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Retourner à la liste Imprimer 2007_02_20_mgb.pdf Février 2007
Parmi les différentes candidatures de la gauche antilibérale à la présidentielle, pourquoi nous choisissons M-G Buffet

Déclaration de la Coordination Communiste

Parmi les différentes candidatures de la gauche antilibérale à la présidentielle,

Cela a été dit et répété depuis plusieurs semaines : il n’y a finalement pas de candidat unique de la gauche anti-libérale, de candidat unique de ce « camp du NON »  qui a émergé à l’occasion de la victoire populaire du 29 mai 2005 et qui tente de s’organiser depuis.

Nous sommes ainsi passés à côté d’une occasion de s’unir pour, au premier tour, battre  le social-libéralisme incarné par Ségolène Royal, puis être majoritaire au 2ème tour.

Pourquoi l’échec d’une candidature unique? 

Pour l’essentiel, la responsabilité de l’échec incombe :

-1-     A la gauche noniste du PS (incarnée par un Mélenchon), qui a vite rallié la maison-mère au lieu d’essayer de construire dans l’unité une alliance capable d’isoler les oui-ouistes sociaux-libéraux ;

-2-     Aux trotskystes – LO d’Arlette Laguiller d’abord, puis la LCR de Besancenot – qui ont tôt fait de partir seuls au combat, chacun voulant affirmer l’identité de sa chapelle. Alors que LO, fidèle à son sectarisme traditionnel, a boudé d’emblée les perspectives unitaires, la LCR a longtemps prétendu vouloir « l’unité » de la gauche anti-libérale, mais s’est retirée du processus dès septembre 2006.

-3-     A toutes les « personnalités » anti-PCF à la tête du Collectif d’Initiatives Unitaires National  (les Debons, Salesse, Autain, et même Braouezec…) et autres groupuscules (AlterEkolo, Mars, Gauche Républicaine, Alternatifs, « Objecteurs de croissance »…) qui sous prétexte de « double consensus » n’ont jamais voulu reconnaître que Marie-George Buffet avait été la candidate désignée majoritairement par les collectifs unitaires locaux (à 60%) et ont continué à manœuvrer laissant éclater leurs préoccupations principales de recomposition politique vers un nouveau PSU.

Le PCF – comme nous l’avons écrit dans une précédente déclaration – a certes également sa part de responsabilité : en effet il faut savoir parfois être unitaire pour deux ; le PCF, force militante principale de cette alliance antilibérale, pouvait accepter que son candidat ne soit pas le candidat unitaire choisi pour la présidentielle, et en échange voir sa place de première force reconnue dans la perspective des législatives. Mais il faut reconnaître que l’hostilité évidente contre le PCF émanant de nombre des soi-disant alliés – reprenant y compris les poncifs anticommunistes les plus éculés - a conduit celui-ci à se braquer et à lancer la candidature de Marie-George Buffet. Nombre des « arguments » utilisés contre le PCF étaient vraiment scandaleux, comme celui consistant à dire que le PCF  créait des « collectifs bidons » ou investissait en masse les collectifs : toute la gauche anti-libérale aurait dû se réjouir au contraire de cet investissement militant du PCF dans le processus unitaire et il faudrait plutôt le critiquer pour le nombre trop faible de ses militants engagés dans ce processus.

Dans le même temps, José Bové – en qui nous, Coordination Communiste, avions vu à l’automne la personnalité capable justement d’être le trait d’union entre toutes les forces diverses de cette alliance anti-libérale – lui se retirait du combat, en reprenant d’ailleurs le soi-disant argument sur les « collectifs bidons ». Ce faisant, en fuyant le processus démocratique de désignation, il se plaçait en sauveur providentiel, prêt à être « rappelé ».

A propos du retour de José Bové

Marie-George Buffet, faisant le constat du blocage de principe contre sa candidature alors qu’elle avait obtenu majoritairement l’aval des collectifs unitaires, décida fin décembre – après avoir organisé une consultation au sein de son parti – de partir à la bataille. La nouvelle candidature Bové apparue début janvier (propulsée par une pétition électronique) se situait dès lors dans ce nouveau contexte et elle rallia à elle tous les anti-Buffet, tous les anti-PCF, dans une vaste coalition hétéroclite.

On assista alors à une redistribution des cartes : un Raoul-Marc Jennar, qui en septembre avait lancé la candidature Salesse, se ralliait ainsi à Bové ; le philosophe Michel Onfray, qui quelques jours plus tôt avait tellement de convictions « anti-libérales » qu’il se disait prêt à voter pour Ségolène Royal au premier tour, se ralliait à Bové. Clémentine Autain elle-même s’est dit prête à donner sa signature à Bové, et Salesse est devenu l’un de ses porte-parole. Et dire que tous ces gens-là avaient tous proclamé, la main sur le cœur, que peu leur importait le nom du candidat unique anti-libéral sur le bulletin de vote ! Certes Marie-George Buffet ne pouvait se prétendre – et elle ne se prétend d’ailleurs pas – « candidat unique » mais fallait–il pour autant ajouter de la division à la division ? Bové lui-même, qui déclarait quelques semaines plus tôt que jamais il ne serait candidat « contre Olivier et Marie-George », se trouve aujourd’hui de fait candidat à la fois contre Olivier Besancenot et contre Marie-George Buffet.

En finir avec le PCF ?

Derrière la candidature Bové, il y a sûrement des camarades simplement convaincus que Bové est le meilleur candidat. Mais il y a aussi et surtout beaucoup de gens qui veulent régler des comptes avec le PCF :

Les « refondateurs » du PCF d’abord (Braouezec en tête), qui ont toujours été à la pointe de la mutation réformiste du PCF quand – sous prétexte d’« anti-stalinisme » - il s’agissait d’éradiquer les traditions ouvrières de lutte de classe du PC. Et tous  ceux, d’origine trotskiste voire encore membres de la LCR (de sa « minorité »), ou écologistes, qui ont comme vieux rêve de créer un parti qui se substituerait au PCF comme force principale à « gauche » du PS : que ce soient les Salesse, Jennar, Debons, Onfray ou Mélenchon et son mouvement PRS dont le modèle est le Linkspartei allemand, ou que ce soient les forces « rouges-vertes » autour des Alternatifs ou des AlterEkolo, tous sont à la manœuvre, non sans divergences entre eux, comme sur le rythme de la mise en place de leur « parti de la gauche anti-libérale », un parti dans les faits « réformiste de gauche ». Il est certain que la candidature Bové est pour eux un accélérateur - qu’il aille jusqu’au bout ou pas- ce qui explique pourquoi même les plus réticents comme l’ex-syndicaliste dirigeant de la fédération des transports CFDT (passé à la CGT) Claude Debons, qui jouait un rôle de coordinateur du Collectif National Unitaire, s’est rallié objectivement à cette candidature, qu’il voit comme une étape dans un processus de « construction politique à long terme », lequel processus passera par l’organisation d’Assises à l’automne.

Ne pas faire le jeu du capital

Or l’effacement du PCF correspond aux projets du capital. La bourgeoisie, pour en finir avec son adversaire historique, a cherché d’abord à l’affaiblir idéologiquement (c’est pour l’essentiel gagné avec le révisionnisme qui a détruit les fondements marxistes-léninistes du PCF), puis à l’affaiblir sur le plan organisationnel et sur le plan électoral (réalisé surtout avec Robert Hue), avant de travailler à sa substitution définitive par une autre force « alter » (trotskiste ou écolo-trotskiste, bref « socialiste de gauche »), car tant que le PCF existe encore en tant que tel – tout parti révisionniste et réformiste qu’il est devenu – il continue à représenter un obstacle potentiel pour le capital : la tradition et la culture ouvrière et communiste qui le marque et qui peut continuer à inspirer les jeunes générations, ses liens – affaiblis mais toujours existants - avec le monde du travail, sont objectivement un facteur de résistance contre le capitalisme. Il faut effacer cela et la candidature Bové – qui concurrence directement Buffet à gauche du PS – participe objectivement de cet effacement.

S’unir et non pas se diviser

Derrière la candidature Bové dans une situation de concurrence contre MGB, il s’agit de substituer à la culture et la tradition ouvrière de lutte de classe, la culture récente altermondialiste-écologiste des classes moyennes radicalisées par les effets socialement dévastateurs du capitalisme en crise. C’est la base sociale d’un mouvement comme ATTAC. C’est la base sociale de José Bové aujourd’hui (une analyse sociologique des 40 000 signataires de la pétition Bové le fait apparaître clairement). Or la lutte contre le capital nécessite d’unir ces deux cultures. Le mouvement des collectifs anti-libéraux permettait d’unir cette culture nouvelle « alter » à la culture plus ancienne ouvrière et communiste : cette alliance est temporairement brisée par l’existence séparée des candidatures Buffet et Bové. C’est pourquoi il faut faire l’effort de maintenir les Collectifs anti-libéraux pour que cette expérience positive d’alliance populaire de classe contre le capital, même mise à mal par la multiplicité des candidatures anti-libérales, ne soit pas définitivement brisée.

Le sens de notre soutien à M-G Buffet

La Coordination Communiste se bat pour le réarmement idéologique et politique du mouvement communiste de ce pays, qui a trop oublié ses fondamentaux et cédé aux sirènes de l’adversaire de classe. C’est dire que nous avons apporté de nombreuses critiques au PCF – dès l’époque où les fondateurs de notre mouvement, encore membres du PCF, dénonçaient ses abandons idéologiques et son comportement opportuniste/suiviste vis à vis du PS – et que nous continuons et continuerons nos critiques, chaque fois que nous le jugerons utile. Sur le contenu même du programme de Marie-George Buffet, nous aurions des remarques à formuler, comme par exemple sa timidité sur la nécessaire revendication populaire en faveur de la nationalisation des entreprises qui ferment ou délocalisent.

Mais nous savons nous réunir sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est bien :

- que la gauche populaire et antilibérale, même si elle ne présente pas un candidat unique, soit présente activement dans cette campagne, pour permettre aux travailleurs d’avoir une alternative électorale à gauche du PS social-libéral incarné par Ségolène Royal ; la candidature Marie-George Buffet est celle de la principale force politique se plaçant dans la dynamique anti-libérale (et anti-« sociale-libérale ») née depuis la bataille du référendum.

- que le PCF, attaqué de toutes parts, fasse le meilleur score possible, car il en va de la nécessaire défense du mouvement ouvrier organisé de tradition et de culture communiste. Tous ceux qui se veulent révolutionnaires et font le calcul selon lequel plus le PCF sera affaibli, plus il sera facile de reconstruire un « PC authentique » se trompent lourdement : sans alternative immédiate de reconstruction communiste, quand le PCF baisse, s’affaiblit, c’est la bourgeoisie qui marque des points.

Fait à Lille le 20 février 2007


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