des Etats Unis: « L'Angleterre a
maintenant une classe ouvrière scindée en deux camps
ennemis: prolétaires anglais et prolétaires irlandais.
L'ouvrier anglais ordinaire déteste l'ouvrier irlandais comme
un concurrent qui abaisse son niveau de vie. Il se sent à son
égard membre d'une nation dominatrice, devient, de ce fait, un
instrument de ses aristocrates et capitalistes contre l'Irlande et
consolide ainsi leur pouvoir sur lui même. Des préjugés
religieux, sociaux et nationaux le dressent contre l'ouvrier
irlandais. Il se conduit envers lui à peu près comme
les « blancs pauvres » envers les noirs dans
les anciens Etats esclavagistes de l'Union Américaine.
L'Irlandais lui rend la pareille largement : Il voit en lui à
la fois le complice et l'instrument aveugle de la domination anglaise
en Irlande. Cet antagonisme est entretenu artificiellement et attisé
par la presse, les sermons, les revues humoristiques, bref par tous
les moyens dont disposent les classes au pouvoir. Cet antagonisme
constitue le secret de l'impuissance de la classe ouvrière
anglaise, en dépit de sa bonne organisation. C'est aussi le
secret de la puissance persistante de la classe capitaliste, qui s'en
rend parfaitement compte » (Marx à S. Meyer et
A. Vogt, in Marx & Engels, Correspondances). Cette
analyse très pertinente est parfaitement conforme à la
réalité de l'évolution du capitalisme français,
surtout à partir de 1980, dans ses rapports avec les minorités
nationales immigrées issues de l'empire semi-colonial
français, d'Afrique notamment. Il suffit ainsi de changer
« anglais » et « blancs pauvres »
par « français » et « irlandais »
et « noirs » par « immigrés
magrébins ou noirs ». Cette situation connaît
une accentuation dans le contexte du nouvel ordre impérialiste
actuel et des guerres coloniales contre l'Irak, la Yougoslavie et
l'Afghanistan.
S'agissant
du fascisme et de la fascisation
« Les
Etats-Unis marchent depuis longtemps sur les pas du fascisme allemand
comme principal (mais pas unique) ennemi des peuples, comme soutien à
tout ce qui est réactionnaire, contre-révolutionnaire
dans le monde » (12) : La comparaison est juste
du point de vue de l'hégémonisme mondial, mais on ne
peut en conclure que les USA sont actuellement fascistes.
L'impérialisme,
c'est la réaction sur toute la ligne, la tendance à
enfreindre systématiquement la démocratie, les droits
démocratiques : tendance dont la base est le monopole
impérialiste, et aujourd'hui le monde unipolaire né de
la défaite du socialisme.
« Ce
n'est pas en soi, la formulation qui pose problème... mais
c'est l'idée que le PCF siège dans un gouvernement de
coalition inédit... que la voie parlementaire, électorale
puisse être victorieuse, alors que les troupes US occupaient la
France fascisante (?!) » (152). De quelle France
« fascisante » s'agit-il en 1945 alors qu’elle
possédait un Gouvernement d'Union Nationale gaulliste et PCF ?
Dimitrov, dans son rapport au 7ème congrès
de l'Internationale Communiste, précise les conditions dans
lesquelles la lutte antifasciste, qui pose immédiatement
l'alternative démocratie bourgeoise ou fascisme,
peut aborder la révolution socialiste.
« Au
stade impérialiste, avec le tournant vers la réaction,
en lien avec la possibilité de situations révolutionnaires,
le capital est contraint de violer ses propres lois et principes.
L’Internationale Communiste a baptisé ce processus
fascisation de la démocratie bourgeoise » (75).
Il y a nécessité d'être très précis :
Encore une fois l'impérialisme tend à enfreindre la
démocratie bourgeoise formelle, c'est à dire que le
capital viole ses propres lois. Mais cela ne suffit pas en soi à
la fascisation. Il faut un élément subjectif, c'est à
dire l'émergence d’un parti fasciste et son
développement, poussant à la fascisation du régime
démocratique bourgeois et des partis sociaux démocrates.
Le régime de Weimar en Allemagne, malgré la répression
sanglante des forces révolutionnaires (Karl Liebknecht et Rosa
Luxembourg) n'est pas le gouvernement Bröening, gouvernement de
transition au fascisme, qui a directement préparé la
venue des nazis au pouvoir. En général le parti
fasciste se développe dans la lutte contre les partis
bourgeois parlementaires de droite et de « gauche »
du capital. Il n'existe pas de cas de « mutation »
littérale des partis bourgeois parlementaires en partis
fascistes. Il y a plutôt à la fois utilisation des
partis fascistes contre le mouvement ouvrier révolutionnaire
et rivalité entre les différents partis bourgeois
classiques et fascistes.
En
outre les thèses devraient affirmer clairement qu'il n'y a pas
de danger « fasciste » aujourd'hui en France,
pour se démarquer clairement du piège réformiste
de la soumission à la social démocratie (le point 82
est à ce propos confus et la confusion est encore plus grande
avec les points 83, 84, 85, 86 : faut-il les rattacher à
la question du fascisme ou n'est-ce pas plutôt les principes
généraux des liens dialectiques entre lutte pour la
démocratie et lutte pour le socialisme?).
Sur
les « racines matérielles » du
réformisme
Nous
sommes d'accord pour dire qu'« après la seconde
guerre mondiale apparaissent des conditions objectives de
développement relativement tranquille du capitalisme... »
(95). Mais il faut combiner ici le pillage colonial, l'importation
d'immigrés et l'embauche du prolétariat féminin
doublement exploités, permettant au capital de corrompre les
couches supérieures de la classe ouvrière et faire
émerger sur cette base concrète une bureaucratie
contrôlant peu à peu à la fois le PCF et le
syndicalisme de lutte de classe.
« A
partir des années 70, certains militants marqués par
l'opportunisme commencèrent à envisager la fonction de
permanent comme « profession » avec ses plans
de carrière; on obéissait aveuglément pour
avancer dans l'appareil. Cette couche sociale, l’aristocratie
et la bureaucratie ouvrières, a pris les rênes du
parti... » (158). C'est pourquoi il nous faut faire la
différence entre « la liquidation de tous les
principes marxistes par les Gorbatchev, Berlinguer, Ochetto ..., Hue,
etc. » et « Marchais »
(100). Les « concessions sociales et démocratiques
en raison de l'existence de l'URSS et des fortes luttes de classes »
(95) ont engendré la « société de
consommation » propice a un certain
« embourgeoisement » des couches
supérieures du mouvement ouvrier, au sein desquelles va se
constituer une bureaucratie ouvrière politique et syndicale.
Marchais est le représentant politique de cette couche
sociale, alors que Robert Hue est le représentant de l'élite
petite bourgeoise des élus à la tête du PCF.
La
crise de surproduction capitaliste est le facteur essentiel qui est à
l'origine de la différenciation et des oppositions en cours au
sein du mouvement ouvrier et qui se traduit en implosion progressive
du PCF. Aujourd'hui, la crise et ses effets dévastateurs
créent une ambiance délétère,
soporifique, désarmante et corruptrice au cours de la longue
période d'expansion économique et l'illusion petite
bourgeoise d’une « paix de classe »
qu'induit la « société de consommation ».
Au
cours de cette période, la lutte de classe a été
neutralisée et dévoyée par la montée en
puissance du révisionnisme au sein du PCF et du Mouvement
Communiste International ; elle trouve ses fondements objectifs,
à la fois dans la reconstruction d'après guerre, dans
la transformation des empires coloniaux en empires semi-coloniaux, et
au plan interne en France dans l'importation massive de main d'œuvre
immigrée taillable et corvéable à merci et
l'embauche massive d'un sous-prolétariat féminin
subissant la double oppression salariale et sexiste. Ces conditions
objectives d'alors sont à la base de la bureaucratisation et
de l'aristocratisation au sein du mouvement ouvrier.
La
nouvelle phase d'internationalisation du capital
Le
système capitaliste a connu trois phases d'évolution:
D'abord la phase du capitalisme ascendant, caractérisée
par la conquête du marché national dans les métropoles
et sa victoire sur le féodalisme. Puis, avec la fusion du
capital bancaire et industriel, la phase d'internationalisation
caractérisée par la conquête coloniale et la
guerre de partage inter-impérialiste des colonies au début
du 20ème siècle. Cette phase a été
marquée par la rupture révolutionnaire d'octobre 1917.
L'avènement du marché socialiste et son extension après
la seconde guerre mondiale aux pays de l'Est européen, à
l'Asie (Chine, Corée, Vietnam) et à l'Amérique
latine (Cuba) ont constitué un coup d'arrêt à ce
que Karl Marx décrivait en disant « par
l'exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un
caractère cosmopolite à la production et à la
consommation de tous les pays (...) par le rapide perfectionnement
des instruments de production et l'amélioration continue des
moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le
courant de la civilisation jusqu'aux nations les plus barbares »
(18).
La
défaite du socialisme, de l'URSS, a permis un retour en
arrière historique, à savoir la reprise du processus
d'internationalisation du capital, hier limitée par
l'existence même de l'URSS et le camp socialiste. La
« mondialisation », concept bourgeois et
petit-bourgeois, n'est en réalité que le retour
historique de la partie de l'Humanité qui s'était
libérée de l'exploitation du marché capitaliste.
En fait, il faudrait plutôt parler de « re-mondialisation »
du capitalisme. Les « évolutions nouvelles »
du capitalisme ne se situent donc pas au niveau de la tendance à
la « globalisation » capitaliste.
Les
caractéristiques fondamentales, de plus en plus accentuées
du capitalisme à son stade suprême l'impérialisme,
demeurent pour l'essentiel celles que Lénine a exposées.
Aussi le concept d’« impérialisme globalisé »
sème la confusion, et malgré des efforts remarqués,
échoue à se démarquer du kautskisme.
Il
y a manifestement surestimation des changements intervenus dans le
capitalisme après la seconde guerre mondiale. C'est ainsi que
la définition selon laquelle « l'impérialisme
globalisé, c'est l'extension des rapports de production
capitalistes à l'ensemble du globe » (20) élude
l'apport décisif du 6ème Congrès de
l'Internationale Communiste (IC), qui différencie nettement le
rôle progressif du capitalisme au centre, notamment dans sa
période ascendante, et le fait que l'impérialisme a
asservi des peuples entiers à la périphérie pour
les piller, les spolier, en alliance avec les classes exploiteuses
réactionnaires locales, féodales, médiévales,
esclavagistes et bourgeoises. L'oppression impérialiste à
la périphérie est au fond une entrave au développement
des forces productives.
L'impérialisme
divise ainsi le monde en pays, Etats, Nations oppresseurs et pays,
Etats, Nations opprimés: c'est cela « la
division internationale du travail » dont une des
formes nouvelles est la « généralisation »
des entreprises à faible composition organique du capital pour
exploiter, notamment, une main d'œuvre esclave. Cette réalité
objective n'est pas à confondre avec la contradiction
fondamentale de l'époque de l'impérialisme entre le
caractère de plus en plus social de la production et
l'appropriation privée capitaliste des richesses produites.
Certaines
thèses concilient avec le kautskisme : « Ces
monopoles encore à base nationale sur fond de mixité
internationale jouent un rôle économique décisif »
(8), « Actuellement les monopoles gardent une base
nationale, concourent à la domination et à l'influence
de leur Etat national » (24), « le
capitalisme garde donc encore (sic) une base nationale dans
une perspective de course aux profits à la fois nationale et
internationale » (24). Pourquoi « encore
une base nationale » et qu'est-ce que cette notion
de « course aux profits national et international »
? Même si demain l'Union Européenne, sous forme d'un
Etat fédéral ou autre devenait une réalité,
en quoi cela changerait-il le rapport de rivalité
inter-impérialiste, la tendance au monopole capitaliste, les
fusions, rachats, l'exportation des capitaux et la guerre
impérialiste ? Ainsi quand il est dit « ont
émergé dans la dernière décennie deux
blocs impérialistes concurrentiels: l'Union Européenne
sous direction germano-française et le Japon. La rivalité
entre ces Etats ou blocs impérialistes sera source de conflits
directs ou indirects pour un nouveau partage du monde, pour la
maîtrise des ressources énergétiques:
gaz-pétrole » (25), il faut dire clairement que
cette rivalité inter-impérialiste est déjà
d'actualité et qu'elle conduit tout droit, sur fond de crise
de l'impérialisme, à la guerre inter-impérialiste
dès que les conditions de l'équilibre géostratégique
et militaire seront réunies par les impérialistes
européens et nippons, concurrents de l'impérialisme
hégémonique américain. L'objectif de la
construction de l'Union Européenne est justement la création
d'un Etat concurrent tout aussi réactionnaire que l'Etat des
USA.
Le
point 32 liste les conséquences intérieures, mais non
les « objectifs » de cette créature en
cours du capital financier européen. Et les conséquences,
« casser les acquis politiques, sociaux nés des
luttes de classes et des résistances antifascistes, alors
qu'existaient aussi une URSS au sommet de son prestige, un camp
socialiste, un MCI sur des bases révolutionnaires. L'objectif
des monopoles est de ressusciter des formes archaïques de
domination de classe » (33), ne peuvent non plus être
qualifiées du concept marxiste-léniniste de
« régression de civilisation »
(13). Ceci est inévitable en période de crise du
système capitaliste.
C'est
donc dans la nature même de l'impérialisme de tirer le
profit maximum par l'asservissement accru du prolétariat et
des peuples, surtout en cette période de contre-révolution
mondiale.
Il
doit être ajouté que l'allusion au fait que « dans
ce combat, le prolétariat et ses alliés formeront une
nation nouvelle (sic), révolutionnaire, refusant de
reconnaitre les traités iniques de l'impérialisme
français » (36) prête à confusion.
Qu'est-ce donc que cette « nation nouvelle »
ainsi formulée au moment même où les
impérialistes construisent leur « nouvel Etat »
européen ?
La
Construction du
socialisme
Le
point 121 dit que « le stalinisme, c'est la
construction du socialisme pour la première fois, sur fond de
guerre civile continue, d'encerclement capitaliste, de danger du
fascisme, de guerres interventionnistes, dans un pays où la
Dictature du prolétariat s'exerçait avec une
avant-garde dépourvue d'expérience de gestion même
locale. Ces conditions d'une difficulté inouïe ont pesé
sur l'extension de la démocratie socialiste. Ce n'est pas
imputable à un homme ou à un parti mais aux conditions
et aux rapports de force de l'époque ». La
question est : Peut-on construire le socialisme autrement ? Le
socialisme peut-il vaincre sans encerclement capitaliste ? Peut-on
appréhender « la démocratie »
hors de la réalité de la lutte de classe ?
Nina
Andreéva précise à juste titre que
« l'exacerbation de la conscience de lutte de classe
jusqu'à la reconnaissance de la dictature du prolétariat
avait été considéré par Lénine
comme étant un des acquis fondamentaux de Marx et Engels.
Staline n'a fait que confirmer et maintenir cette position. (…)
Il ne s'agit pas d'une question de terminologie mais bien de contenu,
du contenu de ce concept. Tout Etat est une dictature, dictature de
l'une ou de l'autre classe. (...) La dictature du prolétariat
est assurée par la classe des travailleurs et par leurs
alliés. La dictature du prolétariat peut apparaître
dans des formes extrêmement diversifiées de pouvoir. Les
travailleurs souhaitent que cette méthode de mise en
application de leur pouvoir soit-elle même démocratique.
Cependant, comme l'histoire l'a montré, cette possibilité
ne dépend pas toujours des travailleurs eux-mêmes. (...)
La révolution doit être en mesure de se défendre
de façon à pouvoir subsister (...). Cependant, il ne
faut pas opposer dictature et démocratie en tant que contenu
du pouvoir. Dictature et démocratie ne peuvent être
opposées que du point de vue de la forme, des moyens, du mode
de mise en application du pouvoir par l'une ou l'autre classe. C'est
cela, la substance de l'opposition qui est faite entre dictature et
démocratie » (Conférence tenue le 2 mai
1992 à Bruxelles, publiée dans Solidaire n°23
du 27 mai 1992). Ce n'est donc ni une question « d'époque »
ou de « conditions particulières,
exceptionnelles ».
Si
l'encerclement capitaliste avec toutes ses conséquences sont
inévitables, alors le « stalinisme » est
la seule politique conséquente possible du prolétariat
victorieux dans un seul pays ou groupe de pays. Le « stalinisme »
-en fait le bolchevisme- est donc inévitable pour « tout
prolétariat national qui en finit d'abord avec sa propre
bourgeoisie » selon la juste formule de Marx et Engels
dans le Manifeste du Parti Communiste. C'est pourquoi tout en
reconnaissant l'avancée, dans le contexte actuel de défaite
du Mouvement Communiste International, que constitue le fait que le
« PC de Grèce, divers partis communistes de
Russie, ont réévalué hautement (?) l'œuvre
de Statine et du PC(b)US de 1924 â 1953 » (
121), nous devons continuer à nous démarquer des
séquelles révisionnistes qui persistent dans le bilan
de ces organisations révolutionnaires pour envisager un jour
l'unité.
La
conclusion des thèses
« D'autres
structures oppositionnelles sont apparues mais qui critiquent le
réformisme sans cibler les origines du réformisme: le
révisionnisme (...) L'étape de la reconstruction d'un
nouveau parti s'est ouverte voici 18 mois (...). Seule structure
marxiste-léniniste, la Coordination Communiste ne prétend
pas incarner à elle seule le mouvement communiste aujourd'hui
divisé en deux ailes, mais aspire à devenir son
avant-garde idéologique: - l'opportunisme qui
continue à prôner la lutte interne et sert de plus en
plus de caution de gauche au social-réformisme du PCF - l'aile
révolutionnaire partisane de la reconstruction - (..) sur le
plan théorique, nous entrons dans l'étape de rupture
avec le passé révisionniste. »
L'offensive
du capital contre les acquis sociaux et démocratiques conquis
de haute lutte par les générations précédentes
de communistes, offensive déterminée par la crise de
surproduction du système capitaliste, la défaite du
socialisme, de l'URSS, du Mouvement Ouvrier Communiste International
et la collaboration de classe du PCF, créent les conditions
d'une radicalisation relative de secteurs du mouvement ouvrier de
plus en plus nombreux, d'un processus de démarcation au sein
même du PCF et d'un certain désengagement des électeurs
et sympathisants du PCF.
Les
thèses ne sont pas une fin en soi et ne règlent pas
mécaniquement la question de l'unité idéologique
dans et hors de la Coordination Communiste. La question de
« l'avant-garde idéologique » exige non
seulement une formation idéologique et politique des
militants, mais aussi des tactiques appropriées des
reconstructeurs marxistes-léninistes pour rassembler les
forces qui entrent en
opposition
dans et hors du PCF. Rappelons que le Conseil National de la
Coordination Communiste a décidé de travailler à
aller vers l'unité avec le groupe « Communistes »
de Rolande Perlican.
Pour
qu'émerge une véritable avant-garde unie
idéologiquement, il faut nous inscrire dans une perspective de
lutte acharnée pour la bolchévisation de la résistance
anti-mutation. En ce sens les thèses sont d'une grande
utilité. Nous devons donc nous inspirer des Bolchéviks
et de Lénine, qui ont mené une lutte politique et
idéologique intransigeante contre de menchevisme pour que
soient « juges les nombreux praticiens révolutionnaires
dévoués à la cause » (Lénine,
tome 7 p16).
S'inspirer
ne signifie pas imiter. Mais ce serait faire le jeu du capital, des
opportunistes, des conciliateurs révisionnistes que de
s'isoler des éléments ou groupes, qui entrent en
opposition dans et hors du PCF au fur et à mesure de la
liquidation et de la faillite du PCF mutant.
En
effet l'opposition à la mutation découle des effets
dévastateurs de la collaboration de classe au gouvernement du
PCF, devenu le parti de l'Europe impérialiste en construction,
de la guerre impérialiste, de la misère et de la
précarité sociale et du chômage. Cette opposition
est un rejet de la résistance et non de l'offensive du monde
du travail contre le capital.
Il
faut le dire tout net, ce serait une erreur que d'imaginer une
offensive de l'état-major non encore constitué
complètement et coupé de son armée. Dans la
phase de reconstruction actuelle, nous devons nous saisir d’une
boussole : la conception dialectique du mouvement lié au
but que Karl Marx expose de la façon suivante : « dans
les grands développements historiques, vingt années ne
sont pas plus qu'un jour, bien que, par la suite puissent venir des
journées qui concentrent en elles vingt années »
(cité dans Textes sur les syndicats, éd. du
Progrès, p 270). Et Lénine de nous expliquer qu'« à
chaque étape de l'évolution, à chaque moment, la
tactique du prolétariat doit tenir compte de cette dialectique
objective de l'histoire de l'Humanité: d'une part, en mettant
à profit les époques de stagnation politique
c'est-à-dire de développement dit « paisible »,
avançant à pas de tortue pour accroître la
conscience, la force et la combativité de la classe
d'avant-garde; d'autre part en orientant tout ce travail vers le
« but final » de cette classe et en la rendant
capable de remplir pratiquement de grandes tâches dans les
journées qui concentrent en elles vingt armées »
(idem).
En
outre, il est impératif que les militants, individuellement et
collectivement, soient liés et impliqués dans les
luttes sociales, populaires et démocratiques. L'électoralisme
a été un véritable anesthésiant du
militantisme révolutionnaire au sein du PCF révisionniste
et réformiste obnubilé par l'électorat. Devenu
le parti des élus, la préoccupation principale de la
direction du PCF a été de capter les voix des
électeurs. Le problème qui a surgi avec la Savoie dans
la Coordination en est une illustration. C'est donc là une
question décisive à résoudre, car le modèle
du militant que la Coordination Communiste doit forger n’est
pas le « secrétaire de Trade Union », le
syndicaliste qui « aide constamment les ouvriers à
mener la lutte économique, organise des révélations
sur la vie de l'usine, explique l'injustice des lois… »
, mais plutôt « le tribun populaire sachant
réagir contre toute manifestation d'arbitraire et
d'oppression, où qu'elle se produise, quelle que soit la
classe ou la couche sociale qui ait à en souffrir, sachant
généraliser tous ces faits pour en composer un tableau
d'ensemble de la violence policière et de l'exploitation
capitaliste, sachant profiter de la moindre occasion pour exposer
devant tous les convictions socialistes et des revendications
démocratiques, pour expliquer à tous et à chacun
la portée historique et mondiale de la lutte émancipatrice
du prolétariat » (Que Faire? p.100).
Ainsi
les thèses ne peuvent être qu'un outil de débat
pour former et forger les cadres militants dans la lutte pour la
reconstruction du Parti Communiste révolutionnaire. En
d'autres termes, les thèses amendées et améliorées
substantiellement seront d'une utilité certaine pour aller de
l'avant dans la formation des cadres. Comme l'expérience de
l'URSS l'enseigne, la question est : « Ou bien
commencer par enseigner aux gens, dans les écoles, les
éléments de la technique et ajourner pour dix ans la
production et l'emploi massif des machines en attendant que se
forment dans les écoles des cadres techniques instruits, ou
bien procéder immédiatement à construire des
machines et développer leur emploi massif dans l'économie
nationale, pour, dans le processus même de la production et de
l'emploi des machines, enseigner aux gens la technique, former des
cadres. Nous avons choisi la seconde voie » (Staline,
L'homme, le capital le plus précieux, édition du
centenaire, 1974, p.15-16). C'est à cette tâche que nous
devons nous atteler pour nous permettre d'ancrer dans la vie la
devise de Lénine introduisant le projet de thèses:
« Sans théorie révolutionnaire, pas de
reconstruction du parti révolutionnaire ».
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